Pénurie de médicaments : quelles sont les conséquences sur les patients et quels sont les recours possibles ?
Publié le 26 avr. 2021 • Par Candice Salomé
Entre 2016 et 2020, le nombre de médicaments déclarés en rupture a été multiplié par 6 selon l’UFC-Que Choisir. Cette situation est d’autant plus alarmante que ces pénuries concernent des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur.
Comment s’expliquent ces pénuries ? Quelles en sont les conséquences pour les patients ? Quels traitements sont majoritairement concernés ? Quelles sont les alternatives ?
On vous dit tout dans notre article !
Des pénuries de médicaments en augmentation croissante depuis 2016
Alors que la France connaît une crise sanitaire majeure due à la pandémie de Covid-19, elle rencontre également un autre problème qui ne cesse de prendre de l’ampleur : la pénurie de certains médicaments.
Dans une étude publiée en novembre 2020, l’UFC-Que Choisir dénombre une importante pénurie de médicaments en France. La France est passé de 405 pénuries de médicaments signalées en 2016, à 1200 en 2019 pour atteindre 2400 signalements en 2020.
Des traitements anciens et d’intérêt thérapeutique majeur
De plus, ces pénuries sont observées sur des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur comme les antibiotiques, les anticancéreux, les traitements de la maladie de Parkinson ou encore les antiépileptiques. Il ne s’agit donc pas de médicaments de confort mais bien de traitements vitaux, bien souvent non-substituables. L’UFC-Que Choisir révèle que dans 18% des cas, il n’existe pas d’alternative à ces traitements.
Selon l’UFC-Que Choisir, les médicaments faisant l'objet de tensions en termes d’approvisionnement sont les produits anciens, dont 75% sont commercialisés depuis plus de 20 ans, et vendus peu chers, les ¾ coûtent en effet moins de 25€ et ¼ est vendu à moins de 4€.
Un autre point commun entre ces médicaments est qu’ils sont également fabriqués en flux tendus et pour l’essentiel de la chaîne, à l’étranger, avec un grand nombre de sous-traitants.
Les étapes de production sont très fragmentées et selon Mathieu Escot, directeur des études à l’UFC-Que Choisir : “Il suffit qu’un maillon de cette chaîne fasse défaut pour que toute la chaîne de production soit paralysée”.
Il ajoute également : "Quand elle veut éviter les pénuries, quand elle veut une chaîne solide, pour être capable de faire face à une brusque augmentation de la demande mondiale par exemple, l'industrie sait faire. Ça se voit notamment pour tous les médicaments chers, les médicaments récents".
D’après l’association, les industriels semblent donc faire le choix de sécuriser l’approvisionnement des médicaments rentables au détriment des traitements plus anciens et, pour la majeure partie, indispensables aux patients.
L’UFC-Que Choisir déplore le fait que les pouvoirs publics ne soient pas assez contraignants vis-à-vis des industriels pour empêcher les pénuries de médicaments. En effet, selon Mathieu Escot, “les politiques réagissent quand il y a une crise et une pénurie trop pénalisante pour les patients français, mais il n'y a pas grand chose en terme de prévention de ce risque”.
Des conséquences graves pour les patients
75% des médicaments connaissant des pénuries sont des traitements d’intérêt thérapeutique majeur pour lesquels une interruption peut être susceptible de mettre en jeu le pronostic vital des patients.
Ainsi, si un patient ne peut se voir administrer son traitement pour cause de pénurie, des solutions peuvent être envisagées. Dans 37% des cas, la solution envisagée consiste à mettre à disposition des médicaments initialement prévus pour d’autres pays. Le reste du temps, les industriels proposent d’autres alternatives caractérisées de “piètres alternatives” par l’UFC-Que Choisir. Ces alternatives sont :
- Dans 30% des cas, le laboratoire renvoie le patient vers un autre médicament. Mais ce dernier peut induire des effets secondaires importants ou nécessiter un temps d'adaptation à la nouvelle posologie.
- Dans 12% des cas, les industriels indiquent aux professionnels de la santé de diminuer la posologie du traitement en cours avant complète pénurie.
- Enfin, dans 18% des cas, le laboratoire ne propose aucune alternative. C’est donc le pire cas de figure car elle laisse les patients dans une impasse dont la résultante en serait des conséquences médicales lourdes.
Des ruptures qui peuvent aller jusqu’à 8 mois en officine
L’ordre des pharmaciens a déclaré à l’association UFC-Que Choisir que la moitié des pénuries de médicaments peuvent s’étendre à plus de 8 mois en officine.
L’association réclame donc plusieurs choses :
- des sanctions pour les laboratoires qui négligeraient l’approvisionnement français,
- le développement d’une production publique de médicaments pour fabriquer les traitements délaissés par les laboratoires.
- et surtout, elle demande l’obligation pour les industriels de constituer des stocks conséquents qui permettraient de faire face à un arrêt de la production pendant plusieurs mois.
En 2019 déjà, le sujet avait été évoqué lors de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité Sociale, au Parlement, et un premier amendement sur la constitution d’un stock de réserve de plusieurs mois avait été voté.
Mais selon Mathieu Escot, dans la mesure la plus récente du projet de décret, le stock imposé aurait été plus proche d’un mois que de huit.
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Sources :
Lutter contre les pénuries et améliorer la disponibilité des médicaments en France, Santé.gouv
Pénuries de médicaments, UFC-Que Choisir
Pénurie de médicaments : l'UFC-Que Choisir veut davantage de volonté politique, France Inter
Médicaments : comment expliquer l'actuelle pénurie (dont certains traitements contre le cancer) ?, LCI
L'UFC-Que Choisir alerte sur la pénurie de médicaments qui s'aggrave en France, France Info
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