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Troubles de l’attachement : quelles conséquences sur nos relations interpersonnelles ?

Publié le 16 nov. 2024 • Par Candice Salomé

La théorie de l’attachement a été fondée par John Bowlby, médecin psychiatre et psychanalyste britannique, qui s’est très tôt intéressé aux conséquences des séparations précoces des enfants d’avec leurs parents. 

Ainsi, notre façon de voir le monde, d’entrer et d’être en relation avec les autres, se forge dès la petite enfance et nous marque durablement. 

Mais alors, quels sont les différents styles d’attachement ? À quoi sont-ils dus ? Et quelles conséquences notre style d’attachement peut avoir sur nos relations actuelles ? 

On vous dit tout dans notre article ! 

Troubles de l’attachement : quelles conséquences sur nos relations interpersonnelles ?

Qu’est-ce qu’un trouble de l’attachement ? 

Un trouble de l’attachement est d’ordre réactionnel. Cela signifie qu’il existe un désordre émotionnel et comportemental. Cela naît dans la petite enfance, lorsque les besoins primaires de l’enfant ne sont pas correctement comblés

Un enfant a, en effet, des besoins primaires dont les parents doivent tenir compte. Lorsque ce n’est pas le cas, cet enfant aura plus de chance de développer un trouble de l’attachement qui affectera son comportement et ses relations tout au long de sa vie

Dans un environnement familial rassurant et bienveillant, l’enfant aura toutes les chances de construite un schéma relationnel sain et équilibré, sans trouble de l’attachement. 

A l’inverse, dans un climat familial insécurisant, l’enfant ira vers un style d’attachement dysfonctionnel, qui aura tendance à impacter sa construction émotionnelle et sa capacité à nouer des liens sociaux. 

Les troubles de l’attachement se manifestent de différentes façons d’un individu à l’autre. En déterminer les causes et les mécanismes sous-jacents est la première étape pour espérer guérir de ses blessures du passé. 

Selon la théorie de John Bowlby, il existe 4 types d’attachement.

Quels sont les 4 styles d’attachement mis en lumière par John Bowlby ? 

L’attachement “sécure” 

L’attachement dit “sécure” est favorisé par une figure de référence qui a su être attentive et sensible aux besoins de l’enfant. Le cadre posé est bienveillant, clair et encourage l’enfant à développer son autonomie dans un sentiment de sécurité. 

Dans cet environnement qui lui est rassurant, l’enfant va facilement vers les autres car il sait que sa figure d’attachement sera toujours là en cas de besoin. 

A l’âge adulte, il noue des relations saines et satisfaisantes et il sait réguler ses émotions, qu’elles soient positives ou négatives. Il n’a pas de peurs infondées vis-à-vis de l’autre et peut avancer en confiance dans ses relations. Il a conscience de sa propre valeur et a une bonne estime de lui-même. 

L’attachement “insécure évitant” 

Ce type d’attachement se développe dans un environnement où l’enfant ne peut pas exprimer librement ses émotions. La figure d’attachement n’est pas forcément maltraitante mais a tendance à se montrer indisponible, indifférente voire hostile lorsque l’enfant manifeste ses besoins. Cela peut provoquer une carence affective

L’enfant, à force d’indifférence, de rejet ou encore de punition, finit par désactiver tout comportement d’attachement, en mécanisme de défense, et ajuste son attitude dans le but d’éviter les réactions négatives de son ou ses parents. 

Un enfant évitant pourra paraître indépendant. Pourtant, il a bien conscience de l’indisponibilité de son/ses parents et développe un véritable mal-être. Lors des séparations, il ne présente aucun signe de détresse mais son niveau de cortisol (hormone du stress) est très élevé et traduit le véritable état émotionnel de l’enfant. 

Adulte, il conservera ce mode de fonctionnement et fera tout pour maintenir son entourage à distance. Dans ses relations, quelles qu’elles soient, il éprouvera un besoin immense d’autonomie et se montrera peu sensible aux émotions et aux besoins des autres

Une personne avec un style d’attachement insécure évitant aura bien souvent un ou plusieurs des traits suivants

  • Une attitude distante, voire parfois méprisante, 
  • Un manque d’empathie, 
  • Des difficultés à s’engager, à se montrer proche d’une autre personne, 
  • Une désactivation des émotions (positives et négatives), et/ou une faible démonstration de ses sentiments, 
  • Des difficultés à se dévoiler, à partager des confidences, 
  • Être certain de se suffire à soi-même et de ne pas avoir besoin des autres. 

Une personne présentant ce type d’attachement a, même si elle n’en a pas conscience, un profond besoin d’être entourée. Elle aura tendance à se lier davantage à des personnes tournées vers la satisfaction des besoins des autres, sans attente particulière de réciprocité. 

L’attachement “insécure anxieux ambivalent” 

Ce type d’attachement se crée lorsque l’environnement de l’enfant est marqué par l’inconstance des réponses de la figure d’attachement, c’est-à-dire lorsqu’un même comportement de l’enfant peut parfois être accueilli avec enthousiasme, et parfois avec agressivité. La relation parent-enfant se construit alors sur une alternance de comportements changeants

L’enfant n’arrive alors pas à déterminer comment se comporter avec son parent pour lui plaire. Cette insécurité le plonge dans une profonde confusion mêlée d’anxiété. L’enfant va alors redoubler d’effort pour tenter de lui plaire afin de recevoir l’attention dont il a besoin, développant avec le temps un comportement désespérément demandeur. Sans y parvenir, il peut finir par en conclure qu’il ne mérite pas l’affection de sa figure d’attachement, et développera une faible estime de lui-même

Adulte, cette angoisse le poursuit. Cela va se traduire par une peur de l’abandon intense et une grande dépendance affective. Ses relations aux autres sont souvent chaotiques, empreintes d’anxiété et de frustration. 

L’attachement “insécure désorganisé (ou désorienté)” 

Ce type d’attachement apparaît généralement en réponse à un ou plusieurs évènements traumatiques tels que des abus sexuels, des violences physiques ou psychologiques, etc. En parallèle de cela, les négligences émotionnelles sont très présentes. La figure d’attachement n’est pas disponible pour l’enfant, elle se montre instable dans la gestion des émotions et imprévisible dans ses réponses

L’enfant plonge dans une confusion totale et ne parvient pas à adapter ses comportements tellement le niveau de menace et d’incohérence est fort. L’enfant devient alors lui aussi instable. Il perd le lien avec ses émotions et devient, à son tour, imprévisible, s’enfermant dans le mutisme ou passant par des colères intenses

Avec le temps, l’enfant développera des stratégies de survie variées lui permettant de gérer sa peur et son anxiété. Il peut adopter un contrôle quasiment tyrannique envers son parent, voire envers les adultes en général. A l’inverse, il peut se montrer très protecteur et bienveillant avec son entourage. En choisissant l’une ou l’autre de ces stratégies, il reprend le contrôle. Il n’est plus victime mais devient soit l’oppresseur soit le sauveur. 

A l’âge adulte, il balancera constamment entre comportements de rejet et désir de se rapprocher des autres, avec des niveaux d’angoisse et de méfiance très élevés. Il aura une très faible estime de lui-même. Cette peur de finir rejeté rend toutes connexions aux autres très compliquées. Les adultes désorganisés auront tendance à rester en retrait et à éviter tout rapprochement

La gestion de leurs émotions leur est très compliquée, cela les conduire souvent à se déconnecter d’eux-mêmes et de leurs ressentis. Dans une relation amoureuse, les comportements seront bien souvent chaotiques. 

Conclusion 

Pour les personnes avec un style d'attachement insécure, il est possible de travailler sur ses schémas relationnels afin de vivre des relations plus épanouissantes. Les prises en charge incluent souvent une thérapie, comme la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) ou la thérapie basée sur l'attachement, pour explorer les origines des peurs relationnelles, mieux comprendre ses réactions émotionnelles et apprendre de nouvelles façons de communiquer. Avec l’aide d’un professionnel, il est possible de développer une meilleure sécurité affective, ouvrant la voie à des interactions plus sereines et équilibrées. 

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Sources :
Trouble de l'attachement : 3 styles qui causent la dépendance affective, La Clinique E-Santé 
Miljkovitch, R. et Cohin, E. (2007) . L'attachement dans la relation de couple : une continuité de l'enfance ? Dialogue, n° 175(1), 87-96. https://doi.org/10.3917/dia.175.0087
Dugravier, R. et Barbey-Mintz, A. (2015) . Origines et concepts de la théorie de l’attachement. Enfances & Psy, N° 66(2), 14-22. https://doi.org/10.3917/ep.066.0014
Quels sont les styles d'attachement dans les relations amoureuses ?, Psychomédia 
Trouble de l'attachement chez l'adulte : Comment affecte-t-il ?, Psychologue.net 

avatar Candice Salomé

Auteur : Candice Salomé, Rédactrice Santé

Créatrice de contenus chez Carenity, Candice est spécialisée dans la rédaction d’articles santé. Elle a une appétence particulière pour les domaines de la psychologie, du bien-être et du sport.

Candice est... >> En savoir plus

5 commentaires


SepSepien
le 17/11/2024

Bonjour @Candice.S ,

Merci encore pour ce 💫 très bon article 💫 !

Mais encore, comme partout dans les médias, l'usage d'anglicismes :

"impacter" : qui se substitue (irrémédiablement) à "affecter",Google : L'adjectif insécure, malgré sa ressemblance avec le nom insécurité, est un emprunt à l'anglais insecure. Son emploi est déconseillé en français. On pourra remplacer insécure par des adjectifs ou des expressions comme anxieux, inquiet, peu sûr, dangereux, vulnérable, précaire ou fragile, selon le contexte.


Bises, amitiés, bon dimanche 🌺 !


Anna13
le 18/11/2024

C'est très bien décrit. Pour moi ce serait "attachement insecure evitant".

Père alcoolique, mère froide et non démonstrative, ambiance anxiogène à la maison.

J'ai développé une dépendance affective qui a engendré de mauvais choix de partenaires.

Il y a 20 ans j'ai commencé à suivre une première puis une deuxième thérapie comportementale et cognitive car je n'arrivais pas à gérer mes émotions j'oscillais entre joie et colères intenses. C'était épuisant

Aujourd'hui ça va beaucoup mieux même s'il reste des cicatrices.


romance53
le 19/11/2024

Je n'arrive pas à me retrouver dans l'un des 3 derniers types d'attachements. Ce n'est pas le premier c'est sûr !

C'est un mélange. Difficile de rentrer dans un cadre.

L'humain est complexe, il y a peut-être autant de types qu'il y a de gens.


GérardC
le 19/11/2024

Bonjour,

Merci pour cet article. Je m’y retrouve facilement.

Mon enfance avait bien commencé, dans la joie et la spontanéité. Le venue d’un petit frère arriéré mental, les conflits parentaux et une emprise psychologique incestueuse par une mère atteinte de troubles psychiatriques ont tout cassé. L’amour n’était pas assez présent, ou pas assez exprimé.

S’en sont suivis bégaiement, complexes, solitude, manque d’estime de soi, difficulté à aimer, à recevoir de l’amour, à m’aimer.

Puis un rejet de toute forme de dépendance, une prudence excessive dans mes relations, un manque de convivialité.

A mes yeux, je ne pouvais pas être estimable pour ce que j’étais, alors j’ai cherché à être estimé pour ce que je réalisais. J’ai beaucoup travaillé ; j’ai beaucoup aidé.

L’altruisme, le courage et le respect m’ont permis de vivre dans la société et d’y agir.

Ma vie aurait été plus simple si, enfant, j’avais été aimé !











Vinca35
le 11/12/2024

Article très intéressant. Je n'identifie pas de meilleure formelle le type d'attachement qui me concerne. Je pense que c'est un mix des 4 situations exposées, selon les périodes de ma vie. Une carence affective dûe à des dysfonctionnements familiaux. Ainsi sur le plan affectif, j'ai oscillé, entre le fait d'être "trop aimée ou investie" ou "contrôlée, rejetée, jugée et culpabilisée". Je continue à me heurter au manque d'estime de soi, l'anxiété et l'angoisse restent sous-jacentes. J'ai toujours des difficultés à accorder ma confiance et paradoxalement je suis quelqu'un qui a toujours privilégié les contacts sociaux. Je pense avoir cheminé avec résilience.

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