Entretien avec un expert : comprendre la neuropsychologie (3/3)
Publié le 30 juin 2020 • Mis à jour le 1 juil. 2020 • Par Andrea Barcia
Timothée Albasser est neuropsychologue à l'hôpital Hautepierre de Strasbourg, en France. Il répond à toutes nos questions sur la recherche clinique, parmi les difficultés, les avancées concrètes et l'espoir de nouvelles thérapies pour la maladie d'Alzheimer.
Bonjour Timothée, merci d’avoir accepté de répondre à nos questions. Que comporte la recherche dans la neuropsychologie ?
Elle comporte l'élaboration de tests ou techniques d'évaluation des troubles cognitifs, affectifs et du comportement. Elle s'appuie fréquemment sur les neurosciences et la psychologie cognitive. Les recherches ont lieu dans des structures qui dépendent des principaux organismes publics de recherche (centres hospitalo-universitaires, CNRS, INSERM). Dans le secteur privé, les laboratoires pharmaceutiques peuvent solliciter les neuropsychologues pour l'élaboration de protocoles de recherche clinique et l'évaluation des effets des nouveaux traitements.
En effet, depuis vingt ans, des postes de psychologues ont été créés dans le cadre institutionnel et surtout pour les patients atteints de la maladie d'Alzheimer. La prévalence des principales affections neurologiques est importante. En 2001, la population de l'Union Européenne était estimée à 380 millions d'habitants dont 16,5 % âgés de plus de 65 ans. La maladie d'Alzheimer représentait : 2,5 millions; les traumatismes du cerveau et de la moelle par accidents de la circulation : 1,5 million de blessés; les accidents vasculaires cérébraux : 2 millions; les épilepsies : 2,3 millions; la maladie de Parkinson : 600000; la sclérose en plaques : 230 000 (Association pour le développement de la recherche sur le cerveau et la moelle épinière - ADREC) (Montreuil, 2005).
Quels sont les sujets actuels de recherche sur l’Alzheimer ? Et, quelles sont les pistes explorées ?
Actuellement, de nombreuses études thérapeutiques sont en cours et concernent des patients atteints de la maladie d’Alzheimer à un stade léger ou moyen. Ces études sont financées par de grandes entreprises pharmaceutiques (ex : Roche, Eisai, Biogen). Elles visent à tester de nouvelles molécules, qui agiraient sur les lésions cérébrales présentes dans la maladie d’Alzheimer : les plaques amyloïdes (agrégat de protéine A-Béta) et les dégénérescences neurofibrillaires (accumulation de filaments pathologiques dans le corps cellulaire ; indicateur de la mort neuronale, protéine Tau).
Deux grands groupes d’études sont ainsi à distinguer :
- Etudes « anti-ABéta » : qui prennent en compte l’hypothèse amyloidienne et qui se concentrent sur l’élimination des plaques amyloïdes.
- Etudes « Tau » : qui se concentrent sur la protéine Tau, et qui par des mécanismes neuro-moléculaires visent à empêcher les dégénérescences neurofibrillaires, qui sont, pour rappel, synonymes de mort neuronale.
En résumé, il y a deux mécanismes principaux : les médicaments qui agissent sur les plaques amyloïdes A-béta (peu de résultats ; études arrêtées) et les études en cours qui étudient l’hypothèse anti-tau (immunothérapie passive) et agissent sur les dégénérescences neurofibrillaires (résultats en attente).
Quelles innovations / résultats pouvons-nous espérer au bout du compte ?
- A court terme : mieux comprendre la maladie et surtout les mécanismes impliqués dans la dégénérescence.
- A long terme : la guérison de la maladie. Des chercheurs y travaillent et des milliers de personnes sont impliqués : médecins, groupes pharmaceutiques, neuropsychologues, infirmières, pharmaciens etc…
Les patients sont, bien entendus, demandeurs et les aidants également. Le souhait de l’ensemble de toutes les personnes impliquées est vraiment de trouver un traitement permettant de guérir la maladie. A force de travail et d’efforts, mon objectif personnel est de comprendre et de trouver un traitement efficace pour traiter une maladie contre laquelle nous nous battons chaque jour.
Lisez la première et la deuxième partie de l'entretien avec Timothée Albasser dans le Magazine Santé :
Interview d'expert : découvrir la neuropsychologie (1/3)
Entretien avec un expert : comprendre la neuropsychologie (2/3)
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Quelques mots sur Timothée Albasser :
Timothée Albasser, est neuropsychologue au CMRR (centre de ressources mémoire et de recherche) de l'hôpital de Hautepierre à Strasbourg, depuis avril 2014. Titulaire d'un Master II en "neuropsychologie clinique et cognitive" obtenu à l'Université de Strasbourg, il est également titulaire d'un diplôme inter-universitaire en "mémoire normale et pathologies de la mémoire" obtenu à l'Université de médecine de Strasbourg.
Son activité principale est axée sur la neuropsychologie clinique, dans le cadre de la consultation de la mémoire et de la recherche en neuropsychologie (PHRC + essais thérapeutiques). Il travaille également à l'hôpital gériatrique de jour Saint-François. En même temps, il est technicien d'essais cliniques, principalement pour les études de cohorte. Il fait partie de l'équipe du CMRR de Strasbourg, composée du professeur Blanc, du Dr Cretin, du Dr Martin-Hunyadi et du Dr Philippi. L'équipe du CMRR est relativement active dans la recherche et la publication d'articles scientifiques, en particulier dans le domaine de la maladie d'Alzheimer et de la démence à corps de Lewy.
Sources :
https://www.mayoclinic.org/es-es/diseases-conditions/alzheimers-disease/diagnosis-treatment/drc-20350453
https://www.brightfocus.org/espanol/la-enfermedad-de-alzheimer-y-la-demencia/factores-de-riesgo-de-la-enfermedad-de-alzheimer
https://www.dementiacarecentral.com/caregiverinfo/causas-y-factores-de-riesgo-de-la-enfermedad-de-alzheimer/
https://blog.fpmaragall.org/existe-tratamiento-para-la-enfermedad-de-alzheimer
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