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Quand les femmes ont peur de leur gynécologue
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est-ce seulement les gynécos maladroits, ou simplement des médecins de différentes disciplines ? Malheureusement, j'en ai rencontré plus d'un !! (échographe, gynécos, médecin de maison de retraite, généraliste, anesthésiste).
Peu de plainte sont portées ! mais à quoi bon, les médecins sont persuadés de détenir LA vérité. Est-ce une raison pour ne pas écouter le patient ?
être humain ne devrait pas être leur première qualité en tant que médecin ? ou est-ce plus important de guérir ? mais sans écoute et sans humanité, pas facile ......
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Julien
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Julien
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J'ai rendez-vous chez le gynéco. Dois-je avoir peur? Cette question de patiente trouvée sur Twitter peut faire sourire. Pourtant, ce n'est pas l'objectif. En interrogeant ses acolytes, cette femme est très sérieuse. Elle a lu, comme des centaines d'autres, l'avalanche de tweets groupés sous la bannière #payetonuterus.
Depuis novembre 2014, date du lancement de ce hashtag, des jeunes filles, des mères, des célibataires y relatent des événements malheureux, douloureux, offensants voire traumatisants qui se sont déroulés lors de consultations ou d'examens gynécologiques. Les femmes évoquent des remarques maladroites, des jugements déplacés, de la brutalité, un mépris de la douleur, une intimité bafouée, voire l'absence de consentement pour certains actes médicaux. Là-dessus, les Françaises apprennent en février dernier que des touchers vaginaux ont eu lieu sur des patientes endormies au sein d'un hôpital lyonnais pour entraîner les futurs médecins. Le corps médical manquerait-il à ce point de considération pour le droit et le respect des patientes? Pour leur intimité?
Il suffit de faire un petit sondage autour de soi pour réaliser combien de femmes ont connu une expérience malheureuse en gynécologie. «Lors d'un examen, le médecin était brutal et m'a injecté un produit dans l'utérus dont la douleur m'a fait sursauter. Il m'a alors crié dessus en exigeant que je reste immobile. Je me suis mise à pleurer», raconte l'une d'elles. Pour une autre, «toute consultation est une épreuve, car elle force à chaque fois la pudeur». Pour une troisième, «quand j'étais jeune fille, je choisissais des gynécologues femmes, car je ne voulais pas voir d'hommes, mais elles étaient brutales au moment de mettre le spéculum ou de faire un frottis». Néanmoins, ces témoignages sont ponctués d'autres souvenirs positifs, comme: «La gynécologue qui me suis maintenant depuis vingt ans est humaine et compétente et j'ai rencontré des équipes extraordinaires» ou encore «quand je suis passée chez un gynécologue homme, plus de problème».
La réalité est donc probablement beaucoup plus contrastée que ne le laissent entendre les retombées sur les réseaux sociaux ou des reportages sur cette forme de maltraitance. «Je suis allée sur Internet voir “maltraitance gynécologique” et j'ai été profondément choquée, se désespère le Dr Joëlle Belaisch-Allart, responsable du centre de procréation médicalement assistée de l'hôpital de Sèvres (92). J'ai beau savoir que les patientes heureuses ne s'expriment jamais, il existe à l'heure actuelle un climat antimédecin difficile à supporter. Oui, il se peut que certains de mes collègues aient eu des mots inadaptés ou d'un autre temps, mais nous ne sommes pas tous coupables. Et les femmes heureuses de leur gynécologue, homme ou femme, existent et j'en rencontre tous les jours.»
Et en effet, le gynécologue n'est peut-être pas plus maltraitant qu'un autre médecin, sauf qu'il ne s'adresse pas au même organe. «La question est de savoir si le bon soin c'est de banaliser la sphère gynécologique et de considérer que l'organe sexuel féminin est un organe comme un autre ou s'il faut, comme je le crois, prendre en compte sa particularité, sa sphère intime, et justifier d'un tact d'autant plus important. Peut-être que cette spécificité n'est pas totalement apprise ou comprise ou se perd au cours du temps », interpellait récemment Clara de Bort, chef du pôle réserve sanitaire Eprus, au micro de France Culture. Un avis partagé par Marina Valente, psychologue au service de gynécologie obstétrique du CHU de Clamart (92). «Les femmes attendent énormément de leur gynécologue et, à certaines périodes de leur vie, leurs émotions sont exacerbées, témoigne cette dernière. Du coup, des paroles peuvent laisser des traces très fortes. J'ai l'exemple d'une patiente opérée tardivement pour une ablation de l'utérus. Quand nous avons cherché à comprendre pourquoi elle avait attendu, elle nous a rapporté une phrase du médecin dite deux ans plus tôt pour justifier l'intervention: “Vous avez 50 ans, vous n'aurez plus d'enfant, vous n'avez plus besoin de cet utérus”.» Alors certes, l'utérus est destiné à accueillir un enfant, mais il renvoie à bien d'autres dimensions, telles que l'image de soi, la féminité ou encore au désir inspiré par le conjoint. «Cette phrase aurait probablement résonné différemment chez une autre femme et certaines remarques sont parfois mal interprétées, mais il arrive, indépendamment du contexte, que des médecins soient très maladroits, aillent trop vite, et n'accordent que peu de place à la psychologie», poursuit Marina Valente.
La question préoccupe en tout cas le Pr Bernard Hedon, président du Collège national des gynécologues et obstétriciens, le CNGOF. «Je déplore les souffrances évoquées par certaines femmes ou les phrases qui ont blessé et je m'en excuse en tant que responsable de la profession. Par ailleurs, l'absence de consentement est inadmissible. Ces problèmes de maltraitance sont minoritaires, mais nous devons en tenir compte, prendre du recul et y réfléchir», affirme Bernard Hedon. Cette question fera d'ailleurs l'objet d'un sujet lors du prochain congrès de la profession. Les problèmes tiennent, dans la plupart des cas, à des personnalités de médecins pas suffisamment respectueux, trop pressés, maladroits, mais aussi de femmes qui peuvent avoir une sensibilité exacerbée. «Nous voyons quinze patientes par jour, souvent plus, il faut être excellent tout le temps, mais aussi faire passer des messages de santé publique. Parfois, quand je vois des femmes qui fument avec les conséquences que l'on connaît sur la fécondité, je veux tellement me faire persuasif de les faire arrêter qu'elles se disent probablement “mais de quoi se mêle-t-il?” J'ai moi-même eu quelques “loupés” au cours de ma carrière et je me souviens de certains», reconnaît-il.
Le Conseil national de l'ordre n'a en tout cas jamais signalé de dérive particulière auprès du Collège des gynécologues obstétriciens et les membres de ce dernier reçoivent à peine un courrier de plainte par an. Néanmoins, la vague de messages publiés sur les réseaux sociaux interpelle la profession et devrait contribuer à améliorer la qualité des échanges entre les gynécologues et leurs patientes.
Le Figaro santé