«
»

Top

Trouble de la personnalité borderline : “Rappelons-nous que les émotions sont temporaires et inoffensives.”

Publié le 21 août 2024 • Par Candice Salomé

Fiona, connue sous le nom de @borderattitude sur Instagram, est une jeune femme de 29 ans, atteinte du trouble de la personnalité borderline (TBP). A 20 ans, on la diagnostique d’un trouble anxieux généralisé puis, à 23 ans, elle découvre qu’elle est haut potentiel intellectuel (HPI) et hypersensible. Malgré ces diagnostics, qui lui permettent de mieux se comprendre, elle sait que ce n’est pas tout. Et c’est à 28 qu’elle comprend mieux son parcours de vie, lorsqu’elle reçoit finalement le diagnostic du trouble de la personnalité borderline. 

Désormais, consciente qu’il est possible de travailler sur elle-même et son développement personnel afin de gagner en qualité de vie, elle a opté pour une prise en charge holistique, sans médicament, faite de méditation, de lectures, de cohérence cardiaque, et de thérapies psychocorporelles.

Découvrez vite son histoire !

Trouble de la personnalité borderline : “Rappelons-nous que les émotions sont temporaires et inoffensives.”

Bonjour Fiona, vous avez accepté de témoigner pour Carenity et nous vous en remercions. 

Tout d’abord, pourriez-vous nous en dire plus sur vous ? 

Hello, je m'appelle Fiona Jestin (mais je préfère qu’on m’appelle Fio !) et j'ai 29 ans. Je suis la créatrice du site BorderAttitude ainsi que du compte Instagram @borderattitude, où je partage mon expérience et des conseils pour mieux gérer le trouble de la personnalité borderline (TPB)

Je suis passionnée par tellement de choses que j’ai appris à lâcher prise sur l’idée de tout finir ! J’adore bouger, faire du sport, me promener en nature, et surprendre mes proches avec de petites attentions. Lire est aussi une de mes passions, surtout des livres sur la psychologie et la neurophysiologie. Je suis une grande curieuse, toujours en quête de m’améliorer, et j’apprends à aimer mon intensité, telle qu’elle est. 

Professionnellement, je travaille depuis peu dans une entreprise qui propose des formations de qualité pour le développement professionnel. Je suis un vrai couteau suisse : marketing digital, création de contenu pédagogique, et bien d’autres choses encore ! 

Je consacre aussi du temps à BorderAttitude pour sensibiliser le public et je fais du bénévolat à la Maison Perchée, une association qui aide les personnes avec des troubles psychiques comme le trouble bipolaire, la schizophrénie et le TPB. J'y coanime notamment des groupes de parole. 

Côté familial, je suis entourée de proches bienveillants qui m'ont soutenue tout au long de mon parcours. Leur soutien a été fondamental, surtout dans les moments difficiles. Ils ont appris à mieux comprendre le TPB et à m'accompagner dans ma démarche de stabilisation émotionnelle. Je suis actuellement célibataire et j’apprends à m’aimer et à ne plus dépendre de quelqu’un (bonjour la dépendance affective !). 

editor_meta_bo_img_0efdd74cb9dcc7442a268e4cdf6bf54e.jpeg


Comment se manifeste le trouble de la personnalité borderline dans votre quotidien ? Quels sont les symptômes ? Et quel impact a-t-elle dans votre vie ? 

Le trouble de la personnalité borderline (TPB) se manifeste par une instabilité émotionnelle intense qui affecte de nombreux aspects de ma vie quotidienne. 

Les symptômes principaux incluent une peur intense de l'abandon, une alternance entre l'idéalisation et la dévalorisation des autres, une image de soi instable, une grande impulsivité, des comportements suicidaires ou d'automutilation, des changements d'humeur rapides, une colère incontrôlable, un sentiment chronique de vide, et des symptômes dissociatifs ou des pensées paranoïaques. 

Ces symptômes ont un impact majeur sur ma vie. Heureusement, j’ai appris à mieux les gérer, mais il en reste encore quelques-uns bien tenaces : 

  • Une peur de l'abandon qui rend mes relations interpersonnelles très compliquées. Je peux passer de l’admiration totale pour quelqu’un à la déception complète en un rien de temps, ce qui n’aide pas à construire des relations stables. 
  • Mon image de moi-même est souvent instable, oscillant entre des périodes où je me trouve géniale et d’autres où je me déprécie totalement, bien que cela aille beaucoup mieux depuis cette année ! 
  • La dissociation, où je me sens déconnectée de mon corps et/ou de la réalité, ajoute une difficulté supplémentaire à mon quotidien. 

Quand et comment avez-vous été diagnostiquée du trouble de la personnalité borderline ? 

Mon diagnostic de trouble de la personnalité borderline (TPB) est arrivé après une longue période d'errance médicale. Pendant dix ans, j'ai consulté de nombreux professionnels de la santé mentale sans obtenir de diagnostic clair. Je me sentais souvent isolée et incomprise face à mes symptômes. Je ne comprenais pas pourquoi je n’arrivais pas à être et faire « comme tout le monde », ce qui me générait énormément d’angoisse et de culpabilité

À 20 ans, j'ai été diagnostiquée avec un trouble anxieux généralisé et, à 23 ans, j'ai découvert que j'étais à haut potentiel intellectuel (HPI) et hypersensible. J'espérais que savoir que j'étais HPI suffirait à expliquer mes difficultés, mais je sentais bien qu'il y avait autre chose. 

En 2023, à l'âge de 28 ans, j'ai consulté une neuropsychologue, pensant initialement souffrir de trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH). Après avoir exploré en profondeur mes symptômes et mon historique médical, elle a émis l'hypothèse du TPB. Ce diagnostic a ensuite été confirmé par un psychiatre. Ce fut une véritable révélation pour moi !  

Recevoir ce diagnostic a mis des mots sur mes maux et m'a libérée d'un sentiment de culpabilité que je portais depuis des années. Cependant, malgré cette libération, il m'a fallu un an pour accepter pleinement mon diagnostic de TPB, en grande partie à cause des stigmates associés à ce trouble. 

De plus, je pense toujours être également concernée par le TDAH. 

Avez-vous vécu des périodes de vie compliquées à cause de ce trouble ? Si oui, pourriez-vous nous en parler ? 

Oui, j'ai vécu de nombreuses périodes compliquées à cause du TPB. L'une des périodes les plus marquantes a été à l'âge de 18 ans. À cette époque, je vivais une relation à distance avec mon copain qui résidait au Brésil. Après de nombreux échanges, il a décidé de venir me rejoindre à Bruxelles pour ses études. Bien que cette décision semblât parfaite, dès son arrivée, j'ai été submergée par une panique extrême. Je me suis retrouvée bloquée par la pensée intrusive : 'Comment vais-je faire si un jour j'ai envie de rompre avec lui alors qu'il a fait cet énorme effort pour moi ?

Cette anxiété a déclenché une série de symptômes : dépersonnalisation, sentiment de vide, automutilation, crises d’angoisse avec sensation de mort imminente, crises de colère insoutenables, peur extrême de l'abandon, et alternance entre idéalisation et dévalorisation de l'autre. Je me sentais enfermée dans cette relation et pourtant, la peur de l'abandon me poussait à manipuler inconsciemment pour être rassurée. Ces symptômes ont rendu la relation très difficile et ont finalement conduit à une rupture. 

Après cette rupture, j'ai sombré dans une période de profonde angoisse, utilisant l'alcool et les jeux vidéo comme échappatoire. Pendant plusieurs années, j'ai enchaîné les relations amoureuses, rongée par une dépendance affective. Chaque fois qu'une relation devenait stable, les mêmes symptômes refaisaient surface, me poussant à rompre à nouveau. 

Je n’avais plus aucune estime de moi-même. J'ai pensé de nombreuses fois au suicide, mais c’était impensable pour moi. Depuis toute petite, j'ai une peur atroce de ce qu'il se passe après la mort, car je le ressens comme un abandon total des autres. Cette peur m'a empêchée de passer à l'acte. À cause de cela, je me sentais coincée dans la vie. Quand la vie est devenue terrifiante, chaque seconde étant vécue comme un supplice et une angoisse, j'ai su que je devais trouver un moyen de remonter la pente… 

Quelle est votre prise en charge actuelle ? 

Ma prise en charge actuelle est holistique et inclut plusieurs aspects

D'abord, j'ai adopté une hygiène de vie très saine. Je m'assure de dormir suffisamment, car la fatigue aggrave mes pensées intrusives et mes émotions envahissantes. Je pratique régulièrement du sport, ce qui m'aide à sécréter des hormones du bonheur et à réguler mon humeur. Mon alimentation est équilibrée, ce qui contribue également à mon bien-être général. 

Je pratique la méditation et le breathwork quotidiennement pour me reconnecter à mon corps et apaiser mon esprit. La cohérence cardiaque est une autre technique que j'utilise pour gérer le stress et les émotions intenses. Ces pratiques sont devenues des habitudes ancrées dans ma routine, me permettant de réagir plus sereinement face aux situations stressantes. 

J’ai également décidé de faire un an sans alcool (en 2024) et d’arrêter de me mettre en relation avec « le·la premier·e venu·e ». Ce n’est pas chose facile, car je n’ai plus aucun outil pour anesthésier mes émotions, mais en même temps cela me permet complètement de me reconnecter à moi. 

En termes de thérapie, après avoir enchaîné 10 ans de thérapies classiques par la parole, j’ai décidé de tenter des thérapies psychocorporelles que je trouve particulièrement efficaces. L'EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) et la Somatic Experiencing m’aident à traiter les traumatismes sous-jacents. La thérapie par l'intégration du cycle de la vie (ICV) est une autre méthode que j'utilise pour explorer et apaiser les blessures émotionnelles. J’ai également suivi 10 séances de neurofeedback dynamique l’an passé, qui m’ont aidée à défusionner de mes pensées et à me sentir plus consciente.  

Je me suis également beaucoup formée sur la théorie polyvagale, la régulation du système nerveux et la fenêtre de tolérance. Cela m’a permis de mieux comprendre ce qu’étaient un trauma et la dissociation. Cela m’a beaucoup rassurée et m'a confirmé que j’étais sur la bonne voie pour guérir de mes traumas. 

Je ne prends pas de médicaments actuellement, car j'ai trouvé des alternatives qui fonctionnent bien pour moi. Cependant, à 22 ans, j'ai pris des antidépresseurs pendant un an et demi. À cette époque, je ne pouvais pas m'en passer, car j'étais trop angoissée. 

Gérez-vous mieux le trouble de la personnalité borderline avec les années ? Si oui, pourriez-vous nous dire comment ? 

Oui, avec le temps, j'ai appris à mieux gérer le trouble de la personnalité borderline. Cela a été un processus graduel, nécessitant beaucoup de patience, de persévérance et de soutien. Une des clés a été l'acceptation de mes émotions. Plutôt que de les combattre, j'ai appris à les accueillir et à les laisser s'exprimer pleinement. Cela les rend moins intenses et plus gérables. 

L'autocompassion a également joué un rôle crucial. En apprenant à être bienveillante envers moi-même, j'ai réduit les sentiments de culpabilité et de honte qui accompagnaient souvent mes réactions émotionnelles. J'ai aussi travaillé sur la défusion de mes pensées, ce qui m'aide à prendre du recul et à me rappeler que mes pensées ne sont pas la réalité

Le soutien de mes proches et des professionnels de la santé mentale a été inestimable. La communication ouverte et l'éducation mutuelle ont amélioré la compréhension et la gestion du TPB dans mon entourage. Enfin, la mise en place d'une structure quotidienne avec une dose de spontanéité m'a aidée à créer un environnement sécurisant tout en me permettant de vivre de nouvelles expériences. 

Êtes-vous soutenu par votre entourage ? Comprennent-ils la maladie ? Est-ce compliqué d’en parler et de se confier ? 

Oui, je suis soutenue par mon entourage, qui a appris à mieux comprendre le trouble de la personnalité borderline au fil du temps. Au début, il était difficile pour eux·elles de saisir l'intensité de mes émotions et la complexité de mes réactions

De plus, en parler n'a pas toujours été facile. Les stigmates associés aux troubles mentaux peuvent rendre les conversations sur le TPB difficiles. Cependant, j'ai découvert que la transparence et l'honnêteté étaient essentielles. Expliquer ce que je ressens, partager mes besoins et fixer des limites claires ont aidé à créer un environnement de soutien et de compréhension. 

Mes proches font de leur mieux pour me soutenir sans minimiser mes ressentis. Leur soutien est un pilier important dans ma gestion du TPB. 

Vous avez publié un e-book intitulé "Naviguer à travers le trouble borderline". Pourriez-vous nous en parler ? Où peut-on se le procurer ? 

"Naviguer à travers le trouble borderline" est un e-book que j'ai écrit pour partager mon expérience personnelle et les outils que j'ai découverts pour gérer le trouble de la personnalité borderline. Ce guide pratique est conçu pour aider les personnes atteintes de TPB à mieux comprendre leur condition et à trouver des stratégies efficaces pour améliorer leur bien-être. J'y aborde divers sujets, tels que la gestion des émotions, l'amélioration des relations interpersonnelles, et des techniques pour instaurer une hygiène de vie saine. 

Mon e-book est disponible sur mon site BorderAttitude. En plus de cet e-book, mon site propose de nombreuses autres ressources gratuites, comme un workbook sur le bien-être et des témoignages de plus de 70 personnes concernées par le TPB. Si vous vous sentez concerné·e, je vous encourage vivement à visiter mon site pour découvrir l'ensemble de ces ressources et trouver du soutien et des conseils adaptés à votre situation ! 

Sur votre compte Instagram @borderattitude, vous apportez conseils et soutien aux personnes également atteintes par le TPB, pourquoi avoir décidé de prendre la parole sur les réseaux sociaux ? 

J'ai décidé de prendre la parole sur les réseaux sociaux parce que je ressentais un profond besoin de partager mon expérience et d'offrir du soutien à celles et ceux qui vivent avec le TPB. Avant mon diagnostic, je me sentais souvent isolée et incomprise. Je passais des heures à chercher des témoignages et des conseils sur les forums, en quête de réponses et de soutien. 

Créer le compte Instagram @borderattitude m'a permis de toucher un large public et de créer une communauté de soutien. J'y partage des conseils pratiques, des informations sur le TPB, et des témoignages personnels pour aider les autres à se sentir moins seul·e·s et à trouver des ressources pour mieux gérer leur trouble. 

Les réseaux sociaux sont un outil puissant pour sensibiliser et éduquer sur les troubles mentaux. En partageant mon parcours, je souhaite démystifier le TPB, réduire les stigmates associés et offrir un espace sûr où les gens peuvent trouver des informations fiables et du soutien. 

Je suis toujours en plein parcours de rétablissement. Petit à petit, je me libère de mes traumas et je sors de la dissociation. Ce n’est pas toujours facile, et le chemin est loin d’être linéaire. Mais savoir que tout ce que je fais aujourd’hui, sans jamais abandonner, pourra un jour aider d'autres personnes me donne beaucoup de foi et d’espoir ! 

Quels sont vos projets pour l’avenir ? 

Alors, comme toujours, j'ai plein de projets ! Je viens de changer de travail il y a quelques semaines, et j'ai de nombreuses formations prévues, notamment pour apprendre à former et à prendre la parole en public. 

Mes différents projets sont les suivants : 

  • Continuer de ralentir afin de me libérer complètement de mes traumas et sortir de la dissociation
  • Créer un podcast en rapport avec les troubles mentaux, la (neuro)diversité et l'inclusion, en interviewant également des personnes concernées. 
  • Sur du plus long terme, je souhaite créer des formations et donner des conférences/webinaires pour continuer de sensibiliser, y compris en entreprise. 

Alala, si seulement je pouvais me cloner ! 

Enfin, que conseillerez-vous aux membres également touchés par le trouble de la personnalité borderline ? 

  • De ne jamais perdre espoir : il est important d’avoir du soutien professionnel. Trouver un·e thérapeute avec qui on se sent à l'aise et qui comprend bien le TPB est essentiel. 
  • De s'écouter : il peut être intéressant de trouver différentes méthodes de gestion émotionnelle. La thérapie, la méditation, le sport, et d'autres techniques de régulation émotionnelle peuvent être très utiles. 
  • De s'entourer de personnes bienveillantes : le soutien des proches est super important. Selon moi, il ne faut pas hésiter à communiquer ses besoins et fixer ses limites. 
  • D'être patient·e et bienveillant·e envers soi-même : le chemin vers la stabilité est long et demande beaucoup de patience et de persévérance.  
  • De se rappeler que les émotions sont temporaires et inoffensives. Même si, sur le moment, cela paraît insurmontable, ça va passer ! Comme toujours. Et ce sera une expérience de vie pour en apprendre encore et toujours sur soi. 
  • De se documenter : écouter et/ou lire des témoignages d’autres personnes concernées, cela donne de l’espoir, c’est inspirant et cela permet de se sentir moins seul·e. En plus, ça donne des astuces sur des outils pour aller mieux. 

Un dernier mot ? 

Chaque chemin est unique ! Ce qui a fonctionné pour moi ne fonctionnera pas forcément pour quelqu'un d'autre, mais il est important de trouver ce qui vous aide. Continuez à avancer, prenez soin de vous, et rappelez-vous que les émotions sont temporaires et inoffensives. Avec le bon soutien et les bonnes stratégies, il est possible de trouver une certaine stabilité et de vivre une vie épanouie malgré le TPB. 


Un grand merci à Fiona pour son témoignage !        
       
        
Ce témoignage vous a-t-il été utile ?        
           
Cliquez sur J'aime et partagez vos réflexions et vos questions avec la communauté dans les commentaires ci-dessous !        
         
Prenez soin de vous !     


2
avatar Candice Salomé

Auteur : Candice Salomé, Rédactrice Santé

Créatrice de contenus chez Carenity, Candice est spécialisée dans la rédaction d’articles santé. Elle a une appétence particulière pour les domaines de la psychologie, du bien-être et du sport.

Candice est... >> En savoir plus

Commentaires

Vous aimerez aussi

Trouble de la personnalité borderline : “Derrière mon sourire se cache une terrible souffrance.”

Trouble de la personnalité borderline

Trouble de la personnalité borderline : “Derrière mon sourire se cache une terrible souffrance.”

Voir le témoignage
Une thérapie pour sortir du trouble de la personnalité limite

Trouble de la personnalité borderline

Une thérapie pour sortir du trouble de la personnalité limite

Voir le témoignage
Le trouble de la personnalité borderline raconté par Abigaïl en vidéo

Trouble de la personnalité borderline

Le trouble de la personnalité borderline raconté par Abigaïl en vidéo

Voir le témoignage