Dossier spécial fortes chaleurs et canicule
Publié le 3 juil. 2018 • Mis à jour le 2 juil. 2019 • Par Louise Bollecker
Les épisodes de forte chaleur sont devenus fréquents en été. Il y a canicule quand la température nocturne est supérieure à 20 °C, et ce pendant au moins trois nuits consécutives. Et la chaleur intense et persistante est éprouvante pour l’organisme…
Attention au risque de déshydratation
Sachez repérer les signaux d'alerte pour éviter une déshydratation, cause principale de mortalité en cas de canicule. Les seniors sont particulièrement à risque, car ils perdent la sensation de soif et se déshydratent sans s'en rendre compte. Et quand ils se déplacent difficilement, ils limitent leur consommation de boissons pour ne pas aller trop souvent aux toilettes. Les patients sous traitement diurétique et ceux qui prennent des psychotropes sont aussi des sujets à risque. Enfin, il faut faire attention aux jeunes enfants, qui ne peuvent pas se désaltérer si on ne leur propose pas à boire régulièrement.
Il faut s'alarmer quand une personne qui était en forme se trouve très fatiguée, confuse, ou a de la fièvre. Dans ces cas-là, il ne faut pas hésiter à appeler le médecin. Chez une personne âgée, si la déshydratation n'est pas rapidement corrigée, d'autres pathologies apparaissent : infections urinaires et bronchiques, phlébite, aggravation d'une artérite, instabilité cardiaque. Sans oublier les risques de chutes.
Comment s'organiser en cas de grosses chaleurs ?
Les personnes ayant une pathologie qui augmente la transpiration et les pertes d'eau (diarrhée, fièvre) doivent veiller à s'hydrater encore plus. Les posologies de certains médicaments doivent être revues avec le médecin traitant. Des solutions peuvent être trouvées pour les personnes qui ont du mal à se déplacer (chaise-pot, urinal).
Enfin, l'isolement est un obstacle à l'hydratation correcte des personnes âgées. Pour celles qui boivent de l'eau en bouteille, l'aide de la famille ou du voisinage est primordiale. Un passage quotidien permet notamment de stimuler la personne en lui fixant une quantité journalière à placer dans son réfrigérateur.
Insolation, l'autre danger du soleil
Véritable attaque du soleil sur l’organisme, l'insolation est directement liée à une exposition solaire prolongée. A ne pas confondre avec le coup de chaleur, "qui, lui, est en relation directe avec l’exposition à la chaleur, indépendamment de l’exposition au soleil, souligne le docteur Pascal Cassan, médecin conseiller à la Croix-Rouge française. Le coup de chaleur est une attaque de l’organisme par une température ambiante trop élevée et prolongée." Si vous laissez votre voiture à l’ombre avec votre enfant à l’intérieur, il risque un coup de chaleur, non une insolation.
Les personnes fragiles (les jeunes enfants et les personnes âgées) sont les plus sensibles aux modifications du soleil et de la chaleur. Mais les individus atteints de maladies chroniques (diabétiques, insuffisants respiratoires ou cardiaques, par exemple) sont également plus sensibles au soleil.
Une évolution rapide des symptômes
L’attaque du soleil sur l'organisme provoque d’abord chez la victime un rougissement. Peu à peu, un certain nombre de signes apparaît : fatigue, raideur de la nuque, fièvre, frissons, nausées, troubles de la vue, sensation de malaise, perte de connaissance. A ce dernier niveau, les risques sont majeurs et la survie, menacée.
Si personne ne réagit et ne vient en aide à la victime, celle-ci peut présenter des convulsions, des troubles du rythme cardiaque, perdre connaissance et sombrer, le cas échéant, dans le coma. "L’insolation peut évoluer rapidement, en particulier chez les personnes fragiles ; elle peut même aboutir à la mort", prévient Pascal Cassan, médecin conseiller à la Croix-Rouge française.
A partir du moment où l’insolation s’accompagne de signes neurologiques ou de troubles de la conscience, elle devient une urgence et nécessite l’appel en urgence du Samu (15) ou des pompiers (18). Cet état peut survenir en moins d’une demi-heure et constitue un danger important s’il se produit chez une personne seule, d'autant plus fragilisée.
Quels gestes adopter face à une victime d'insolation ?
Le premier comportement à avoir est de mettre la victime à l’ombre afin d’aider la chaleur à évacuer son corps. Choisissez, si possible, une pièce ventilée ou climatisée, de façon à faire baisser la température plus rapidement (évitez les pièces glaciales car il peut y avoir un risque de choc thermique).
"Si la personne est parfaitement consciente, faites-lui boire de l’eau pour qu’elle se réhydrate directement, conseille le Dr Pascal Cassan. A partir de là, l’insolation est arrêtée et la température du corps va redescendre progressivement."
Si la victime a le moindre trouble de la conscience, il n’est pas possible de la faire boire puisqu’elle pourrait s’étouffer. Dans ce cas, il est nécessaire de la refroidir à l’aide de linges imprégnés d’eau que vous aurez placés autour d’elle. Et il est indispensable d’appeler le Samu (15) ou les pompiers (18).
Jambes lourdes : attention aux phlébites !
Phénomène habituel survenant avec les premières grosses chaleurs : les veines se dilatent et le retour veineux se fait moins bien. Des circonstances qui augmentent le risque de phlébite.
Préférez donc les chaussures bien aérées, évitez les chaussettes qui serrent la cheville et compliquent le reflux sanguin. Le soir, commencez par une douche froide sur les jambes qui relancera la circulation en contractant les veines. Massez ensuite la jambe entière – de la cheville jusqu’au haut de la cuisse – avec une crème anti-jambes lourdes (Esberiven Crème, Cyclo 3 crème). En position allongée, surélevez les pieds à l’aide d’un coussin et maintenez la position durant 15 minutes.
Faites le plein de vitamine E
La vitamine E est un antioxydant reconnu pour ses propriétés favorables au système cardiovasculaire. Retrouvée notamment dans les fruits secs, les céréales, les mûres, l’avocat, les poissons gras et l’huile d’olive, elle ralentit le vieillissement des parois de la veine. La paroi des veines sera renforcée, l’apparition des varices ralentie.
Il est intéressant de les associer à des aliments ou à des nutriments riches en oligoéléments qui augmentent son action. Par exemple : le fluor, dans les eaux minérales ; le sélénium, présent dans les noix, les fruits de mer, thons et anchois en conserve ; le manganèse, retrouvé notamment dans le camembert ; le cobalt, dont la teneur est riche dans les abricots, cerises, carottes et lentilles ; le zinc, constituant du chocolat noir, de l’agneau et des cacahuètes.
Alitement et bas de contention
Si vous êtes enceinte ou devez rester alité(e) plusieurs semaines après une opération par exemple, le médecin peut vous prescrire des bas de contention pour prévenir les complications du mauvais retour veineux. Ajustés à votre taille, le médecin choisira le degré de contention nécessaire à votre situation. Certains seront intégralement pris en charge par la Sécurité sociale et par votre complémentaire santé.
Même s'ils restent durs à enfiler, ils se déclinent désormais en chaussettes, bas, mi-bas et collants, avec des couleurs et motifs pouvant rappeler les marques de lingeries, aussi bien au féminin qu’au masculin. Il est conseillé de les changer tous les trois mois et de les laver à 30 °C dans un filet, sans utiliser d’assouplissant.
Attention aux longs trajets
Pour tout trajet de plus de 7 heures sans interruption, en avion, en train ou en voiture, il est recommandé de porter des bas de contention mais surtout de ne pas rester immobile durant l’intégralité du voyage.
Marchez, étirez vous au moins dix minutes par heure. Vous pouvez également effectuer une dizaine de mouvements de flexion et d’extension des chevilles toutes les heures afin d'améliorer le retour veineux au niveau des jambes.
Les voyages de plus de 12 heures augmentent tout particulièrement le risque de phlébite : des contentions de classe 3 pourront alors vous être recommandées, a fortiori si vous avez un antécédent de phlébite ou de varices.
En avion, la diminution de la pression de l’oxygène associée à la sécheresse de l’air peut accroître les risques. A titre préventif, il est conseillé de ne pas croiser les jambes, de porter des vêtements amples, de boire régulièrement de l'eau (1 litre toutes les 4 heures), et d'éviter de boire de l'alcool qui dilate les veines et diminue le retour veineux.
La prévention peut associer des veinotoniques sans ordonnance, à commencer quelques jours avant le départ (Daflon, Esberiven, Cyclo 3). Il est à noter que ces médicaments ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale.
Ces conseils valent aussi pour toutes les personnes qui travaillent en position debout ou assise constante. N’hésitez pas à demander conseil à votre médecin ou à votre pharmacien.
Comment bien supporter la chaleur ?
Un épisode de canicule signifie qu'une forte chaleur s'installe dans la durée : il faut pendant au moins trois jours une température de plus de 20 °C la nuit , avec en journée, des températures maximales supérieures à 33° C.
La chaleur augmente le rythme cardiaque
"En cas de chaleur, dit le Pr Toussaint, le rythme cardiaque peut augmenter de 10 à 15 pulsations/minute, même au repos, à cause de la vasodilatation cutanée. Le sang se répartit vers les extrémités et le cœur doit pomper davantage et battre plus vite pour irriguer ces zones." Au risque, chez les personnes vulnérables, ou lors d’un effort, de faire un malaise cardiaque.
Ce qu’il faut faire :
- - porter un chapeau de soleil ;
- - éviter les efforts intenses aux heures les plus chaudes ;
- - si on décide de randonner, s’entraîner pour permettre à l’organisme de s’adapter progressivement aux montées de température ;
- - utiliser un cardiofréquencemètre : la fréquence à ne jamais dépasser se situe autour de 220 moins l’âge, soit 180 pulsations/minute si on a 40 ans.
La chaleur stimule la transpiration
C’est l’un des mécanismes du corps pour réguler sa température interne. " Mais pour évacuer la chaleur efficacement, la sueur doit s’évaporer, et non ruisseler à la surface de la peau", précise le Dr Gloaguen. Si l’on transpire beaucoup, on risque la déshydratation. Mal évaporée, la sueur peut aussi irriter la peau et causer des petits boutons.
Ce qu’il faut faire :
- - compenser les pertes en eau, en buvant régulièrement , même sans soif. En période de forte chaleur, il faut augmenter ses apports jusqu’à 2 ou 2,5 l. " Pas besoin de miser sur des boissons enrichies en sodium, car les pertes en sels minéraux sont compensées par l’alimentation", assure le Dr Toussaint ;
- - privilégier les fruits et légumes riches en eau (pastèque, courgette, tomate…), les soupes froides comme le gaspacho ;
- - se rafraîchir plusieurs fois par jour en utilisant de manière simultanée brumisateur et ventilateur, ou en prenant une douche. " Une douche fraîche ou une serviette humide permet de capter le froid et d’éliminer la chaleur par convection", précise le Dr Gloaguen ;
- - porter des vêtements amples en lin ou en coton permet une meilleure évaporation, et évite les irritations.
La chaleur favorise la rétention d’eau
"Pour évacuer la chaleur, les vaisseaux cutanés se dilatent et le sang se concentre au niveau de la peau et des extrémités, plus vascularisées. Cette vasodilatation perturbe les échanges cellulaires et retient l’eau dans les tissus", explique le Dr Gloaguen. Ainsi, transpiration et rétention d’eau ne sont pas incompatibles. A la clef : des gonflements au niveau des mollets, des pieds et parfois des mains. "Ces œdèmes sont le signe d’une mauvaise circulation sanguine et lymphatique, mais ils ne sont pas inquiétants, sauf s’ils perdurent plus de deux heures au repos", rassure le Pr Toussaint.
Ce qu’il faut faire :
- - si l’on doit rester debout, mieux vaut marcher ou faire des flexions pour relancer la circulation ;
- - dès que l’on peut, s’allonger en surélevant les jambes pour favoriser le retour veineux ;
- - utiliser le froid, vasoconstricteur : marche dans l’eau froide, massage avec une crème placée au frais...
La chaleur diminue les douleurs articulaires et musculaires
Sous l’effet de la chaleur, les muscles et les tendons se détendent : idéal pour soulager les contractures et les courbatures. Mais aussi pour redonner de la mobilité à une articulation qui coince. Enfin, la chaleur diminue l’efficacité de la transmission des signaux de douleur : on a souvent moins mal. Son effet sur les articulations dépend cependant de la pathologie : "Elle est intéressante pour les arthroses avec raideur, comme celle du cou, mais pas pour celles qui ont une composante inflammatoire (certaines arthrites ou rhumatismes)", précise le Dr Gloaguen.
Ce qu’il faut faire : si l’on souffre de problèmes articulaires, profiter des périodes chaudes pour sortir, marcher ou pratiquer les activités qui posent problème habituellement, et bénéficier de l’effet antalgique de la chaleur.
Un plan canicule actif à partir du 1er juin
Chaque année, au 1er juin, un plan national canicule est mis en place, et le niveau 1 de "veille saisonnière" activé. Le plan comporte quatre niveaux, le dernier correspondant à une vigilance rouge et à une mobilisation maximale. Un numéro d'information est disponible en cas de forte chaleur : 0 800 06 66 66.
Santé Magazine
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