Tout savoir sur les traitements corticoïdes (cortisone) : utilité, posologie, effets secondaires...
Publié le 22 sept. 2020 • Mis à jour le 16 juin 2021 • Par Candice Salomé
La cortisone et ses dérivés (les corticoïdes) sont très utilisés pour leur action anti-inflammatoire permettant d’empêcher aux défenses immunitaires de s’emballer et de relâcher les substances qui causent les symptômes de l’inflammation (rougeurs, douleurs, gonflement…). Cependant, un traitement au long cours à base de cortisone peut entraîner de nombreux effets secondaires. Alors, à quoi sert véritablement la cortisone ? À quel moment doit-on prendre un traitement à base de cortisone ? Quels sont ses effets secondaires ? Faut-il adapter son régime alimentaire ?
On vous dit tout dans notre article !
Qu’est-ce que la cortisone ? Quel est son rôle ?
Appartenant à la famille des stéroïdes, la cortisone est fabriquée naturellement par les glandes surrénales situées au-dessus des reins. Ces glandes, dont la structure est pyramidale, sont composées de deux parties dont les fonctions diffèrent : la zone médullosurrénale (le coeur de la glande) sécrète principalement l’adrénaline; tandis que la zone corticosurrénale (la périphérie de la glande) produit des androgènes, des minéralocorticoïdes et des glucocorticoïdes. La cortisone et ses dérivés sont des glucocorticoïdes.
La cortisone existe à l’état naturel dans le corps et s’appelle le cortisol. Cette hormone, dont les rôles sont multiples, est indispensable à la régulation de notre métabolisme et dispose de propriétés anti-inflammatoires. Les chercheurs s’y sont très vite intéressés afin de mettre au point plusieurs médicaments, qui diffèrent entre eux notamment en termes de rapidité d’action, de durée d’action et de pouvoir anti-inflammatoire. Outre la cortisone, citons par exemple la prednisone, la méthylprednisolone et la dexaméthasone.
Les médicaments à base de cortisone sont utilisés pour traiter un grand nombre de maladies présentant un processus inflammatoire, qu’il soit aigu ou chronique comme les maladies d’origine rhumatologique, ORL, dermatologique, rénale, broncho-pulmonaire ou encore ophtalmologique.
La cortisone et les corticoïdes sont aussi prescrits pour soulager certaines maladies auto-immunes comme la sclérose en plaques ou la polyarthrite rhumatoïde ou encore dans le cadre d’une prise en charge palliative de certains cancers.
Quels sont les principes du traitement à base de cortisone ?
On différencie en général les traitements corticoïdes selon leur durée : “corticothérapies courtes” (- de 3 mois) et les “corticothérapies prolongées” (+ de 3 mois) voir “au long cours”.
Il est nécessaire de définir la posologie quotidienne prescrite. Lorsque les posologies quotidiennes sont inférieures à 7,5 mg d’équivalent prednisone⃰ , on considère qu’il s’agit de faibles doses. Quand les doses quotidiennes sont comprises entre 7,5 et 30 milligrammes d’équivalent prednisone, il s’agit de doses modérées. Une posologie quotidienne supérieure à 30 mg d’équivalent prednisone est considérée comme élevée.
C’est surtout en cas de doses élevées et prolongées que les effets indésirables sont observés.
⃰ la prednisone est prise comme référence pour son activité anti-inflammatoire ; un calcul d’équivalence permet d'établir quelle dose d'un autre corticoïde est nécessaire pour atteindre la même efficacité anti-inflammatoire.
Comment mettre en place certaines corticothérapies au long court ?
Certaines maladies nécessitent un traitement initial par voie intraveineuse à fortes doses, aussi appelés “bolus de corticoïdes" : jusqu’à 1000 milligrammes par jour de méthylprednisolone. La dose de corticoïdes est ensuite réduite lorsque l’effet thérapeutique recherché est obtenu. Cela permet de trouver la posologie minimale efficace pour avoir les effets bénéfiques du traitement tout en limitant le plus les effets secondaires.
Quel est le meilleur moment pour prendre de la cortisone ?
Pour se rapprocher de son effet physiologique, il est préférable de prendre la cortisone le matin, moment où l’organisme produit naturellement les plus grosses doses de cortisol.
Cependant, pour les pathologies comme la polyarthrite rhumatoïde ou les maladies auto-immunes, où seule une très petite dose de corticoïde est nécessaire, le traitement peut se prendre le soir au coucher afin d’avoir le maximum d’effet anti-inflammatoire pendant le sommeil, là où l’activité auto-immune est la plus importante.
Dans le cadre de poussées particulièrement sévères, le médecin peut prescrire le traitement à base de cortisone en deux prises quotidiennes (le matin et le soir, par exemple pour traiter la névralgie cervico-brachiale).
Les médecins recommandent généralement de prendre le traitement au cours d’un repas.
Quels sont les effets indésirables de la cortisone ?
Les effets indésirables de la cortisone sont nombreux : prise de poids, fragilisation de la peau, fonte musculaire ou ostéoporose en font partie. Des effets secondaires neuropsychiatriques peuvent également apparaître.
Prise de poids :
Les corticoïdes induisent souvent une prise de poids si le traitement dure de plusieurs semaines à quelques mois. La prise de poids est généralement modérée : de 1 à 2 kilos. Seulement 10 % des patients traités au long cours verront leur poids nettement s’accroître, avec une augmentation de 10% de leur poids initial ou dit “de forme”.
De plus, la cortisone modifie l’aspect physique. Un arrondissement du visage (appelé “visage lunaire”), une bosse au niveau de la nuque (appelée “bosse de bison”) ou une augmentation du tour de taille peuvent apparaître.
Ces changements sont dus à une redistribution des cellules graisseuses dans l’organisme (“lipodystrophie”) et non à de la rétention d’eau.
En tout, 60 % des patients présentent une modification significative de leur aspect physique après 2 ou 3 mois de traitement corticoïde.
Fragilisation de la peau :
Les traitements corticoïdes induisent généralement de nombreux effets secondaires cutanés. Ces effets indésirables sont de 3 types :
- Trophiques (fragilité de la peau) : des vergetures, des ecchymoses, une sécheresse cutanée et des difficultés de cicatrisation peuvent apparaître.
- Infectieux : infection à la base des poils par exemple.
- Divers : acné, augmentation de la pilosité, dépigmentation.
Selon le type de corticoïde, la posologie et la durée du traitement, ces effets indésirables apparaissent chez moins de 5 % à plus de 70% des patients. Ils sont plus souvent rapportés après une exposition prolongée aux corticoïdes.
Fonte musculaire :
Les traitements corticoïdes fragilisent les muscles et les tendons. Une faiblesse musculaire peut apparaître et devenir gênante pour la réalisation des gestes et mouvements quotidiens comme monter les escaliers ou soulever des charges. Il y a cependant peu voire pas de douleurs musculaires associées.
Les traitements à base de cortisone peuvent fragiliser les tendons mais les cas de ruptures tendineuses restent toutefois exceptionnels.
De plus, en début de traitement, les corticoïdes provoquent généralement des crampes, souvent nocturnes, qui touchent principalement les mains et les pieds.
Ostéoporose (fragilité des os) :
La fréquence de l’ostéoporose varie en fonction de la posologie et de la durée des traitements corticoïdes mais aussi de la pathologie nécessitant le traitement.
L’ostéoporose est, par exemple, fréquente au cours de la polyarthrite rhumatoïde mais très rare au cours de l’asthme.
L’ostéoporose s’installe dès les premiers jours de traitement mais ne devient problématique que lors de traitements au long cours.
Humeur et moral :
Les corticoïdes peuvent induire des troubles de l’humeur mineurs : insomnie, anxiété, irritabilité, troubles légers de la mémoire et difficultés de concentration notamment. Dans de très rares cas, les traitements peuvent provoquer une dépression ou des délires.
Les troubles mineurs sont fréquents : 40 à 50 % des patients connaissent une insomnie, une anxiété ou une irritabilité. Les perturbations sévères sont rares et concernent moins de 5% des patients. Elles doivent amener les patients ou leur entourage à demander un avis médical.
Infections :
Les corticoïdes, notamment en réduisant l’inflammation, affaiblissent les défenses immunitaires. C’est grâce à cette propriété qu’ils permettent de traiter de nombreuses pathologies. Mais cela entraîne également un plus grand risque d’infections. Les infections, qu’elles soient bactériennes, virales, parasitaires ou fongiques, sont plus fréquemment observées chez les patients traités par corticoïdes. Ces infections peuvent toucher tous les organes (tube digestif, poumons, peau…). Elles peuvent se manifester de façon très diverse. Quoi qu’il en soit, l’apparition de fièvre doit être impérativement signalée à un médecin.
Y a-t-il des aliments à éviter avec la cortisone ?
Afin de minimiser les effets indésirables de la corticothérapie notamment au long cours, diverses mesures sont à prendre en compte d’un point de vue alimentaire :
- Suivre un régime riche en protéines qui permettra de limiter la fonte musculaire. Il faut coupler ce régime à une activité physique régulière.
- Suivre un régime pauvre en graisses animales (crème, fromage, charcuterie…) et riche en bonnes graisses (avocat, huiles végétales…). Un régime peu sucré est également recommandé.
- Suivre un régime riche en calcium avec un apport suffisant en vitamine D afin de limiter le risque d’ostéoporose.
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Sources :
https://www.pourquoidocteur.fr/Traitement/8-Cortisone-les-corticoides-indispensables-contre-les-douleurs-inflammatoires/p-54-ADMINISTRATION-Cortisone
https://www.femmeactuelle.fr/sante/sante-pratique/cortisone-dans-quels-cas-est-elle-prescrite-26699
https://www.planetesante.ch/Magazine/Autour-de-la-maladie/Maladie-de-Crohn/La-cortisone-reste-le-seul-remede-aux-inflammations
https://www.ligues-rhumatisme.ch/blog/2019/cortisone-laquelle-est-bonne-et-laquelle-est-mauvaise
https://www.allodocteurs.fr/se-soigner/medicaments/corticoides/la-face-cachee-de-la-cortisone_1850.html#:~:text=Prise%20de%20poids%2C%20fragilisation%20de,sous%20cortisone%20%C3%A0%20haute%20dose.
https://cortisone-info.com/effets-indesirables/cortisone-effets-secondaires/
http://institut-e3m.aphp.fr/les-conseils-dietetiques-en-cas-de-prise-de-prednisone/
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