Scoliose : un robot, une imprimante 3D et trois chirurgiens au chevet d'un enfant
Publié le 11 oct. 2017
Une opération, réalisée au CHU Amiens-Picardie, a permis à un patient de 6 ans très handicapé de s'asseoir de nouveau. Une première mondiale.
Ce petit bonhomme de 6 ans ne pouvait tout simplement plus s'asseoir. Atteint d'une scoliose grave évolutive et d'une maladie entraînant une importante faiblesse musculaire (une amyotrophie spinale infantile), il a bénéficié d'une opération inédite, assistée par un robot, le 28 septembre au CHU Amiens-Picardie.
Le dos du jeune malade fragile a pu être redressé par des tiges placées le long de sa colonne vertébrale lors d'une opération « mini-invasive », donc avec de petites incisions, assistée par un robot. L'intervention, préparée pendant un an, a nécessité la collaboration du Docteur François Deroussen, chirurgien orthopédique pédiatrique à l'origine de ce projet, du Professeur Richard Gouron, chef de service de chirurgie de l'enfant, du Docteur Michel Lefranc, neurochirurgien, et de l'équipe d'anesthésie.
Une opération simulée sur un mannequin conçu avec une imprimante 3D
L'équipe a commencé par procéder à un scanner de l'enfant en traction. Cet étirement a permis de visualiser sa colonne vertébrale dans la position la plus proche de ce qu'elle sera sur la table d'opération. La modélisation du dos déformé a permis de produire une impression en 3D. Cette partie osseuse reconstituée a été intégrée dans un mannequin de la même taille que celle du jeune patient. L'équipe a donc pu concevoir les différentes phases de l'intervention en toute sécurité. Elle a même simulé deux fois l'opération avant de la pratiquer, ce qui lui a notamment permis de s'assurer de la compatibilité du matériel d'implantation des vis avec le robot et de vérifier que la taille des implants était adaptée à celle du petit malade. Ainsi, le jour J, les chirurgiens ont pu disposer de tiges précintrées, adaptées aux courbures de sa colonne.
Un traitement exceptionnel réservé à des cas particuliers
Grâce aux exercices de simulation, l'équipe a pu travailler sereinement, avec un bon niveau de sécurité pour ce jeune patient. L'intervention a duré trois heures et les chirurgiens ont bénéficié de l'assistance et de la précision du robot Rosa. Une fois le robot configuré, son aide est précieuse. Les deux équipes se sont réparti le montage des tiges sur les parties haute et basse de la colonne vertébrale. Ensuite, les médecins ont choisi les points de fixation des vis ; le forage et leur mise en place ont été guidés par le robot. Il ne leur restait plus qu'à effectuer une pose « percutanée » des tiges.
Le jeune opéré se remet bien. Le fait de pouvoir se mettre assis améliore évidemment son confort de vie, ses relations sociales, et lui évite les risques liés à la position allongée permanente. Il échappe aussi désormais aux complications (respiratoires, digestives, cutanées…) d'une scoliose grave.
Fiers de leur résultat, les chirurgiens précisent que ce type d'intervention reste réservé à un nombre réduit de cas : des enfants fragiles dont la croissance n'est pas terminée et dont les scolioses sont difficilement appareillables ou qui ne peuvent plus bénéficier d'un appareillage. Déjà quatre autres petits malades attendent d'être opérés.
Et vous, accepteriez-vous d'être opéré par un robot ?
Le Point
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