Les troubles de la déglutition dans la maladie de Parkinson : comprendre, diagnostiquer et traiter
Publié le 18 févr. 2025 • Par Candice Salomé
Les troubles de la déglutition, également appelés dysphagie, affectent de nombreux patients atteints de la maladie de Parkinson.
Comment ces troubles se manifestent-ils ? Quels sont les signes à surveiller ? Et surtout, quelles solutions peuvent être mises en place pour limiter leurs impacts ?
On vous dit tout dans notre article !
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Dysphagie et maladie de Parkinson : une association courante
La maladie de Parkinson, maladie neurodégénérative complexe, ne se limite pas aux tremblements et aux ralentissements moteurs. Elle affecte aussi des fonctions essentielles du quotidien, comme la déglutition.
Les troubles de la déglutition, ou dysphagie, sont fréquemment observés chez les patients atteints de la maladie de Parkinson, en raison des anomalies neurologiques qui perturbent les muscles responsables du passage des aliments de la bouche à l’estomac.
Ces perturbations résultent principalement de trois facteurs clés :
- La rigidité musculaire et la bradykinésie (lenteur des mouvements) - Ces symptômes, caractéristiques de la maladie, ralentissent les mouvements et altèrent la coordination nécessaire pour orchestrer les différentes phases de la déglutition. Cela peut rendre la mastication et le transport des aliments particulièrement difficiles.
- La diminution des réflexes protecteurs des voies respiratoires - Les patients atteints de la maladie de Parkinson souffrent souvent d’une réduction de l’efficacité des réflexes qui empêchent les aliments ou les liquides d’entrer dans les voies respiratoires. Cette altération expose à un risque accru de fausses routes et d’infections pulmonaires, comme les pneumopathies d’inhalation.
- L’hypersalivation - Bien qu’elle ne résulte pas d’une surproduction de salive, mais plutôt d’une difficulté à l’avaler correctement, l’hypersalivation est un symptôme fréquent qui complique davantage les repas et contribue à un inconfort social important.
Ces troubles, bien que courants, restent parfois sous-diagnostiqués.
Identifier les signes de la dysphagie chez les patients atteints de la maladie de Parkinson
La dysphagie, ou trouble de la déglutition, se manifeste de manière variable selon les patients et la gravité de leur condition. Chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson, ces symptômes sont souvent progressifs et peuvent passer inaperçus au début, avant d’entraîner des complications plus sérieuses. Savoir identifier les signes précoces est crucial pour limiter leur impact sur la santé et la qualité de vie.
Les symptômes typiques incluent plusieurs difficultés physiques et physiologiques :
- Difficulté à mâcher et à avaler : les aliments solides, en particulier, deviennent laborieux à consommer, et les repas peuvent s’étirer en longueur, provoquant fatigue et frustration.
- Toux ou sensation d’étouffement pendant les repas : ces épisodes surviennent lorsqu’un aliment ou un liquide dévie vers les voies respiratoires au lieu de l’œsophage, mettant en évidence une altération des réflexes protecteurs.
- Sensation de blocage : les patients peuvent rapporter une impression persistante que les aliments restent coincés dans la gorge ou la poitrine, rendant la déglutition inconfortable ou douloureuse.
- Perte de poids inexpliquée : une diminution de l’apport nutritionnel liée à ces difficultés peut rapidement conduire à une malnutrition, affectant la santé globale et augmentant la fatigue.
- Infections pulmonaires récurrentes : les fausses routes répétées, où des particules alimentaires ou liquides pénètrent dans les voies respiratoires, sont souvent à l’origine de pneumopathies d’inhalation, parfois graves.
Diagnostiquer la dysphagie chez les patients atteints de la maladie de Parkinson
Le diagnostic de la dysphagie chez les patients atteints de la maladie de Parkinson est une étape cruciale pour limiter ses conséquences et optimiser la prise en charge.
Une évaluation précise repose sur des approches complémentaires permettant de détecter les troubles de la déglutition et d’évaluer leur gravité.
Observation clinique directe
Cette étape initiale consiste à analyser les comportements alimentaires du patient. Les cliniciens observent la manière dont les aliments sont mâchés et avalés, évaluent la coordination des mouvements et notent les signes de difficultés, comme une toux ou une sensation d’étouffement. Ces observations permettent de repérer des anomalies évidentes et de déterminer les examens complémentaires nécessaires.
Examens spécialisés
Parmi les outils diagnostiques, la vidéofluoroscopie occupe une place centrale. Cet examen radiologique dynamique, réalisé en temps réel, permet d’observer chaque phase de la déglutition et de déceler les fausses routes ou les blocages alimentaires. Il fournit des images précises des structures impliquées et aide à identifier les déficiences spécifiques.
Consultation orthophonique
L’orthophoniste joue un rôle clé dans l’évaluation de la dysphagie. Grâce à une analyse approfondie, ce professionnel identifie les troubles moteurs ou sensoriels affectant la déglutition.
La prise en charge de la dysphagie dans la maladie de Parkinson : une approche multidisciplinaire
La gestion des troubles de la déglutition chez les patients atteints de la maladie de Parkinson repose sur une approche multidisciplinaire, mobilisant plusieurs professionnels de santé pour offrir un suivi global et adapté. L’objectif est de prévenir les complications, comme la malnutrition ou les fausses routes, tout en améliorant le confort et la qualité de vie des patients :
Rééducation orthophonique
L’orthophoniste occupe une place centrale dans la prise en charge de la dysphagie. En proposant des exercices ciblés, il travaille à renforcer les muscles impliqués dans la déglutition et à améliorer leur coordination. Ces exercices peuvent inclure des techniques de stimulation sensorielle, des positions spécifiques pour avaler ou des stratégies compensatoires visant à sécuriser les repas.
Adaptation alimentaire
Pour limiter les risques de fausses routes et faciliter l’ingestion, les diététiciens et les professionnels de santé adaptent la texture des aliments. Les repas peuvent être transformés en purées, en aliments mixés ou en textures épaissies selon les besoins du patient. Des conseils sur la température et la taille des portions sont également donnés pour éviter les blocages ou les inconforts.
Surveillance nutritionnelle
Le suivi diététique est essentiel pour prévenir la dénutrition, un risque fréquent chez les patients dysphagiques. Le diététicien veille à assurer un apport nutritionnel adéquat et une hydratation suffisante, en ajustant les repas pour répondre aux besoins énergétiques et en incluant des compléments alimentaires si nécessaire. Un suivi régulier permet également de détecter précocement les déséquilibres.
Collaboration avec d’autres spécialistes
Dans certains cas, le recours à un médecin ORL ou à un gastro-entérologue peut être requis pour une évaluation supplémentaire ou une intervention spécifique. Ces professionnels peuvent également intervenir pour poser une sonde d’alimentation temporaire ou permanente si la sécurité alimentaire ne peut être garantie.
Prévention et conseils pratiques en cas de troubles de la déglutition chez les patients atteints de la maladie de Parkinson
Afin de limiter les risques associés à la dysphagie et d’améliorer la qualité de vie des patients atteints de la maladie de Parkinson, plusieurs mesures préventives peuvent être adoptées :
Prendre le temps de manger
Les repas doivent être un moment calme et sans précipitation. S’alimenter lentement permet au patient de se concentrer sur chaque bouchée et d’améliorer la coordination entre mastication et déglutition. Un environnement apaisant, exempt de distractions telles que la télévision ou le bruit excessif, est idéal pour faciliter la digestion et réduire le stress lié aux repas.
Adopter une position droite pendant les repas
Une posture verticale est essentielle pour favoriser un passage sûr des aliments vers l’œsophage et minimiser le risque de fausses routes. Les patients doivent être bien assis, les pieds au sol, avec le dos soutenu et la tête légèrement inclinée vers l’avant. Cette position permet également de mieux contrôler la mastication et l’avalement.
Éviter certains aliments
Les textures collantes, comme le beurre de cacahuète, ou les aliments secs et difficiles à mâcher, tels que les biscottes ou les viandes fibreuses, peuvent être sources de complications. Il est préférable d’opter pour des aliments tendres, écrasés ou mixés, et d’adapter les textures selon les recommandations des professionnels de santé. Les boissons épaissies peuvent également être utiles pour limiter les risques de fausses routes.
Apprendre les gestes d’urgence
Les aidants jouent un rôle crucial dans la prise en charge des épisodes critiques. Ils doivent être formés aux gestes d’urgence, tels que la manœuvre de Heimlich, pour intervenir rapidement en cas de fausse route. Une formation peut être obtenue via des professionnels de santé ou des associations, afin d’assurer une réaction adaptée et efficace.
Sources :
La dysphagie, France Parkinson
Céline Mercier-D’oleac, Cyril Atkinson-Clement, Coralie Brulefert-Rejas, Morgane Desmoulins, François Viallet, Serge Pinto, Un dépistage de la dysphagie dans la maladie de Parkinson dès la consultation chez le neurologue ?, Revue Neurologique, Volume 173, Supplement 2, 2017, Page S140, ISSN 0035-3787, https://doi.org/10.1016/j.neurol.2017.01.252.
La sialorrhée, France Parkinson
Parkinson et troubles de la déglutition, Medipedia
Syndrome parkinsonien, Le Manuel MSD
Anna Cadeau. Maladie de Parkinson et rééducation des troubles de la déglutition : une revue systématique de la littérature. Médecine humaine et pathologie. 2019. ⟨dumas-02180085⟩
Projet CESU fiche diététique de Cynthia AGAPITO infirmière déléguée Parkinson chez NHC
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