Pourquoi pleure-t-on ?
Publié le 4 déc. 2022 • Par Candice Salomé
Parfois, l’émotion monte, la vue commence à se troubler et les larmes se mettent à couler. Que ce soient des larmes de joie, de tristesse, de colère ou de douleur, le mécanisme qui en est responsable est le même, mais il existe aussi d’autres types de larmes qui, elles, ne sont pas basées sur les émotions.
Mais alors, quels sont les mécanismes responsables des larmes ? Quels sont les bienfaits des larmes ? Sommes-nous tous égaux face aux larmes ?
On vous dit tout dans notre article !
Qu'est-ce que les larmes ?
Une tristesse intense, un film romantique émouvant, une douleur violente : de nombreuses situations peuvent nous pousser à pleurer.
S’il n’est pas le seul être vivant à avoir des larmes, l’être humain est, néanmoins, le seul qui pleure. En effet, en cas de peur ou de douleur, les animaux vont aboyer, mugir ou encore rugir, quand l’être humain va produire des larmes…
Plus spécifiquement, il existe trois types de larmes qui n’ont pas la même composition chimique. Elles ont en commun :
- Le chlorure de sodium,
- Le glucose,
- Les lipides,
- L’urée.
Selon leur nature, elles se chargent également d’autres composés :
- Les larmes basales : elles baignent vos yeux dès lors que vous clignez des paupières afin d’hydrater et de nourrir la cornée. Ce phénomène est contrôlé par nos hormones. En effet, il a été constaté qu’avec l’âge, et notamment chez la femme, après la ménopause, les sécrétions basales sont moins bien régulées et les glandes situées dans la paupière s’atrophient. Cela provoque des sensations de sécheresse oculaire. Ces larmes ne font donc pas pleurer à proprement parler,
- Les larmes réflexes ou irritatives : elles coulent lorsque vous coupez un oignon ou que vous recevez, par exemple, du sable ou une poussière dans l’œil. Elles se produisent lorsque la surface de l’œil est endommagée par un élément extérieur. Elles dépendent directement de la glande lacrymale qui est située dans l’angle supérieur externe de l’orbite. Ces dernières sont chargées d’anticorps et d’enzymes, destinés à réparer, stériliser et éventuellement évacuer des poussières ou des bactéries de l’œil - ce qui crée des saletés aux coins des yeux.
- Les larmes d’émotion, ce que l’on appelle les pleurs, l’être humain est le seul à pouvoir les produire. Il s’agit d’une mutation génétique issue de l’évolution.
Mais alors pourquoi pleure-t-on ?
Lorsqu'une émotion telle que la peur, la tristesse, la joie – voire après un orgasme - apparaît, une connexion neuronale s’opère entre les zones du cerveau responsables de leur gestion et les glandes lacrymales. Des larmes sont alors sécrétées, notamment pour soulager l’individu, lui permettant d’évacuer des émotions qu’il n’est pas toujours capable de verbaliser.
Les larmes, face à un ébranlement psychologique, permettent un retour au calme de l’organisme. On peut parler de “remise à zéro émotionnelle”.
En effet, la composition des larmes, chargée en protéines et en hormones, induisent une sensation de bien-être, une réduction du stress et un retour au calme. La même sensation se ressent lorsque l’on rit beaucoup. Ainsi, les larmes ont une fonction libératrice et elles font du bien. Après avoir pleuré, on se sent plus léger comme déchargé d’un poids.
Les larmes ont aussi une vocation sociale. Ces dernières envoient un message qui est facilement perceptible par son interlocuteur. Les pleurs favorisent l’empathie, la coopération et permettent de créer du lien.
Sommes-nous tous égaux face aux larmes ?
En Nouvelle-Zélande, chez les Maoris, quand deux amis se retrouvent après une longue séparation, ils s’assoient et pleurent ensemble. La culture devance l’émotion, ils pleurent avant tout pour honorer la mémoire de ceux qui sont morts pendant cet éloignement.
Ainsi, pleurer a également une fonction culturelle où l’émotion n’est pas forcément ce qui engendre les larmes.
Lors de bar-mitsva ou lors d’une remise de diplôme, chez les Juifs, les larmes témoignent de la reconnaissance des nouveaux rôles que les jeunes vont occuper dans la société.
Dans les sociétés plus individualistes, comme dans les pays anglo-saxons par exemple, l’émotion a tendance à rester privée et la retenue est souvent de mise.
De plus, des chercheurs américains ont tenté de mesurer la quantité et la fréquence des pleurs, en demandant à un panel d’individus de tenir un journal de bord. Les hommes se sont montrés plus réticents à répondre que les femmes, et la majorité des individus ont hésité sur ce qu’ils devaient considérer comme de “vraies larmes”. Par exemple, beaucoup se sont questionnés sur les larmes versées en regardant un film émouvant.
Malgré cela, quelques constats en sont ressortis : l’âge aurait une incidence sur les larmes. En effet, leur production a tendance à baisser de 40% à partir de 65 ans et de 70% à partir de 80 ans. Les larmes connaitraient un pic d’apparition entre 19h et 22h et les femmes pleureraient cinq fois plus que les hommes.
Selon le psychiatre et psychanalyste Alain Braconnier, auteur de Sexe des émotions, les hommes et les femmes sont différents quant à la manifestation de leurs sentiments. Même s’ils ont les mêmes, hommes et femmes réagissent différemment pour des raisons physiologiques et culturelles. La testostérone, hormone masculine, diminue la capacité des hommes à s’exprimer sous forme de pleurs. Ils exprimeront davantage leurs contrariétés et leurs angoisses par la colère ou le silence quand les femmes se laisseront plus facilement aller à libérer leurs pleurs.
Ainsi, plutôt que de réprimer ou d’essayer de maîtriser nos pleurs, laissons-nous aller, accueillons nos émotions avec reconnaissance car, même lorsque nos angoisses ou notre désespoir sont au plus haut, les larmes indiquent que notre psychisme s’exprime et se défend !
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