Dépistage : parlez-en autour de vous !
Publié le 1 oct. 2018 • Par Louise Bollecker
25 ans après le premier "Octobre Rose", le mois de sensibilisation au cancer du sein, le dépistage organisé souffre d'une désaffection croissante. Les professionnels de santé travaillent désormais à un dépistage personnalisé en fonction du risque.
Le cancer du sein reste le cancer le plus fréquent et le plus mortel chez la femme : plus de 50 000 nouveaux cas par an et près de 12 000 décès chaque année en France. Pourtant, le taux de survie est de 99% à 5 ans lorsqu'il est détecté à un stade précoce contre 26% lorqu'il est détecté à un stade avancé. Alors, pourquoi le la participation au dépistage baisse-t-elle ?
Un constat inquiétant : de moins en moins de femmes se font dépister
La participation des femmes au dépistage organisé baisse depuis quelques années, tombant même en dessous de 50% en 2017. Peur de l'examen ? Négligence ? La participation avait pourtant progressé vigoureusement dans un premier temps, passant de 30% en 2000 à 45% en 2004 puis 53% dans les années 2010-2012 avant de s'effriter depuis.
Brigitte Séradour, radiologue et experte sur le dépistage à la Société française de sénologie (SFSPM) attribue la désaffection à "la moindre confiance dans toutes les politiques de prévention, qu'il s'agisse du cancer du sein, de la vaccination ou du frottis du col de l'utérus". Sur les réseaux sociaux, notamment, nombreux sont les utilisateurs à contester l'efficacité des dépistages et des traitements traditionnels - souvent sans aucun argument médical.
Le dépistage automatique n'est pas la solution : vers la personnalisation
Certains arguments font néanmoins mouche auprès des associations dédiées à la lutte contre le cancer du sein. Multiplier les mammographies entraînerait le traitement de toutes les lésions, même celles qui n'auraient pas évoluées dans l'avenir : il y aurait donc un risque de surdiagnostic. Les mammographies exposent également la patiente aux rayons X. Entre deux mammographies, la patiente aurait aussi moins tendance à surveiller l'arrivée d'autres éventuels cancers.
Néanmoins, aucun expert ne préconise l'arrêt du dépistage qui sauve des vies et dont les effets négatifs sont largement inférieurs au bénéfice. La recherche se mobilise pour affiner le niveau de risque des femmes en vue de l'individualiser : une vaste étude (MyPeBS), présentée vendredi à Paris, va être lancée le 1er décembre dans 5 pays dont la France.
En fonction du niveau de risque, l'étude proposera aux femmes une mammographie seulement tous les 4 ans, un suivi identique à leur dépistage habituel ou un suivi renforcé (mammographie tous les ans et IRM). La médecine de demain sera donc prédictive et personnalisée. Cette personnalisation est d'ailleurs déjà à l'œuvre dans les 5% de cas de cancers du sein héréditaires.
Et vous, comment avez-vous découvert votre cancer du sein ?
Parlez-vous du dépistage autour de vous ?
AFP
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