Sclérose en plaques : les femmes sont-elles plus touchées ?

Qu’est-ce que la sclérose en plaques (SEP) ?

La sclérose en plaques (SEP) est une maladie auto-immune du système nerveux central – cerveau et moelle épinière. La SEP provoque un dérèglement du système immunitaire qui s’attaque à la myéline, la gaine protectrice des fibres nerveuses. 

Les symptômes de la sclérose en plaques varient énormément d’un patient à un autre et ils changent également au cours de la vie chez un même patient. Ils dépendent de la zone de la moelle épinière ou du cerveau touchée par les lésions de la maladie. Mais nous pouvons retrouver les symptômes suivants : 

• Des troubles moteurs. Ils sont liés à une faiblesse musculaire et peuvent toucher les membres supérieurs et/ou inférieurs réduisant ainsi les capacités des patients à se déplacer correctement, 
• Des troubles de la sensibilité comme des engourdissements, des douleurs, des fourmillements… 
• Des symptômes visuels : une vision double ou encore une baisse de l’acuité visuelle, 
• Des troubles de l’équilibre, de la coordination ou des vertiges, 
• Des troubles urinaires et sexuels, 
• Des troubles cognitifs tels que des difficultés à se concentrer, des problèmes de mémoire, un ralentissement cognitif… 

Selon l’Inserm, 110 000 personnes sont concernées par la sclérose en plaques en France. Il s’agit de la première cause de handicap sévère non traumatique chez les jeunes adultes. Elle touche majoritairement des femmes (3 femmes pour un homme) pour la forme la plus fréquente, la forme rémittente (85% des patients atteints de SEP). 

Pourquoi les femmes sont-elles de plus en plus touchées par la sclérose en plaques (SEP) ? 

La sclérose en plaques (SEP) est une pathologie qui touche majoritairement les femmes. Mais cette tendance ne fait que s’accentuer au fil des années. Selon le neurologue Thibault Moreau, on compte désormais 3 femmes atteintes de sclérose en plaques pour 1 homme. Dans les années 50/60, c’était 2 femmes touchées pour 1 homme. 

Selon les chercheurs, la sclérose en plaques est une pathologie multifactorielle qui combine des facteurs génétiques - bien qu’il ne s’agisse pas d’une maladie héréditaire - et environnementaux. 

Ces facteurs environnementaux pourraient expliquer pourquoi les femmes sont de plus en plus concernées par la sclérose en plaques. Ils pourraient être liés aux changements des habitudes de vie. 

En 2012, la revue américaine Neurology publiait les résultats d’une étude portant sur l’augmentation de la proportion de femmes atteintes de SEP en Crète entre 1980 et 2008. Dans cette étude, l’augmentation des cas de sclérose en plaques chez les femmes concernait surtout des femmes vivant en ville. 

La Crète étant homogène d’un point de vue génétique, les scientifiques, auteurs de cette étude, ont avancé le fait que l’augmentation des cas de sclérose en plaques chez les femmes était associée au passage d’un mode de vie rural à un mode de vie urbain. 

Ainsi, pour les femmes, l’urbanisation avait entraîné : 

• Une hausse du tabagisme, 
• Un usage plus fréquent de contraceptifs et des grossesses de plus en plus tardives, 
• Un changement d’alimentation. Par exemple, le lait de chèvre frais local a été remplacé par du lait de vache pasteurisé produit de façon industrielle. 

De plus, selon la neurologue Catherine Lubetzki, qui dirige une équipe de recherche à l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière (ICM), l’obésité est également un facteur de risque de développer la sclérose en plaques. 

Autre facteur de risque : le niveau d’ensoleillement. En effet, dans l’hémisphère Nord, au plus loin de l’équateur, la sclérose en plaques est plus présente. 

Une autre étude, plus récente, parue dans Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), démontrait que les hommes étaient moins touchés que les femmes par la sclérose en plaques parce qu’ils produisent plus de testostérone, hormone qui semblerait protéger, dans une certaine mesure, contre la SEP. 

Sclérose en plaques : une prise en charge plus précoce qu’avant ?

Même si la sclérose en plaques ne se guérit pas, sa prise en charge permet néanmoins d’en atténuer les symptômes. 

Grâce aux traitements qui sont apparus depuis une vingtaine d’années, la qualité de vie des patients s’en trouve améliorée. 

De plus, grâce aux progrès de l’imagerie, le diagnostic et donc la prise en charge de la sclérose en plaques sont beaucoup plus précoces qu’avant. 

En outre, les recherches médicales menées sur la sclérose en plaques ont permis de mieux comprendre la maladie. Dans les années 60, les médecins interdisaient aux femmes atteintes de SEP de faire des enfants. Désormais, il a été démontré qu’il n’y avait aucun risque. Les patients peuvent mener des projets de vie avec la sclérose en plaques.