Cancer du sein : "Vous êtes belles et vous êtes des guerrières. N'oubliez jamais cela !"

Bonjour Sal, vous avez accepté de témoigner pour Carenity et nous vous en remercions !

Tout d'abord, pourriez-vous nous en dire plus sur vous ?

Je m'appelle Salyndria, je suis née et j'ai grandi dans le New-Jersey et je réside actuellement à Dallas. Je viens d'une grande famille. J'ai un fils qui est ma fierté et ma joie. J'aime voyager, tout ce qui est aventureux, les arts, passer du temps avec ma famille et mes amis, et je suis une grande gourmande. 

Pouvez-vous nous dire quand le cancer du sein vous a été diagnostiqué ? Qu'est-ce qui vous a alerté/incité à consulter un médecin ? Quels examens avez-vous dû passer ? Comment vous êtes-vous sentie lorsque le diagnostic a été posé ? 

On m'a diagnostiqué un cancer du sein le 21 août 2017. Un mois auparavant, j'étais à San Antonio pour un week-end entre filles et j'ai découvert une petite bosse dans mon aisselle. Au début, mon médecin ne m'a pas prise au sérieux parce que j'étais jeune (36 ans). En fait, j'avais consulté mon médecin quelques mois auparavant en raison d'une sensibilité au niveau de mon sein droit (le sein où le cancer a été découvert), mais il a ri et m'a dit que j'allais très bien et que la sensibilité était probablement due au fait que j'avais eu un bébé un an auparavant. Cependant, après avoir insisté, il a décidé de me prendre plus au sérieux, et j'ai subi une mammographie et une biopsie avant d'être diagnostiquée. J'ai vécu une expérience hors du corps lorsque j'ai reçu l'appel de ce même médecin. J'étais au travail et j'ai dû sortir pour me calmer. Pour une raison quelconque, je ne me souviens pas de grand-chose d'autre sur ce que j'ai ressenti ce jour-là. Je pense que c'est une façon pour mon esprit de supprimer le traumatisme. 

Quel est le type de cancer du sein dont vous êtes atteinte ? Qu'est-ce qui distingue ce type de cancer des autres ? 

On m'a diagnostiqué un cancer du sein triple négatif de stade II. Lorsqu'un cancer est détecté pour la première fois, les médecins recherchent quelques éléments : l'œstrogène, la progestérone et un récepteur de protéine appelé HER2. Si aucun de ces éléments n'est détecté, le cancer est appelé cancer du sein triple négatif (TNBC). Il s'agit d'un cancer du sein très agressif que l'on trouve généralement chez les jeunes femmes et les femmes issues de minorités, notamment les femmes noires et hispaniques. 

Quel traitement avez-vous reçu ? En avez-vous été satisfaite ? Avez-vous ressenti des effets secondaires ? 

J'ai subi une double mastectomie et une association de deux médicaments de chimiothérapie - le carboplatine et le taxol. À l'époque, cette association n'était pas autorisée pour les patientes atteintes d'un cancer du sein. La norme était l'Adriamycine (également connue sous le nom de "diable rouge"), le Cytoxan et le Taxol. Je ne voulais pas prendre cette combinaison à cause de sa toxicité, surtout l'Adriamycine, alors je me suis fait mon propre avocat et j'ai parlé à mon oncologue des autres alternatives qui ne risquaient pas d'endommager mon cœur. Elle a contacté l'Institut national du cancer qui connaissait un essai sur le carboplatine et le taxol et le reste appartient à l'histoire. Cependant, comme il s'agit toujours de chimiothérapie, j'ai ressenti des effets secondaires tels qu'une fatigue et une faiblesse extrêmes, une perte de cheveux, une ménopause chimique et des douleurs. 

Vous êtes active sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme @MissSurvivor. Était-ce le cas auparavant ? Pourquoi avez-vous décidé de parler de votre combat contre le cancer sur les réseaux sociaux ? Que ressentez-vous en partageant votre histoire ? 

J'étais active sur les médias sociaux avant le cancer, mais j'ai changé mon pseudonyme en @Missurvivor après le diagnostic de mon cancer. Si j'ai décidé de partager mon combat contre le cancer sur les médias sociaux, c'est pour ma propre guérison, honnêtement. J'étais seule, il n'y avait pas d'organisations à ma connaissance à l'époque qui s'adressaient à mon groupe d'âge, et j'avais juste besoin d'un endroit où partager, alors j'ai écrit sur les médias sociaux, et c'était tellement thérapeutique, tout comme le soutien que j'ai reçu de ceux qui ont suivi mon parcours, qui était très encourageant. J'étais loin de me douter que j'inspirais les autres en même temps qu'ils m'encourageaient. 

Diriez-vous que le cancer a changé votre vision de la vie ? Si oui, de quelle manière ? 

Absolument ! Je suis une personne totalement différente après le traitement du cancer. Beaucoup plus forte. Lorsque vous traversez une épreuve comme le cancer et que vous en sortez vivant, vous appréciez mieux la vie. Les choses qui vous dérangeaient auparavant ne sont plus stressantes, car vous savez que cela pourrait être pire. Vous savez que quelque part, il y a quelqu'un dans une chaise de chimio qui supplie de vivre, et cela met tout en perspective. Honnêtement, je suis simplement heureuse d'être en vie et cela m'apporte beaucoup de gratitude et d'appréciation de la vie en général. 

Le cancer et ses traitements peuvent entraîner de grands changements physiques. Comment vous êtes-vous adaptée à votre nouvelle apparence ? Quels sont les trucs et astuces que vous utilisez pour vous sentir plus féminine ? 

Oui, je sais que c'est vain à dire, mais la chose la plus difficile pour moi, en ce qui concerne le traitement du cancer, a été de m'adapter au fait d'être chauve, de ne plus avoir de sourcils ni de seins. J'avais l'impression que le cancer m'avait volé ma féminité, et que ce n'était pas juste. J'ai également eu des changements au niveau de ma peau, mon visage devenant écailleux. Je me sentais si peu attirante que je refusais parfois de me regarder dans le miroir. Je voulais simplement me souvenir de moi telle que j'étais. Mais un jour, j'ai senti cette force venue de nulle part qui m'a poussée à me regarder dans le miroir et à regarder vraiment dans mon âme. Quand on a tout perdu à l'extérieur, je dis toujours qu'il vaut mieux s'assurer que son âme est belle, parce que c'est tout ce que l'on a pour s'en sortir, mais c'est en réalité ce qui nous rend beaux en premier lieu. J'ai donc regardé profondément dans mon âme, et j'ai réalisé que j'étais vraiment belle, peu importe ce que le cancer avait fait à mon apparence extérieure, et à partir de là, j'ai pu retrouver ma confiance. 

Avez-vous dû adapter votre mode de vie ? Si oui, de quelle manière ? 

J'ai dû faire quelques ajustements. Heureusement, mon travail était très compréhensif et j'ai pu prendre une semaine entière de congé pendant la semaine de traitement, et j'allais au travail une semaine sur deux (pendant ma semaine sans traitement). Je dormais beaucoup plus, car j'étais toujours très fatiguée, et j'ai modifié mon régime alimentaire à l'époque en mangeant végétalien, en prenant des suppléments vitaminés et en buvant BEAUCOUP d'eau. 

Vos proches vous ont-ils soutenu ? Était-il facile pour vous de parler de la maladie à votre entourage ? 

J'ai bénéficié d'un soutien considérable de la part de mes proches, et même de ceux à qui je n'avais pas parlé depuis des années. De ma grand-mère, qui priait pour moi tous les jours, à ma mère, qui n'a jamais manqué un rendez-vous chez le médecin ou une séance de chimio, à mon fils, qui m'a remonté le moral avec son beau sourire, à mes amis, qui sont venus du New Jersey pour m'accompagner et récupérer mes ovules avant la chimio, à tout l'amour reçu d'amis et d'associés à différentes étapes de ma vie, et même d'amis sur Facebook... Cela n'a pas de prix, et c'est ce qui m'a vraiment aidée à traverser cette période difficile. Je ne pense même pas qu'ils réalisent tous l'impact qu'ils ont eu sur ma guérison. 

Enfin, quels conseils donneriez-vous aux membres de Carenity également touchées par le cancer du sein ? 

Je sais que vous n'avez pas demandé ça. Je sais que cela semble si injuste, et c'est extrêmement injuste honnêtement, mais vous avez été choisies pour traverser ce voyage pour une raison. Vous êtes spéciales. Vous êtes fortes et résistantes. Vous êtes belles et vous êtes des guerrières. N'oubliez jamais cela ! Il existe également des tonnes d'organisations où vous pouvez obtenir le soutien et la solidarité dont vous avez besoin pour ne plus avoir à traverser cette épreuve seule. Connectez-vous à ces organisations et aux nombreuses survivantes qui sont sur les plateformes de médias sociaux comme Carenity ou encore Instagram. Cela vous aidera grandement à naviguer dans ce voyage fou.