Qu’est-ce que la chronothérapie ? Ou comment prendre son traitement au bon moment !
Publié le 3 avr. 2023 • Par Candice Salomé
La chronothérapie est une discipline récente qui consiste à étudier l’administration de médicaments selon les rythmes biologiques pour en améliorer l’efficacité ou minimiser les effets secondaires.
Mais alors, quels sont les principes de la chronothérapie ? En quoi cela peut permettre à un médicament de gagner en efficacité ? Comment les effets indésirables des médicaments peuvent-ils être réduits ? Quels sont les domaines d’application de la chronothérapie ?
On vous dit tout dans notre article !
Qu’est-ce que la chronothérapie ?
Quasiment toutes les fonctions de notre organisme sont soumises au rythme circadien, c’est-à-dire à un cycle de 24 heures dominé par l’alternance jour/obscurité, qu’il s’agisse de la pression artérielle, de la fréquence cardiaque, de la production d’hormones...
Au cours de la journée, nos cellules adaptent leur activité en fonction de notre horloge interne, nichée dans notre cerveau.
Le rythme des organes, la fréquence cardiaque, les variations des sécrétions hormonales, la température ou la tension artérielle… sans oublier les périodes de veille et de sommeil… sont dictés par l’heure qu’il est. C’est ce qu’on appelle la “chronobiologie”.
Et cela a également des conséquences sur certains traitements. En effet, ces oscillations circadiennes peuvent modifier la sensibilité de nos cellules à certaines molécules thérapeutiques. Il s’agit donc d’administrer aux patients le bon médicament au moment de la journée où il est le mieux toléré et, donc, plus efficaces, tout en entraînant moins d’effets indésirables.
Quels sont les domaines d’application de la chronothérapie ?
La chronothérapie a été notamment développée en cancérologie afin d’optimiser les chimiothérapies.
En effet, les traitements de chimiothérapie ont pour but de s’attaquer aux cellules cancéreuses mais sont également néfastes voire toxique pour les cellules saines et peuvent, dès lors, entraîner des effets indésirables très importants.
Des chercheurs se sont donc demander s'il n’existait pas un moment où les cellules saines seraient moins sensibles aux molécules de chimiothérapie antitumorale. En administrant les traitements durant cette fenêtre temporelle, il devient alors possible d’en minimiser les effets secondaires mais aussi, d’augmenter leur efficacité. En effet, les effets indésirables pouvant être diminués, les doses de chimiothérapie peuvent ainsi être augmentées afin d’éliminer encore plus efficacement les cellules cancéreuses.
Afin de déterminer l’heure idéale pour administrer un médicament, il faut étudier les rythmes circadiens de la zone visée par celui-ci. Cela peut être la partie du corps atteinte par la tumeur ou, par exemple, l’intestin, puisque beaucoup de patients touchés par le cancer souffrent de diarrhées sévères après administration des chimiothérapies.
Malheureusement, il est difficile d’appliquer la chronothérapie en cancérologie car l’heure optimale pour l’administration des chimiothérapies varie très largement en fonction de nombreux critères comme le sexe (les hommes et les femmes réagissent très différemment aux chimiothérapie) ou les spécificités génétiques de chaque patient.
Néanmoins, la chronothérapie se développe dans de nombreux autres domaines comme en cardiologie ou dans la prise en charge des maladies inflammatoires.
La chronothérapie pour les maladies rhumatoïdes
La chronothérapie a fait ses preuves sur l’administration d’anti-inflammatoires pour les maladies rhumatoïdes telles que l’arthrose.
Ainsi, afin d’être le plus efficace, l’anti-inflammatoire doit être actif très tôt le matin, lorsque les patients ressentent le plus de douleurs.
Des médicaments ont donc été développés de manière à être pris tard le soir et libérer leurs actifs pendant la nuit afin d’atténuer les souffrances du réveil.
La chronothérapie pour les maladies cardiovasculaires
La CHU de Lille a réussi à mettre en évidence que les effets indésirables après une chirurgie cardiaque, impliquant de débrancher puis de rebrancher le cœur, étaient plus importants lorsque l’opération avait lieu le matin, plutôt que l’après-midi (15% des cas de complication contre 8%).
Un élément clé est à intégrer dans l’équation, il s’agit du chronotype du patient. En effet, il existe des “chronotypes du matin”. L’horloge biologique de ces patients est plus courte que l’horloge terrestre. Les “chronotypes du soir”, quant à eux, sont plutôt en retard de phase car leur horloge interne dépasse les 24 heures.
Ainsi, le chronotype décale les rythmes métaboliques et donc les règles optimales d’administration.
Pour arriver à mesurer le rythme circadien d’un patient, à un niveau individuel, il est nécessaire d’équiper le patient d’un capteur (par le biais d’une montre connectée par exemple) qui sera capable de mesurer l’activité, la température et le rythme cardiaque de ce dernier, entre autres.
Il s’agit d’un enjeu majeur qui pourra permettre de développer de nouvelles techniques et de prédire les horaires optimaux pour chaque patient dans la prise de traitements ou pour des actes chirurgicaux !
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