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Une nouvelle pratique pour éviter les erreurs médicamenteuses, même en cas d’hospitalisation

Publié le 22 août 2019 • Par Louise Bollecker

Stagiaire Data Analyst chez Carenity, Alizé est étudiante en 5ème année de pharmacie à la faculté de Lyon. Sa thèse porte sur la conciliation des traitements médicamenteux pour les patients atteints de cancer, à l’hôpital. Pour les membres Carenity, elle a accepté d’expliquer cette pratique qui se développe dans l’intérêt de tous les patients.

Une nouvelle pratique pour éviter les erreurs médicamenteuses, même en cas d’hospitalisation

La conciliation des traitements médicamenteux pourrait bien devenir le nouvel allié des patients atteints de maladies chroniques ! Derrière cette expression compliquée se cache une pratique encore peu répandue mais très utile pour améliorer la prise en charge des patients. Son but ? Vérifier que les bons traitements aient bien été prescrits au patient à chaque étape du parcours de soins, pour éviter toute erreur médicamenteuse. La conciliation est particulièrement utile lorsque le patient entre ou sort de l’hôpital, car il n’y est pas suivi par les mêmes médecins qu’au quotidien.

Partager les bonnes informations entre professionnels de santé

Cette démarche a été évoquée pour la première fois en 2006 par l’Organisation Mondiale de la Santé. Selon la définition officielle, elle vise à encourager la transmission et le partage d’informations complètes et exactes sur les traitements du patient entre les professionnels de santé, à chaque étape du parcours de soin(1). En se partageant les bonnes informations, les professionnels de santé peuvent donc repérer et éviter les erreurs médicamenteuses. En effet, les ordonnances peuvent être complexes lorsqu’un patient doit prendre plusieurs médicaments par jour ! La conciliation permet ainsi d’assurer la continuité des traitements et de sécuriser la prise en charge. Il y a moins de risques qu’une erreur ou un oubli perturbe votre ordonnance ou votre suivi à l’hôpital.

Corriger les erreurs d’une ordonnance à l’autre

Concrètement, prenons l’exemple d’un patient qui entre à l’hôpital. Le pharmacien hospitalier peut décider de réaliser une conciliation afin de sécuriser la prise en charge de ce patient. Pour cela, il doit interroger au moins trois sources différentes, comme par exemple :

- Le patient lui-même
- Son pharmacien de ville
- Son médecin traitant
- Ses aidants
- Ses médecins spécialistes

La conciliation permet de faire la revue la plus exhaustive possible des traitements pris et à prendre par ce patient. Le pharmacien hospitalier comparera ce bilan avec l’ordonnance rédigée par le médecin hospitalier lors de l’entrée en hospitalisation. Il pourra ainsi identifier les changements que le médecin hospitalier aurait effectués de façon involontaire et faire des recommandations pour que la prise en charge du patient soit optimale.

Où est réalisée la conciliation des traitements médicamenteux ?

La conciliation peut donc être réalisée à l’hôpital mais également en ville. L’idée est de faire le lien entre les différents professionnels de santé impliqués dans la prise en charge d’un patient, ainsi que de faire le lien entre la ville et l’hôpital : la conciliation a souvent lieu au début d’une hospitalisation, afin de s’assurer que les soins du patient seront appropriés durant sa convalescence.

Tous les professionnels de santé (médecin, pharmacien, sage-femme…) peuvent pratiquer la conciliation des traitements médicamenteux. Néanmoins, c’est une activité chronophage qui est encore peu répandue. L’Allemagne, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et la France ont notamment participé à l’expérimentation sur cette pratique.

Puis-je bénéficier d’une conciliation des traitements médicamenteux ?

En théorie, tout patient peut être sujet à une conciliation. Cependant, comme cela demande du temps, les patients qui présentent le plus de risques d’erreurs médicamenteuses sont les premiers à en bénéficier. Ces patients sont souvent atteints de plusieurs pathologies et prennent un grand nombre de médicaments par jour : ce sont eux qui ont le plus besoin d’une conciliation.

Il n’est pas encore possible de demander directement une conciliation des traitements médicamenteux, mais la pratique est en pleine expansion. Au Canada, par exemple, la presque totalité des patients hospitalisés bénéficient d’une conciliation. On peut espérer que la France s’inspirera de ces techniques pour en faire bénéficier le maximum de patients.

Le rôle du patient : être la première source d’informations

Au cours d’une conciliation, l’important pour le pharmacien hospitalier ou tout autre professionnel de santé est de pouvoir recueillir des informations valides. Pour pouvoir apporter des informations fiables dans le cas où vous seriez interrogé pour une conciliation de vos traitements, il faut donc que vous connaissiez bien les traitements que vous prenez au quotidien. A minima, il est essentiel de toujours conserver vos ordonnances valides avec vous pour pouvoir les présenter. De façon générale, emportez vos documents de santé récents avec vous lors de vos rendez-vous ou hospitalisations.

 

Connaissiez-vous cette pratique ? En avez-vous déjà bénéficié ? Partagez votre expérience d’éventuelles erreurs médicamenteuses en commentaire !

--

Un article écrit en collaboration avec Alizé Vives

Alizé - conciliation des traitements médicamenteux

Alizé est étudiante en 5ème année de pharmacie à la faculté de Lyon et se destine à travailler dans les industries pharmaceutiques. Actuellement en stage chez Carenity en tant Data Analyst, elle a rédigé sa thèse d’exercice en pharmacie à partir de l’étude qu’elle a menée au cours de son stage à l’hôpital. Mise en place de la conciliation des traitements médicamenteux chez des patients atteints de cancer souligne l’importance de la réalisation de conciliation pour sécuriser la prise en charge médicamenteuse des patients. Les résultats de la thèse d’Alizé ont été présentés à travers un poster exposé lors de la 2ème Journée de Pharmacie Clinique en Oncologie à Lyon. Une publication scientifique devrait également être prochainement rédigée.

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avatar Louise Bollecker

Auteur : Louise Bollecker, Community Manager France & Content Manager

Community Manager de Carenity en France, Louise est également rédactrice en chef du Magazine Santé pour proposer des articles, vidéos et témoignages centrés sur le... >> En savoir plus

16 commentaires


Chico mario
le 29/08/2019

Bravo me c'est dommage la plus part des médecin, ils ne  cherchent rien, que le profit, vous allez les voir parlants pas dit, ils font l'ordonnance sans rien dire, ni rien proposée pour améliorée le confort du patient, une liste énorme des médicaments toxique qu'il font pas d'effet, seulement des effet secondaire, heureusement qu'il y a une 20% de médecins qu'ils cherchent une nouvelle molécule ou des remèdes naturelles pour soigner beaucoup de maladies auto-immune;

Merci pour nous les malade


Béatrix
le 09/09/2019

Bravo pour votre thèse sur un sujet peu connu. Moi-même je le découvre et ce n'est pas trop tôt, ayant subi moi-même, en dehors d'une hospitalisation, de sérieux problèmes de compatibilité entre médicaments Déturgilone par exemple ou un autre dont j'ai oublié le nom, sans compter les vitamines minéraux et autres oligo-aliments avalés sans pouvoir savoir si une dose maxi est recommandée (ex : le zinc peut être dangereux, pour les autres ???

Les labos n'ont aucun intérêt à communiquer dessus car c'est chacun pour soi et la mort pour certains dans notre système actuel où Big Pharma fait la pluie et le beau temps, même après les scandales successifs du THalidomide, du Distilbène, du Vioxx, du Médiator, du Requip, tristement célèbres surtout pour les victimes, pour les labos, ce n'est qu'une question de finances sauf pour certains salariés démissionnaires car ils avaient des états d'âme .

Et, la promesse du plus jamais ça; jamais tenue ou si, jusqu'au prochain scandale.

Moi, je n'ai plus confiance, après m'être laissée polluée, sans avoir droit de lire la notice pour "ne pas me rendre anxieuse". Le médecin préfère que je dépérisse sans savoir pourquoi, en  toute sérénité. 24 mois de benzodiazépines pour un proche  : presqu'aucun avantage mais de gros pb neurologiques, ça oui. ET peut-être Alzheimer ou Parkinson plus tard ? sans qu'il y ait besoin d'interaction médicamenTUEUSE. ET puis, vu la longueur des notices, c'est si fastidieux que c'est très laborieux surtout, si on est pas vaillant vu que malade et qu'on a des pb de vue (caractères minus).

Chacun garde jalousement ses dosages de fabrication de molécules, de poisons autorisés comme un secret industriel. Or, un médicament n'est pas un produit d’alimentation ni de consommation courante et en plus, il peut causer la mort,, qu'il soit chimique ou même phytothérapie (ex : le saule).

Il est surprenant que pour obtenir l'autorisation de mise sur le marché, la liste des effets secondaires est courte mais qu'après, hasard ? elle s'allonge et ils changent de notice rapidement pour se couvrir. Or quand la liste devient plus longue, ne faudrait-il pas revoir l'autorisation, même si le risque industriel fera perdre aux actionnaires bcp d'argent. on parle là de Vies humaines sacrifiées sur l'autel de la rentabilité. HONTEUX !

Puisque vous allez vous lancer dans ce domaine, je vous conseille au moins de lire "Effets secondaires, le scandale français" des Editions First, écrits par le journaliste J6C BRISARD, l'avocat A. BEGUIN et le Dr Irène FRACHON, célèbre pour sa lutte acharnée pour faire condamner le Médiator des Laboratoires SERVIER, malgré toutes les entourloupes dont s'est  rendu coupable ce labo pour ne pas assumer ses responsabilité dans les centaines de morts et "rendus malades";

UN CONSTAT C'EST NOTRE SYSTEME DE SANTE QUI EST MALADE, et en 1er lieu les labo ! MEFIANCE et vous, ne participez pas SVP à cette camarilla d'opérette. Ecoutez votre coeur, tant qu'ils ne vous l'ont pas ôté. Mieux, empêchez-les qu'ils le fassent.


chatalors!
le 23/09/2019

Concernant la prise en charge médicamenteuse, je n' ai plus confiance à l' hôpital. J' ai du être hospitalisé en service neurologique, j' ai donné mon ordonnance à jour et malgré çà des problèmes sur les ordinateurs de l' hôpital. Je me retrouvé avec des doses différentes tous les jours et qui ne correspondaient pas aussi aux horaires de mes prises. Heureusement que j' avais apporté les médicaments de chez moi sinon j' étais pour faire des crises d' épilepsie importantes. J' ai fini par partir car les infirmières ne voulaient pas appelé ma neurologue pour faire le point. Le personnel soignant croyait que l' indication de l' ordinateur et ne voulait rien entendre. C' est grave. Ma neurologue m' a avouer que l' infirmière est en faute. J' ai plusieurs pathologies et croyez-moi, il manque de sérieux pour que tout soit à jour.


nathtamin
le 22/10/2019

Merci pour ces informations! Pas plus tard que la semaine passée, lors de ma visite bi-annuelle avec mon neurologue, j'ai fait une agréable découverte. Alors que je me plains gentiment depuis des années auprès de mon généraliste, cardio, endocrinologue, de mon état de fatigue lié à mes 2 traitements médicamenteux assez lourds( 11 médicaments par jour) deux suggestions intéressantes m'ont été faite par mon neuro. De un , prendre mon anti-dépresseur le soir et de deux, d'augmenter le médicament qui améliore ma qualité de sommeil (rivotril) et de le prendre 2h avant de dormir au lieu de 3o min. Important ds la mesure où un de mes 2 problèmes de santé est que le manque de sommeil peut provoquer plus de crises d'épilepsie. C'est tout bête comme solutions mais cela m'a rendue tellement optimiste en sortant de la consultation. Avec un peu de recul maintenant, je me demande quand même pourquoi aucun de ces médecins n'ont songé à cela avant... refaire le point sur l'horaire de la prise des médicaments . C'est ce type de démarche de conciliation qui permettra d'y arriver plus vite. Merci pour ces pas en avant de la médecine :) Effet placébo et des changements, une semaine que je dors plus vite


Angel80
le 28/01/2020

Excellent sujet qui crée vraiment un très gros débat car on peut s'apercevoir dans les commentaires les différents points de vue,  mais surtout les différences entre chaque patient car nous sommes unique ! 

Personnellement,  j'ai plusieurs pathologies chroniques et d'autres,  et c'est tout l'inverse de vous tous... je suis devenue tolérante à énormément de médicaments avec toujours les effets indésirables graves (œdème de quink,  glaucomes aiguës,  etc...) .... Donc, quand vous faites une thèse sur la prise en charge d'une conciliation par rapport à la prise de beaucoup de médicaments,  quand est-il pour des personnes comme moi qui ne se retrouvent qu'avec 1 seul médicament jour et 1 pour la nuit ?... Doit- on me mettre de côté alors que je suis autant à risque que la personne qui aura énormément de médicaments ? .... 

Personnellement,  c'est très fatiguant de toujours répéter aux docteurs que je fais de graves réactions et selon mon état,  j'aimerais,  comme la plupart d'autres nous être prise en charge avec beaucoup d'attention,  d'écoute et surtout de réaction... 

Quand au moment de prise de médicament,  il est très important de se pencher également dessus car ce même médicament pris à un moment bien précis de la journée aura beaucoup plus d'effet que si il est pris par exemple juste avant le repas où juste avant de dormir,  où pendant le repas,  2h avant de se coucher ect... ( ce que je veux dire,  c'est que l'effet du médicament est complètement différent selon le moment où on le prend et il peut soit soulager où faire complètement l'effet inverse...) 

Votre thèse est difficile car chaque patient possède sa propre identité morale,  psychique et psychologique tout comme les médicaments qui lui sont prescrit. 

Je terminerai en vous souhaitant bon courage ! 

MM🌺

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