Connaissez-vous la doll therapy ?
Publié le 21 août 2018
On dit des personnes âgées qu’elles retombent en enfance, mais est-ce le cas ? Dans certains établissements français accueillants des personnes atteintes de maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer, on propose aux malades de prendre une poupée dans leurs bras.
Si cet objet thérapeutique fait ses preuves depuis plusieurs années, il est parfois difficile pour l’entourage de voir un proche âgé parlant à une poupée. Il faut pourtant comprendre que l’objectif de la « doll therapy » n’est pas d’infantiliser mais bien de soulager les patients.
La poupée, un objet thérapeutique pour les seniors
Traditionnellement, les poupées sont les jouets des petites filles. Qu'elles soient de chiffon, en celluloïd ou en cire, elles sont depuis des siècles, les confidentes des demoiselles qui passent de longues heures à jouer avec elles et à inventer des histoires. Pourtant, les enfants ne sont pas les seuls à apprécier les poupées : les seniors aiment aussi leur compagnie. D'ailleurs, elles apportent à certaines personnes âgées de nombreux bénéfices.
Aux États-Unis, on appelle tout simplement cela la « doll therapy ». Il s’agit d’une thérapie non médicamenteuse qui permet, au même titre que la musique, le jardinage ou la peinture (entre autres) de soigner les patients atteints de maladies neurodégénératives comme Alzheimer. Présentées sous forme de poupées de chiffons avec des traits doux et un poids équivalent à celui d’un nourrisson, ces objets thérapeutiques sont déjà utilisés depuis plusieurs années auprès des personnes âgées dans certaines maisons de retraite, en Italie et aux États-Unis notamment .
Parfois, elles sont remplacées par des ours en peluche qui ont le même aspect sympathique et rassurant. La société japonaise Fujitsu a d’ailleurs conçu en 2010, un robot ayant l’aspect d’un ours en peluche et destiné aussi bien aux enfants qu’aux personnes âgées. Il est capable d’effectuer 320 actions différentes comme rire, applaudir, faire la sieste ou encore se blottir contre quelqu’un. Ainsi, les fabricants et le grand public commencent à se sensibiliser à l'utilité de ce type d'objet.
Un objet transitionnel rassurant et stimulant
L’usage des poupées dans le cadre de la doll therapy est multiple. C’est tout d’abord un objet transitionnel. Très souvent utilisé par les enfants, il est doux au toucher et permet de lutter contre les angoisses de type dépressif. C’est pourquoi, il convient aussi pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer dont les fonctions cognitives sont détériorées et qui ont besoin d’être apaisées.
La poupée est aussi un objet qui laisse aux malades la possibilité de s’en occuper comme s’il s’agissait d’une vraie personne. Elle permet également de ressentir de l’empathie et de développer un instinct de protection jusqu’alors oubliés. Elle représente pour le personnel médical un vrai support de communication.
Il s’agit donc d’un objet thérapeutique qui aide les soignants à soulager leurs patients, en particulier lorsqu’ils sont pris d’une crise d’angoisse ou de stress. Elle n’est pas proposée toute la journée aux malades mais est réservée aux moments où la nécessité se fait vraiment ressentir (la toilette par exemple).
Que fait-on avec une poupée thérapeutique ?
Bien sûr, il n’est pas question d’infantiliser les personnes âgées en leur mettant une poupée dans les bras. L’objectif des soignants est avant tout de les stimuler. Souvent seul à ne rien faire, les yeux dans le vague assis sur un fauteuil, il n’est pas rare, lorsqu’un senior malade a une poupée dans les bras, qu’il se mette à la câliner, la coiffer, lui parler, la bercer...
Bref, ce sont des activités toutes simples et qui relèvent du quotidien qui sont proposées. Parfois ce sont de vieilles berceuses qui sont fredonnées et tout à coup c’est le passé qui refait surface. La mémoire qui fait défaut aux patients atteints de la maladie d’Alzeihmer est alors stimulée.
Pour l’entourage, cela peut être très déstabilisant de voir sa grand-mère s'occuper d'une poupée. Il faut pourtant admettre que cette activité rentre dans le cadre d’une thérapie et qu’elle vient en complément d’autres méthodes douces ainsi que des traitements médicamenteux. Elles sont par ailleurs sources de réconfort et permettent de le rassurer, alors pourquoi l’en priver ?
Qu'en pensez-vous ?
Avez-vous expérimenté cette pratique vous-mêmes ou avec vos proches atteints par la maladie d'Alzheimer ?
Passeport Santé
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