Contraception : la pilule du lendemain se passe d'ordonnance
Publié le 17 avr. 2015
C'est un obstacle en moins dans cette course contre la montre. Un préservatif qui craque ou une pilule oubliée et c'est vite la panique après un rapport sexuel lorsqu'une grossesse n'est pas au programme. Pour l'éviter, les femmes se tournent essentiellement vers la contraception d'urgence orale, plus connue -- à tort -- sous le nom de pilule du lendemain.
Et, dans ce domaine, les choses bougent. Après le lévonorgestrel (commercialisé sous les noms de Norlevo ou de son générique Lévonorgestrel Biogaran) délivré sans ordonnance, une seconde pilule de contraception d'urgence, à base d'ulipristal acétate (l'ellaOne), est désormais librement accessible en pharmacie.
Depuis son arrivée sur le marché, il y a cinq ans, il fallait forcément passer par la case médecin pour se la voir prescrire. La délivrance de l'ellaOne sans ordonnance est annoncée aujourd'hui par le laboratoire qui la commercialise, HRA Pharma, qui répond ainsi favorablement à une décision de la Commission européenne datant du début de l'année, autorisant l'accès direct de l'ulipristal acétate dans les officines. C'est donc toute la contraception d'urgence orale qui devient accessible sans ordonnance.
Le laboratoire indique également une baisse de son prix et le fait passer de 23,59 € à 19,70 €. Elle reste prise en charge à 65 % si elle est prescrite par un médecin (sauf pour les mineures, elle est alors gratuite). Mais elle n'est pas remboursée si on se la procure sans ordonnance.
L'ellaOne est jugée plus efficace. « Les deux contraceptions d'urgence orales fonctionnent de la même façon, précise le docteur Christian Jamin, gynécologue-endocrinologue. Elles empêchent le follicule d'arriver jusqu'à l'ovulation pendant une période de cinq jours, durée de vie des spermatozoïdes. Cependant, la première contraception d'urgence ( NDLR : lévonorgestrel ) peut agir sur un follicule ayant une taille de 14 mm, mais pas au-delà, alors que la dernière contraception d'urgence orale ( NDLR : l'ulipristal acétate ) agit sur le follicule jusqu'à ce qu'il mesure 18 mm, donc au plus proche de l'ovulation, ce qui est la période de fécondabilité maximale. Ainsi, lorsque la contraception d'urgence est prise de façon optimale dans les vingt-quatre heures, la prise du lévonorgestrel divise le risque de grossesse par deux et l'ulipristal acétate divise ce risque par six. »
Les femmes auront donc à disposition ce produit plus librement, d'autant que, en France, une grossesse sur trois n'est pas désirée. Une situation qui touche toutes les femmes en âge de procréer, avec, toutefois, un pic chez les 20-24 ans. « Que l'ellaOne soit disponible sans ordonnance est une très bonne nouvelle et peut avoir une incidence sur ce chiffre, même s'il a déjà bien baissé. A la fin des années 1970, par exemple, la part des grossesses non désirées était de 50 % », illustre la docteur Sabine Guffroy, gynécologue-sexologue, qui exerce notamment dans un centre de planification à Lille (Nord). « Les femmes qui se retrouvent dans cette situation sont toujours dans un énorme désarroi, avec une décision, quelle qu'elle soit, toujours difficile à prendre. Il faut donc arrêter de croire que prendre une contraception d'urgence est signe d'irresponsabilité. C'est même tout le contraire. »
LeParisien.fr
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