Que sont les anticorps monoclonaux et quelles maladies traitent-ils ?
Publié le 8 nov. 2021 • Par Candice Salomé
Les anticorps monoclonaux sont des anticorps fabriqués par des cellules mises en culture dans des laboratoires. Ils servent à traiter des maladies spécifiques comme certaines maladies chroniques inflammatoires, des cancers et depuis peu, les formes grave de la Covid-19. En France, plus de 30 anticorps monoclonaux sont commercialisés. Ces derniers ont révolutionné la prise en charge de nombreuses maladies.
Mais, que sont exactement les anticorps monoclonaux ? Quelles maladies traitent-ils ? Comment sont-ils administrés ? Quels sont leurs effets secondaires ?
On vous dit tout dans notre article !
Que sont les anticorps monoclonaux ?
Lors d’une infection, l’organisme humain élabore une réponse immunitaire dans le but de guérir de l’infection en luttant contre l’agent infectieux (virus, bactérie…) mais aussi d’empêcher une future infection par ce même agent.
La réponse immunitaire est un ensemble complexe de réactions biologiques de défense dont l’une des modalités est la production d’anticorps.
Les anticorps, en se liant spécifiquement à tel élément de l’agent infectieux, entravent son action et facilitent son élimination, luttant donc contre l’infection.
Les anticorps peuvent également reconnaître des cellules humaines étrangères (après une greffe) ou s’attaquer par erreur à des cellules du corps. C’est le cas des maladies auto-immunes comme le lupus ou la sclérose en plaques, par exemple.
Alors que les anticorps produits lors de ces évènements sont polyclonaux, c’est-à-dire qu’ils reconnaissent divers éléments de la cellule cible, les anticorps monoclonaux, ne réagissant spécifiquement que contre un élément, sont fabriqués en laboratoire pour des utilisations médicales ou scientifiques. Ils sont produits par des cellules mises en culture : bactéries, levures ou cellules de mammifère. Ces cellules ont été sélectionnées et cultivées pour leur commodité de manipulation et leur capacité à produire un anticorps particulier.
Généralement, l’anticorps monoclonal est produit par des cellules immunitaires extraites d’animaux de laboratoire qu’on a exposés à la « protéine cible » (l’élément que l’anticorps reconnaîtra). Ces cellules immunitaires sont fusionnées à d’autres cellules de sorte à obtenir des souches de cellules rigoureusement identiques (des clones cellulaires), dont les plus compétentes seront sélectionnées et cultivées, permettant la production d’un anticorps monoclonal de bonne qualité à l’échelle industrielle.
Par exemple, si on expose ces cellules immunitaires à une protéine nécessaire à la prolifération de cellules cancéreuses, l’anticorps obtenu se fixera sur cette protéine, l’empêchera de remplir son rôle et ainsi perturbera la croissance de la tumeur.
Grâce aux anticorps monoclonaux, il est ainsi possible de neutraliser de manière extrêmement précise une protéine sans affecter les autres.
Quels sont les domaines d’application des anticorps monoclonaux ?
En France, plus de 30 anticorps monoclonaux sont commercialisés dans le traitement des maladies inflammatoires chroniques, des cancers et pour les personnes à risque élevé de développer une forme grave de la Covid-19.
Le traitement des maladies inflammatoires chroniques
Les maladies inflammatoires chroniques sont des pathologies dans lesquelles l’auto-immunité joue un rôle. Le système immunitaire réagit de manière anormale et s’attaque à des cellules du corps auxquelles il ne devrait pas s’attaquer.
C’est le cas dans les maladies suivantes :
- La polyarthrite rhumatoïde ou la spondylarthrite : les cellules des articulations, des ligaments ou des tendons sont attaquées.
- Le psoriasis ou le lupus : les cellules de la peau sont attaquées.
- La sclérose en plaques : les fibres nerveuses sont attaquées.
- La maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique : les cellules de l’intestin sont attaquées.
Les anticorps monoclonaux développés pour traiter ces pathologies ont pour cible les protéines impliquées dans cette réaction immunitaire anormale. En neutralisant ces protéines, il est possible de réduire voire de bloquer la réponse auto-immune à la base de la maladie.
Le traitement des cancers
Dans le traitement des cancers, les anticorps monoclonaux utilisés ont divers modes d’action. En effet, certains visent à neutraliser des substances nécessaires à la croissance des tumeurs quand d’autres se fixent sur des récepteurs membranaires et bloquent la prolifération des cellules cancéreuses en perturbant la communication entre les cellules. D’autres anticorps monoclonaux empêchent la formation de nouveaux vaisseaux sanguins dont la tumeur a besoin pour grossir.
De plus, on peut parler “d’anticorps conjugués” lorsqu’une molécule de chimiothérapie est attachée à un anticorps qui reconnaît les cellules cancéreuses. De fait, la chimiothérapie est amenée au plus proche de sa cible, ce qui augmente son efficacité et diminue ses effets indésirables.
Les anticorps monoclonaux utilisés contre le cancer peuvent être utilisés seuls ou en association avec des médicaments de chimiothérapie dits “classiques”. Ainsi, dans certains cancers, les anticorps monoclonaux augmentent considérablement l’efficacité de la chimiothérapie.
Le traitement des patients adultes à risque de forme grave de la Covid-19
En France, l’ANSM a autorisé l’utilisation en accès précoce d’anticorps monoclonaux, dans un cadre sécurisé, pour traiter les patients adultes à risque de forme grave de la Covid-19 et ce, dès l’apparition des symptômes.
Les conditions pour bénéficier d’un traitement par anticorps monoclonaux sont les suivantes :
- Être diagnostiqué positif par un test RT-PCR ou antigénique par prélèvement nasopharyngé,
- Présenter des symptômes depuis 5 jours maximum,
- Être âgé de plus de 80 ans,
- Avoir entre 70 et 80 ans et présenter une pathologie chronique,
- Être atteint d’un déficit d’immunité lié à une pathologie ou à des traitements, ou être à risque de complications.
Comment sont administrés les anticorps monoclonaux ?
Les anticorps monoclonaux, s’ils étaient pris par voie orale, seraient détruits par les sucs digestifs. Ils doivent donc être injectés sous la peau ou en perfusion intraveineuse selon les traitements, tout comme les biothérapies en général.
Ces traitements, du fait de leur technicité et de leur coût élevé, sont souvent administrés en hospitalisation de jour.
L’administration d’anticorps monoclonaux justifie une surveillance rapprochée du fait qu’ils interfèrent avec le système immunitaire et peuvent augmenter la vulnérabilité à certaines maladies.
Avant de prescrire un traitement par anticorps monoclonaux, le médecin doit s’assurer de l’absence de maladies infectieuses. Il prescrira, au préalable, les examens suivants : prise de sang, radiographie du thorax, dépistage de la tuberculose et des hépatites virales. Un contrôle par un dermatologue est également nécessaire pour s’assurer de l’absence de risque de cancer de la peau.
De plus, le patient doit être à jour de ses vaccinations avant de débuter le traitement.
Sauf exception, l’administration des traitements par anticorps monoclonaux ne doit pas se faire chez la femme enceinte ou qui allaite. Il se peut qu’une contraception soit mise en place pendant toute la durée du traitement chez les femmes en âge de procréer afin d’éviter toute exposition au fœtus.
Quels sont les effets secondaires des anticorps monoclonaux ?
Les effets secondaires à long terme diffèrent selon la nature du médicament, son mécanisme d’action ainsi que l’antigène cible.
L’évaluation de l’efficacité mais aussi des effets secondaires des anticorps monoclonaux à long terme restent encore mal établie.
Les effets secondaires et la toxicité diffèrent d’un médicament à l’autre.
Néanmoins, quelques études et la pharmacovigilance ont rapporté les cas suivants :
- Des troubles hématologiques : diminution du nombre d’un ou plusieurs types de cellules sanguines, parmi lesquelles les cellules immunitaires.
- Des problèmes infectieux : ils découlent de la diminution du nombre de cellules immunitaires.
- Des troubles hépatiques.
- Des troubles rénaux.
Néanmoins, seul le médecin est en mesure d’évaluer les risques et les bénéfices liés aux traitements par anticorps monoclonaux en prenant en compte plusieurs facteurs comme la sévérité de la pathologie et les facteurs liés aux patients (âge, antécédents…).
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