Pourquoi le vaccin contre la gastro inquiète les autorités de santé
Publié le 1 avr. 2015
L’Agence du médicament (ANSM) a publié hier sur son site un point d’information autour des vaccins contre les rotavirus (Rota Teq et Rotarix), ces virus responsables de la plupart des diarrhées sévères chez les jeunes enfants. Elle rappelle aux professionnels de santé que ces vaccins peuvent potentiellement entraîner des complications graves, d’invagination intestinale aiguë, et les invite à informer les parents d’enfants vaccinés sur la nécessité d’une prise en charge médicale précoce dès l’apparition des premiers signes, notamment digestifs, évocateurs d’une invagination intestinale.
Deux bébés sont décédés. Depuis le début de la commercialisation en France de ces deux vaccins (entre 2006 et 2007) et jusqu’au 31 octobre 2014, plus de 1 million de doses ont été distribuées. Parmi elles, l’ANSM a notifié 508 effets indésirables médicalement confirmés, dont 201 graves. Deux bébés sont décédés en 2012 et en 2014, suite à une infection intestinale grave aiguë, déclarée dans un cas quelques jours après l’injection et dans l’autre cas, juste après l’administration du vaccin.
Un effet indésirable connu depuis 2006. Il y a un an, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP), un organe indépendant qui conseille le ministère de la Santé, avait recommandé de vacciner tous les nourrissons de moins de 6 mois, malgré de précédents avis négatifs en 2006 et 2010, dans lesquels il avait notamment mentionné le risque de survenue d'invaginations intestinales aiguës post-vaccination. Le HSCP avait alors justifié ce revirement, en expliquant que l’évaluation du risque d’invagination intestinale était désormais "précise". Néanmoins, elle recommandait de continuer à surveiller les notifications de cas à la pharmacovigilance et préconisait d’en informer systématiquement les parents.
L’invagination intestinale aiguë, c’est quoi ? Parmi les effets indésirables graves causés par le vaccin contre la gastro, l’Agence du médicament rapporte 47 cas d’invaginations intestinales aiguës. Cette pathologie sévère qui se manifeste par des troubles digestifs est l'une des causes les plus fréquentes d'occlusion intestinale. Bien que très rare (moins de 1 cas sur 10 000 vaccinés), cette affection nécessite par sa gravité, une prise en charge immédiate, dès les premiers signes cliniques, recommande l’ANSM. Aussi, elle invite les pédiatres à sensibiliser les parents sur les symptômes de cet effet indésirable, à savoir : douleurs abdominales, pleurs répétés et inhabituels de l’enfant, vomissements, présence de sang dans les selles, ballonnements abdominaux et/ou fièvre élevée. Au moindre doute, il faut consulter sans délai leur médecin.
Revoir les recommandations vaccinales ? Pour l’heure, le vaccin reste indiqué chez les nourrissons à partir de l’âge de six semaines. Mais suite à cette information, le HCSP a prévu de réexaminer dans les prochains jours ses recommandations. Rappelons par ailleurs, que les deux vaccins, le RotaTeq (Sanofi Pasteur MSD) et le Rotarix (GSK) ne sont pas inscrits au calendrier vaccinal. Ils sont commercialisés à des prix très élevés et ne sont pas remboursés par l’Assurance maladie.
Les gastro-entérites à rotavirus causent chaque année en France environ 14 000 hospitalisations chez les moins de 3 ans et un nombre de décès estimé entre 7 et 17 par an selon le HCSP. En effet, le risque principal de la gastro est la déshydratation. Elle peut néanmoins être évitée par des gestes préventifs : peser l'enfant régulièrement, donner à boire des solutions de réhydratation orale le plus souvent possible par petites quantités et consulter d'urgence un médecin si des signes cliniques de déshydratation apparaissent (yeux cernés, fontanelle déprimée, perte de poids...).
Le Journal des Femmes
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