Cancer de la prostate : comment lire ses analyses de sang ?
Publié le 18 janv. 2021 • Par Doriany Samair
Quels bilans sanguins doivent être effectués lors d’un cancer de la prostate ? Que dose-t-on dans le sang pour surveiller l’apparition d’un cancer de la prostate ? Que faut-il surveiller lors d’un cancer de la prostate ? Lisez notre guide à destination des patients atteints de cancer de la prostate.
Qu’est ce que la prostate ?
La prostate est une glande, de la taille d’une châtaigne, dans l’appareil génital de l’homme. Sa taille augmente avec l’âge. Elle se situe sous la vessie, en avant du rectum et entoure la partie antérieure du canal permettant d’évacuer le sperme et les urines. Elle a un rôle dans la constitution du sperme en produisant et en stockant le liquide prostatique (sous-constituant du liquide séminal produit par les vésicules séminales) qui se mélange aux spermatozoïdes.
Comment se manifeste le cancer de la prostate ?
Le cancer
Un cancer de la prostate renvoie à une multiplication incontrôlée des cellules prostatiques de sorte à former une masse appelée tumeur maligne. Le plus souvent, le cancer de la prostate se développe en silence. Il n’y a pas de signes fonctionnels et il est fréquemment découvert lors d’examens de routine, de manière fortuite.
Les signes cliniques
En effet, les cellules cancéreuses, dans un premier temps, se développent en périphérie de la glande, et de cette manière elles ne compriment pas le passage de l’urine ou du sperme.
Les troubles de la miction (difficultés à uriner, brûlures, besoin fréquent d’uriner) ou encore la présence de sang dans les urines sont des signes fréquemment retrouvés chez les patients atteints de cancer de la prostate. De la même manière que les troubles liés à l’éjaculation ou la présence de sang dans le sperme. Attention, il ne faut pas s’alarmer trop vite car il existe d’autres affections, plus fréquentes, donnant lieu aux mêmes signes cliniques tels que l’hypertrophie bénigne de la prostate (présence d’un adénome bénin ou augmentation anormale du volume de la prostate) ou encore la prostatite (inflammation prostatique douloureuse d’origine infectieuse ou non).
L’exploration d’un syndrome inflammatoire : exclure la prostatite
La prostatite, diagnostic différentiel du cancer de la prostate avec l’hypertrophie bénigne de la prostate, est une inflammation prostatique souvent de cause infectieuse. La plupart du temps, l’infection est d’origine bactérienne. Ainsi, l’exploration d’un syndrome inflammatoire (l’inflammation est une réponse naturelle de l’organisme face à une infection), peut permettre d’orienter le diagnostic.
Valeurs usuelles :
CRP (protéine C réactive)
< 5ng/L
VS (vitesse de sédimentation : la vitesse à laquelle les globules rouges chutent dans un tube de sang placé à la verticale)
Hommes : 2-5 mm
Femmes : 3-7 mm
Pourquoi ce test ?
La CRP et la VS sont augmentées lors d’une réaction inflammatoire, vraisemblablement causée par une infection. Il n’est pas rare d’avoir à éliminer les diagnostics différentiels, d’autant plus qu’un cancer de la prostate est rare avant 50 ans : l’âge moyen de diagnostic se situe aux alentours de 70 ans.
Le bilan sanguin lors d’un cancer de la prostate
Découverte
Le dépistage du cancer de la prostate n’est systématisé ni en France ni ailleurs et repose sur la base du volontariat ou est proposé par le médecin traitant qui a identifié des risques. En effet, la conduite à tenir devant les résultats de ces examens n’est pas standardisée car ils ne sont pas fiables à 100%. Il faut savoir que près de la moitié des cancers de la prostate ne sont pas “agressifs” : certains sont à évolution lente (10-15 ans) et n’ont pas de répercussions sur la vie des hommes atteints. De ce fait, les traiter n’est pas forcément bénéfique. Par ailleurs, les cancers de la prostate dits “agressifs” peuvent provoquer l’apparition de métastases et sont d’évolution rapide.
En général, le médecin oriente son interrogatoire sur la présence de signes cliniques ou sur la présence d’antécédents médicaux. Selon le terrain, l’examen clinique repose sur un toucher rectal destiné à déceler une anomalie clinique relative au volume, à la consistance et à la texture de la prostate. Ensuite, un dosage sanguin du PSA viendra compléter la suspicion diagnostique.
Le dosage du PSA dans le sang
Valeurs usuelles :
PSA
< 4 ng/ml
Pourquoi ce test ? Qu’est ce que le PSA ?
PSA est le sigle du terme anglais Prostatic Specific Antigen : l’antigène spécifique de la prostate. C’est donc une protéine produite par la prostate. Elle se retrouve en majorité dans le sperme mais une faible quantité passe dans la circulation sanguine. Ainsi, chez un individu sain, le PSA se trouve en faible quantité dans le sang. Attention, il faut noter quelques précautions à prendre avant le dosage : les rapports sexuels ou un examen de toucher rectal doivent tenus à distance du dosage en question.
Le résultat de ce test :
Des taux anormalement élevés peuvent suspecter la présence d’un cancer de la prostate. Pour un taux supérieur à la valeur usuelle, la démarche diagnostique exige des tests supplémentaires. Néanmoins, l’élévation de son taux sanguin peut s’expliquer par l’âge (plus on est âgé plus le taux de PSA risque d’être élevé) ou encore par un adénome bénin ou une prostatite. De plus, un taux normal de PSA ne signifie pas que l’on peut exclure la présence d’un cancer.
Suivi
Il faut bien distinguer la découverte et le suivi dans le dosage du PSA. En effet, pour un suivi, l’objectif est de surveiller l’évolution de la maladie : suite à l’instauration d’un traitement, on s’attend à un taux de PSA faible dans le sang, même si une augmentation du taux n’équivaut pas nécessairement à une récidive. En somme, le taux de PSA sert de signe d’alerte au suivi de la maladie.
Le bilan sanguin de routine
NFS (Numération formule sanguine) / plaquettes
Valeurs usuelles :
Globules rouges (érythrocytes)
Femmes : 4,2-5,2 T/L
Hommes : 4,5-5,7 T/L
Plaquettes
150-400 G/L
Pourquoi ce test ?
Le bilan sanguin est primordial à surveiller dans plusieurs types d’affections, et afin d’évaluer l’état général de santé d’un patient, notamment pour éliminer une anémie (taux anormalement bas de globules rouges dans le sang). D’autre part, ces résultats d’analyse serviront à établir les précautions à envisager quant à l’instauration d’un traitement du cancer de la prostate.
Le bilan rénal
Valeurs usuelles :
Urée
2,5-7,5 mmol/L ou 0,15-0,45 g/L
Pourquoi ce test ?
Le bilan rénal permet de surveiller la survenue d’une insuffisance rénale susceptible d’aggraver la maladie. Le taux d’urée (urémie) augmente en cas d’insuffisance rénale. Par ailleurs son élévation n’est pas spécifique de l’insuffisance rénale, ce taux peut varier par exemple en cas de régimes hyperprotéinés, de déshydratation ou d’infections.
Valeurs usuelles :
Créatinine
Hommes : 60-115 µmol = 7-13 ng/L
Femmes : 45-105 µmol = 5-12 ng/L
Pourquoi ce test ?
La créatininémie (taux de créatinine dans le sang) reflète la fonction rénale. La créatinine est un produit de la dégradation du muscle squelettique. Elle est essentiellement éliminée par voie rénale (par filtration glomérulaire mais aussi par sécrétion tubulaire). La fonction rénale peut être estimée par la clairance rénale de créatinine ou à partir de son dosage sanguin grâce à des formules permettant d’estimer le débit de filtration glomérulaire (DFG).
Le ionogramme sanguin
Valeurs usuelles :
Calcium
2,2-2,6 mmol/L ou 88-104 mg/L
Pourquoi surveiller son taux de calcium ?
Le calcium est le principal médiateur cellulaire responsable de la contractilité musculaire et est donc présent dans le sang de manière physiologique. En revanche, et notamment dans les cancers métastatiques avancés, on retrouve une hypercalcémie. En effet, les métastases osseuses sont à l’origine d’une dégradation accrue et inappropriée des cellules osseuses. C’est pourquoi le taux de calcium est un facteur à suivre de près dans les cancers. Il faut noter que la calcémie s’interprète en prenant compte l’état de nutrition et d’hydratation du patient.
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