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Trouble bipolaire : “Les spécialistes rencontrés, je ne les compte plus.”

Publié le 3 nov. 2021 • Par Candice Salomé

AbyDragonfly, membre de la communauté Carenity en France, est atteinte de bipolarité de type 2. Après de nombreux faux diagnostics (hypersensibilité, schizophrénie), elle a enfin un traitement qui l’apaise et lui permet de mieux vivre au quotidien avec la maladie. Elle se livre dans son témoignage pour Carenity. 

Découvrez vite son histoire ! 

Trouble bipolaire : “Les spécialistes rencontrés, je ne les compte plus.”

Bonjour AbyDragonfly, vous avez accepté de témoigner pour Carenity et nous vous en remercions. 

Tout d’abord, pourriez-vous nous en dire plus sur vous ? 

J’ai 26 ans et je ne travaille pas. Je touche cependant l’AAH (Allocation Adulte Handicapé). Je suis une personne atteinte de bipolarité de type 2 a priori, au vu de mon dernier diagnostic. Je vis chez mes parents bien qu’ayant un appartement à mon nom. J’ai deux frères, plus jeunes que moi, et tous deux fragiles psychologiquement. 

Vous êtes atteinte de bipolarité de type 2. Pourriez-vous nous dire quels sont les symptômes de cette pathologie ?

Les symptômes se traduisent chez moi par une grande sensibilité aux contrariétés et des phases up/down. Dans mes phases up ou down, je peux développer une paranoïa ainsi que des hallucinations auditives puis visuelles. Ces symptômes sont croissants en fonction de mon niveau de stress.  

En phase up : j’ai un gros manque de sommeil, de grands projets qui changent tout le temps… 

En phases down : je ressens un mal-être omniprésent, j’ai des idées noires et des pensées suicidaires. 

Comment s’est manifestée la bipolarité dans votre vie ? Quels ont été les premiers symptômes ?

J’ai un terrain propice dans ma famille, que ce soit via l’éducation, qui a été bonne, mais par des parents très émotifs, mais aussi sur le terrain génétique, je le pense bien (je ne peux que le supposer, mon père étant décédé depuis mes 20 ans).  

Les premières apparitions sont liées à ce qu’on a appelé mon « caractère ». En effet, selon moi, les signes d’une potentielle maladie mentale se sont révélés dès mes 6 ans, au moins. Je faisais, selon ma mère, une pseudo crise d’adolescence. Je me sentais très souvent en conflit et incomprise par mes proches. 

Par la suite, de mes 14 ans à mes 16 ans, on a remarqué que j’étais dans un état dépressif « léger » .J’ai donc été suivie par différents spécialistes sans réel diagnostic officiellement communiqué.  

J’ai consommé du THC en grande quantité entre mes 16 ans et mes 21 ans. J’ai perdu ma meilleure amie à 16ans, mon père à 20 ans puis j’ai dû avorter.  

Tout ceci, combiné à un sevrage non encadré par un addictologue et un suivi plus qu’irrégulier chez les psychiatres, m’ont valu un internement en clinique de mon plein grès, car là ont commencé réellement les symptômes les plus dérangeants. 

Hallucinations, d’abord auditives, puis visuelles. Sans parler de la paranoïa depuis mes 14 ans doublé d’un tempérament explosif et à la fois introverti. 

Avez-vous consulté rapidement ? Combien de temps a-t-il fallu pour que le diagnostic soit posé ? Et combien de médecin avez-vous rencontré ?

Le premier diagnostic posé fut une hypersensibilité, puis la schizophrénie, et maintenant une bipolarité de type 2. Les spécialistes rencontrés, je ne les compte pas étant donné que je vais en CMP et que les postes changent malheureusement souvent. Surement plus d’une quinzaine. 

Quel est l’impact de la bipolarité sur votre vie privée et professionnelle ? 

Sur ma vie privée, je dois vraiment être attentive aux personnes avec qui je passe mon temps. Les relations toxiques ont tendance à me détruire bien plus vite qu’une personne moins atteinte mentalement. La névrose peut être déjà très handicapante donc, avec une pathologie qui donne lieu à des hallucinations, c’est évident !  

J’ai réussi, très récemment, à envoyer littéralement bouler ceux et celles qui m’ont prise pour un punchingball verbal ou une roue de secours, bref… des relations toxiques !  

J’essaie au maximum de m’entourer de personnes saines, humaines et bien intentionnées. Désormais, je fais beaucoup plus attention à mes fréquentations. 

Jusqu’ici, je n’ai travaillé que 2 mois et 2 semaines dans toute ma vie.  

Je compte tout entreprendre pour devenir une artiste ou bien, au moins, améliorer ma passion en en faisant un à coté budgétaire. Si je trouve un jour un travail qui me nourrit pour ne plus avoir à dépendre des autres (ex : AAH, mes parents, etc), ce serait super ! 

Comment a pu se manifester la maladie en phase hypomaniaque ? Et en phase dépressive ? 

Les symptômes sont, dans cet ordre, pour les phases up : manque de sommeil, paranoïa grandissante, projets trop grands, hallucinations auditives puis, enfin, perte de contact avec la réalité et hallucination visuelles.  

Mes phases down ne se font que très rares ces derniers temps mais la plus marquante était celle de ma première hospitalisation volontaire après l’arrêt brutal de THC : hallucinations visuelles, angoisses et tristesse quasi constante. 

De quelles façons la bipolarité affecte vos relations avec votre entourage ? 

Je suis très susceptible mais je travaille dessus et cela déborde parfois. Cela peut donner lieu à un isolement, tout relatif, dans mon cas, car j’ai une peur de l’abandon prononcée et je m’entoure relativement bien (par rapport au nombre de mes fréquentations Internet surtout). 

Suivez-vous un traitement ? En êtes-vous satisfaite ? 

Oui. J’ai malheureusement dû passer par Abilify mais il m’aide au niveau de mes hallucinations auditives et visuelles au quotidien. Et comme il est prescrit en cas de changements d’humeur également, c’est tout de même une bonne chose que je l’ai en injection une fois par mois en format 400 mg. J’ai également du Téralithe (carbonate de lithium, si je ne me trompe pas) qui me convient très bien.  

Je me sens de plus en plus en phase avec mes up / down, je prends du recul et gère tout ça grâce à mon traitement. Globalement, j’en suis vraiment satisfaite. 

Quel professionnel de santé vous suit ? Que pensez-vous de ce suivi ?

Je suis inscrite au CMP de ma ville et du quartier dans lequel je vis et j’ai également un psychologue que je peux contacter plus facilement en ligne non remboursé. 

Quels sont vos projets pour l’avenir ? 

J’aimerais et je vais tout donner pour y arriver et devenir artiste ou m’améliorer énormément dans ma passion (dessin traditionnel au crayon gris, dessin digital donc par ordinateur, photographie).  

J’envisage également de déménager de ma région. Un déracinement donc, d’un an au moins, dans un an justement, afin de commencer une prépa art et d’habiter alors avec mon compagnon

Que pensez-vous des plateformes d’échanges entre patients comme Carenity ?

J’aime le fait que ce type de plateformes existent ! Je m’intéresse surtout aux statistiques du site mais aussi aux questionnaires et aux témoignages.  

Les conseils et le soutien seront importants si je rechute, cela pourrait être un bon outil pour mon entourage afin de mieux me comprendre. 

Enfin, quels conseils aimeriez-vous donner aux membres Carenity également atteints de troubles bipolaires ? 

Un mode de vie sain (surtout sommeil et hygiène) peut ralentir voir stopper net et aider sur certains symptômes. Si vous êtes en train de me lire, je souhaite de tout mon cœur que vous ayez trouvé une solution adaptée à votre type de bipolarité. N’hésitez pas, enfin, à être franc quant à votre pathologie. On fait vite du tri avec les gens étroits d’esprit et qui n’acceptent pas notre maladie comme étant réelle ou bien handicapante, voir énormément handicapante. N’en parlez au travail que si cela est nécessaire, en revanche. Prenez soin de vous, aimez-vous et pardonnez-vous les erreurs que vous faites parfois, c’est humain après tout de se tromper ! 

Un dernier mot ? 

Je tiens vraiment à remercier les gens qui tiennent ce site, ainsi que ses utilisateurs, sans qui le site n’aurait pas de raison d’être et de continuer à bouger. 

L’entraide est importante, entourez-vous, si vous êtes malade d’une quelconque pathologie mentale ou non, de gens qui acceptent et font avec votre maladie (et pas qu’en belles paroles, n’est-ce pas ?). Soutenez-vous aussi les uns les autres au maximum, trouvez des activités et soyez optimistes car c’est réel : on avance en psychologie donc « wait and see », courage ! 


Un grand merci à AbyDragonfly pour son témoignage ! 

Ce témoignage vous a-t-il été utile ? 

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Prenez soin de vous ! 


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avatar Candice Salomé

Auteur : Candice Salomé, Rédactrice Santé

Créatrice de contenus chez Carenity, Candice est spécialisée dans la rédaction d’articles santé. Elle a une appétence particulière pour les domaines de la psychologie, du bien-être et du sport.

Candice est... >> En savoir plus

5 commentaires


tatuti24
le 04/11/2021

contente pour toi que tu arrives enfin à gérer... ce qui n est pas mon cas hélas malgré un diagnostic de plus de 10 ans


Clovinc
le 04/11/2021

Hélas cette maladie est encore tabou pour beaucoup de personnes

bon courage 


sapinière
le 05/11/2021

Sapinière

Bonjour, concernant cette maladie héréditaire avec rechutes, je ne veux plus me battre car on est malheureux. Je n'ai pas de compagnon hélas ! la solitude et l'ennui n'arrangent rien. Pourtant je me suis battue pour faire du sport, d'aller aux associations, même en forçant quand cela n'allait pas et aussi des amies. Mais c'est une maladie qu'on perd tout, pourquoi continuer avec souffrance ? je fais de la dépression bipolaire émanant de ma mère hélas ! c'est un poison donc il n'y a plus d'antidote. Avec ma fille c'est compliquée et je ne vois pas mes petits enfants car ils sont placés. J'en ai assez, il me reste qu'a mourir de chagrin. Je n'existe plus.


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Utilisateur désinscrit
le 09/01/2022

 bonjour on m'a diagnostiqué bipolaire suite à des événements très importants notamment le suicide de mon mari. on m'a envoyé de clinique en hôpitaux et de psy à psy. sous traitement pendant 12 ans environ j'ai commencé à arrêter le traitement depuis fin 2020. theralithe LP400 exomil anti depresseur theralene.somniferes et j'en passe.je suis totalement sevrée aujourd'hui et miracle tout va bien. je me pose toujours la même question :est-ce qu'on m'a vraiment bien diagnostiqué ??

sachant que j'ai fait 2 TS sous traitement. 

est-ce que quelqu'un a vécu la même chose que moi ?

)merci pour vos réponses 


AbyDragonfly
le 24/05/2022

Je suis désolée je n'avais pas souvenir d'avoir porté jusqu'au bout le témoignage, je n'en gardait pas trace dans ma tête. Si vous avez des question je peux essayer d'y répondre , des fois il m'est difficile de savoir quoi dire, mais j'essaie ;)

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