Qu’est-ce que l’éco-anxiété et ses effets sur notre santé mentale ?

Que signifie réellement le terme “éco-anxiété” ? 

Le terme “éco-anxiété” vient de la contraction des mots “écologie” et “anxiété”. L’éco-anxiété a été théorisée à partir de 1997 par Véronique Lapaige, chercheure en santé publique. 

La notion d’éco-anxiété est de plus en plus utilisée dans les médias et fait l’objet d’un intérêt croissant de la part des mondes académiques et médicaux. 

Pourtant, il n’existe pas, à l’heure actuelle, de définition qui fasse l’objet d’un consensus, notamment d’un point de vue médical, ni dans les dictionnaires de référence en France. 

Mais, si l’on regarde du côté des dictionnaires publiés à l’étranger ou sur certaines publications spécialisées, les définitions données s’accordent sur : “Un sentiment de préoccupation, d’inquiétude, d’angoisse et d’anxiété ressenti par certains individus qui est provoqué par des bouleversements actuels ou bien par des menaces qui pèsent sur l’environnement, liés en particulier au dérèglement climatique.” 

Ainsi, selon l’American Psychological Association, l’éco-anxiété est “une peur chronique de la catastrophe environnementale”. Il s’agirait donc d’un stress pré-traumatique puisqu’il s’agit d’une anxiété anticipative de l’incertitude des effets du changement climatique. 

Les personnes touchées par cette anxiété vivent avec des conséquences psychologiques liées à la peur et l’incertitude de l’avenir. Cela les empêche de se projeter dans le futur de manière paisible. 

Comment l’éco-anxiété se manifeste-t-elle sur les personnes touchées ? 

A cause de phénomènes comme la montée des eaux, l’insécurité alimentaire, l’extension des terres exposées au stress hydrique, c’est la condition humaine elle-même qui s’invite au cœur des préoccupations écologiques. 

Les jeunes sont particulièrement touchés par l’éco-anxiété. En effet, 59% des 16‑25 ans dans le monde en souffriraient, dont 58% des jeunes français, selon une étude de la revue The Lancet Planetary Health en 2021 qui a interrogé 10 000 jeunes dans dix pays – dont la France. 

L’éco-anxiété n’est pas considérée comme étant une pathologie psychologique. Néanmoins, ses manifestations peuvent s’y apparenter : troubles du sommeil, perte de poids, tendance à la dépression… 

Bien qu’à ce jour l’éco-anxiété n’est ni considérée comme un syndrome, ni comme un diagnostic psychiatrique, dans la mesure où elle ne figure ni dans le DSM-5 ni dans le CIM-10 - les deux outils de classification des troubles mentaux utilisés dans le monde - le monde médical et, en particulier la psychiatrie, s’intéresse de près à cette notion, dont de plus en plus de personnes souffrent. 

Ainsi, l’éco-anxiété se manifeste par un sentiment d’angoisse et un stress accru en lien avec les préoccupations environnementales. 

Les personnes touchées peuvent ressentir un sentiment d’écrasement et d’impuissance face aux défis environnementaux. A cela, s’ajoute un sentiment de tristesse, des difficultés à ressentir de la joie et, parfois même, des pleurs inexpliqués. L’éco-anxiété peut aussi engendrer de la somatisation qui peut se traduire par des symptômes physiques comme des maux de tête, des troubles du sommeil, des problèmes digestifs ou encore d’autres symptômes liés au stress. 

L’éco-anxiété peut également avoir un lourd impact sur le quotidien et les relations sociales et familiales des personnes qui en souffrent. Les individus éco-anxieux peuvent avoir du mal à se concentrer sur leurs tâches et à maintenir des relations saines avec leur entourage. 

Lorsque trop présente dans le quotidien, l’éco-anxiété peut conduire à un isolement social et à une détérioration de la qualité de vie des personnes. 

Comment lutter contre l’éco-anxiété ? 

Les individus touchés par l’éco-anxiété peuvent utiliser différentes stratégies pour y faire face et, ainsi, transformer leurs angoisses en actions positives. 

Dans un premier temps, il est important de se renseigner sur les problèmes environnementaux et de comprendre les actions qu’il est possible d’entreprendre afin de contribuer à un changement positif. 

Rejoindre un groupe ou un réseau de personnes partageant les mêmes préoccupations peut s’avérer bénéfique. Il existe de nombreuses communautés où il est possible d’échanger sur les enjeux environnementaux afin de trouver des solutions ensemble. 

Le fait de participer à des actions collectives comme, par exemple, la collecte de déchets sur les plages, peut permettre aux personnes éco-anxieuses de se sentir utiles et d’avoir un impact positif et concret sur leur environnement immédiat. 

De plus, adopter un mode de vie plus respectueux de l’environnement, au quotidien, peut également être une source de soulagement pour les personnes éco-anxieuses. Ainsi, réduire sa consommation d’énergie, recycler ses déchets, privilégier les modes de transport qui consomment le moins, faire des choix alimentaires responsables… Tout cela peut apporter un sentiment d’accomplissement personnel et de contrôle. 

Enfin, prendre du temps pour soi et pour se détendre, pratiquer la méditation, faire des exercices de respiration… Peut aider à retrouver un équilibre émotionnel. 

Néanmoins, si la situation ne s’améliore pas, il ne faut pas hésiter à rechercher un soutien psychologique auprès d’un professionnel de la santé.