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Syndrome des jambes sans repos : que faire lorsque vos jambes ne restent pas immobiles ?

Publié le 31 mars 2025 • Par Somya Pokharna

Avez-vous déjà été confronté à une envie irrésistible de bouger vos jambes, en particulier la nuit, ce qui vous empêche de vous détendre ou de vous endormir ? Si c'est le cas, vous n'êtes pas seul. Le syndrome des jambes sans repos (SJSR) est une affection neurologique qui touche des millions de personnes dans le monde. Il se manifeste souvent par une sensation de picotement ou de brûlure au niveau des jambes, obligeant la personne à changer constamment de position pour trouver un soulagement.

Pour certains, le SJSR n'est qu'une gêne occasionnelle. Pour d'autres, il peut gravement perturber le sommeil nuit après nuit, entraînant un épuisement chronique, des difficultés de concentration et même une détresse émotionnelle. Bien qu'il s'agisse d'un trouble courant, de nombreuses personnes ne sont pas diagnostiquées pendant des années, considérant souvent leurs symptômes comme une simple agitation.

Mais qu'est-ce qui augmente le risque de développer un SJSR ? Comment peut-on le prendre en charge et quelles sont les options thérapeutiques disponibles ?

Découvrons les réponses dans cet article !

Syndrome des jambes sans repos : que faire lorsque vos jambes ne restent pas immobiles ?

Qu'est-ce que le syndrome des jambes sans repos (SJSR) ? Quels en sont les symptômes ?

Le syndrome des jambes sans repos, également connu sous le nom de maladie de Willis-Ekbom, est un trouble neurologique du mouvement qui se caractérise principalement par un besoin irrésistible de bouger les jambes, souvent accompagné d'une gêne telle que des picotements, des craquements, des tiraillements ou des sensations de brûlure. Ces symptômes surviennent lorsque le corps est inactif ou au repos, s'aggravent le soir ou la nuit et sont soulagés par le mouvement. Dans certains cas, les symptômes s'étendent au-delà des jambes et affectent les bras ou d'autres parties du corps.

Le SJSR est classé comme primaire (idiopathique), c'est-à-dire sans cause connue, ou secondaire, c'est-à-dire résultant d'une autre pathologie telle qu'une carence en fer ou une maladie rénale.

Les personnes atteintes de SJSR souffrent fréquemment de troubles du sommeil, ce qui entraîne des difficultés à s'endormir et à rester endormi. Il en résulte une somnolence diurne excessive, des changements d'humeur, des difficultés de concentration et des troubles de la mémoire. La gravité des symptômes varie, certains ressentant une gêne intermittente tandis que d'autres souffrent d'épisodes quotidiens et débilitants.

Quelles sont les causes du syndrome des jambes sans repos ?

L'âge

Le SJSR devient plus fréquent avec l'âge, la plupart des cas apparaissant chez des adultes d'âge moyen ou plus âgés. Des études suggèrent que la prévalence du SJSR est significativement plus élevée chez les personnes âgées de plus de 40 ans.

Le genre

Les femmes sont plus susceptibles de développer un SJSR que les hommes. Cette différence entre les sexes peut être due à des facteurs hormonaux, des études montrant une prévalence accrue chez les femmes ayant eu des grossesses multiples.

Les facteurs génétiques

Une forte composante génétique a été identifiée dans le SJSR, en particulier chez les patients qui présentent des symptômes avant l'âge de 40 ans. Plusieurs variations génétiques, dont MEIS1, BTBD9 et PTPRD, ont été associées à un risque plus élevé de développer la maladie.

La grossesse

Les symptômes du SJSR apparaissent ou s'aggravent souvent pendant la grossesse, en particulier au cours du troisième trimestre. Bien que la cause exacte soit inconnue, les fluctuations hormonales, les modifications du volume sanguin et les carences en fer pendant la grossesse peuvent y contribuer. Les symptômes disparaissent souvent après l'accouchement.

Les dysfonctionnement neurologique et troubles tels que la maladie de Parkinson

On pense que le SJSR résulte d'un dysfonctionnement du système dopaminergique, en particulier dans les ganglions de la base (autrement appelés noyaux gris centraux ou noyaux de la base), une partie du cerveau responsable du contrôle des mouvements. Un dysfonctionnement du système dopaminergique, similaire à celui observé dans des pathologies comme la maladie de Parkinson, est également impliqué dans le syndrome des jambes sans repos (SJSR). Ainsi, une personne atteinte de la maladie de Parkinson présente un risque accru de développer un SJSR.

Une anémie ferriprive (faible taux de ferritine sérique)

Le fer joue un rôle essentiel dans la production de dopamine, et une carence en fer, en particulier dans le cerveau, a été fortement liée au SJSR. Un faible taux de ferritine (<50 ng/mL) est associé à des symptômes plus graves, ce qui fait de la supplémentation en fer un traitement clé pour certains patients.

La maladie rénale chronique (ou insuffisance rénale chronique)

Le SJSR est fréquent chez les patients atteints d'insuffisance rénale terminale et chez ceux qui subissent une hémodialyse. Le mécanisme exact n'est pas clair, mais on pense que les perturbations du métabolisme du fer et l'accumulation de toxines contribuent à l'apparition des symptômes.

Le diabète et la neuropathie périphérique

Le diabète, en particulier lorsqu'il est associé à des lésions nerveuses (neuropathie périphérique), peut augmenter la probabilité d'apparition du SJSR. Les dysfonctionnements nerveux et les troubles métaboliques peuvent aggraver les symptômes chez les patients diabétiques.

Certains traitements

Certains médicaments peuvent déclencher ou aggraver les symptômes du SJSR. Il s'agit notamment des antidépresseurs, en particulier des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) et des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN), des antihistaminiques, des antipsychotiques et de certains médicaments anti-nauséeux.

Le mode de vie

Des facteurs liés au mode de vie, tels que la consommation de caféine, d'alcool et de nicotine, peuvent aggraver les symptômes du SJSR. La réduction de la consommation de ces substances et le maintien d'une routine de sommeil saine peuvent aider à gérer la maladie.

Comment le syndrome des jambes sans repos est-il diagnostiqué ?

Le diagnostic du SJSR repose principalement sur des critères cliniques, car aucun test ne permet de confirmer sa présence. Le groupe d'étude international sur le syndrome des jambes sans repos (IRLSSG) a établi cinq critères diagnostiques clés :

  1. Une forte envie de bouger les jambes, souvent accompagnée de sensations désagréables,
  2. Les symptômes apparaissent ou s'aggravent pendant le repos ou l'inactivité,
  3. Il y a un soulagement par le mouvement, au moins temporairement,
  4. Les symptômes plus intenses le soir ou la nuit,
  5. Des symptômes qui ne s'expliquent pas uniquement par une autre affection médicale ou comportementale.

En plus de l'évaluation clinique, des tests de laboratoire peuvent être effectués pour exclure des conditions sous-jacentes telles qu'une carence en fer. Une étude du sommeil (polysomnographie) peut également être recommandée pour les patients présentant des troubles du sommeil importants ou suspectés de souffrir d'un trouble des mouvements périodiques des membres.

Comment traiter et prendre en charge le syndrome des jambes sans repos ?

Le traitement du SJSR dépend de la gravité des symptômes et de la présence d'éventuelles affections sous-jacentes.

Les approches non pharmacologiques

Dans les cas légers, les modifications du mode de vie, l'exercice physique et l'hygiène du sommeil peuvent s'avérer efficaces. Éviter la caféine, la nicotine et l'alcool, ainsi que maintenir un horaire de sommeil régulier, peut contribuer à réduire la gravité des symptômes.

Une supplémentation en fer

La supplémentation en fer peut soulager les personnes dont le taux de fer est faible. Des études suggèrent qu'une augmentation du taux de ferritine au-dessus de 50 ng/mL peut améliorer les symptômes. Les patients souffrant d'un SJSR plus grave peuvent avoir besoin d'un traitement pharmacologique.

Les traitements médicamenteux

Voici quelques traitements qui peuvent être utiles dans la gestion du SJSR :

  • Les agonistes de la dopamine tels que le pramipexole, le ropinirole et la rotigotine sont couramment prescrits pour les cas modérés à sévères. Ces médicaments aident à réguler les niveaux de dopamine dans le cerveau et sont efficaces pour réduire les symptômes. Toutefois, l'utilisation à long terme d'agonistes dopaminergiques peut entraîner une augmentation, c'est-à-dire une aggravation des symptômes au fil du temps, qui nécessite une surveillance et une prise en charge attentives. Si les symptômes s'aggravent plus tôt dans la journée ou deviennent plus sévères, il peut être nécessaire de réduire la dose d'agoniste dopaminergique ou de passer à un autre traitement.
  • Les ligands alpha-2-delta, tels que la gabapentine et la prégabaline, sont des traitements alternatifs qui agissent sur les canaux calciques du système nerveux. Ces médicaments présentent un risque d'augmentation plus faible que les agonistes dopaminergiques et sont souvent utilisés chez les patients souffrant de neuropathie ou de SJSR lié à la douleur.
  • En cas d'échec des traitements standard, des opioïdes tels que le tramadol, l'oxycodone ou la méthadone peuvent être envisagés. Ces médicaments sont généralement réservés aux cas de SJSR sévères et réfractaires en raison du risque de dépendance et d'effets secondaires.

A retenir !

Le syndrome des jambes sans repos est un trouble neurologique répandu, mais souvent négligé, qui a des répercussions importantes sur le sommeil et la qualité de vie. Bien que la cause exacte ne soit pas claire, la recherche a identifié des liens avec une carence en fer, un dysfonctionnement de la dopamine, des facteurs génétiques et certaines conditions médicales.

Un diagnostic précoce et des stratégies de traitement adaptées, comprenant des changements de mode de vie, une supplémentation en fer et des médicaments, peuvent aider à gérer efficacement les symptômes. Il est essentiel de sensibiliser les gens et de les encourager à consulter un médecin en cas de symptômes persistants afin d'améliorer les résultats pour les patients.


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Sources:
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Auteur : Somya Pokharna, Rédactrice santé

Somya est créatrice de contenu chez Carenity, spécialisée dans la rédaction d'articles sur la santé. Elle est diplômée d'un master à l'école de... >> En savoir plus

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