Oxygénothérapie : de quoi s’agit-il ?
Publié le 8 janv. 2022 • Par Clémence Arnaud
L’oxygénothérapie est une thérapie visant à apporter de l’oxygène par voie respiratoire. Le nombre de patients sous oxygénothérapie ne cesse d’augmenter en France, ils étaient près de 120 000 en 2015.
En quoi consiste l’oxygénothérapie ? Dans quelles situations les patients ont-ils recours à l’oxygénothérapie ? Quelles sont les différents types d’oxygénothérapie ? Comment vivre normalement lorsque l’on a besoin d’une oxygénothérapie ?
On vous dit tout dans notre article !
Les différents types de thérapies par l’oxygène
Il existe deux types d’oxygénothérapies :
- L’oxygénothérapie hyperbare : elle est utilisée seulement dans les situations particulières d’urgence comme lors d’accident de décompression ou d’intoxication au monoxyde de carbone, par exemple. L’oxygène est respirée à une pression supérieure à la normale au sein d’un caisson spécifique appelé “caisson hyperbare”.
- L’oxygénothérapie normobare : elle consiste à faire respirer de l’oxygène par le biais d’un dispositif médical pour améliorer les capacités ventilatoires des patients. Nous parlerons uniquement de cette technique dans le reste de cet article.
Les échanges pulmonaires, comment ça se passe ?
Source : Les échanges gazeux - Alloprof
Les échanges gazeux se font de l’endroit où la pression est plus forte vers l’endroit où la pression est moins élevée. C’est pourquoi, le dioxygène (O2) va passer de l’alvéole pulmonaire au sang et se lier à l’hémoglobine. L’O2 va donc ensuite pouvoir être distribué dans les organes du corps humains et permettre le fonctionnement de ces derniers. Lorsque le sang revient au niveau des poumons, il est très chargé en dioxyde de carbone (C02) qui va passer au niveau des alvéoles pour être expiré hors du corps.
Lorsque ces échanges gazeux sont perturbés, deux phénomènes vont se produire :
- L’hypoxémie : ce phénomène correspond à un manque d’oxygène dans le sang. Elle se définit lorsque la pression en oxygène dans le sang est < 70 mmHg (millimètres de mercure),
- L’hypercapnie : ce phénomène correspond à un surplus de dioxyde de carbone dans le sang. Elle se définit lorsque la pression en CO2 dans le sang est > 45 mmHg.
Ces deux phénomènes vont avoir des répercussions sur tous les organes du corps humain. En effet, la mauvaise oxygénation du sang ne va pas permettre aux organes de fonctionner normalement et entraînera des perturbations multiples. Les conséquences directes vont être la difficulté à respirer (dyspnée), des maux de tête matinaux mais également une fatigue chronique.
Une oxygénothérapie pourra être mise en place pour empêcher l’hypoxémie et l’hypercapnie sur le long terme.
Les indications de l’oxygénothérapie
La mesure des gaz artériels dans le sang va permettre de mettre en évidence une insuffisance respiratoire. Cette insuffisance respiratoire peut être aiguë, chronique ou intermittente (ex: apnée du sommeil). Plusieurs pathologies peuvent nécessiter le besoin d’une oxygénothérapie. Les causes les plus fréquentes sont les maladies pulmonaires obstructives chroniques (MPOC) comme la Broncho Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO).
La BPCO est une maladie inflammatoire chronique qui touche les voies respiratoires et plus particulièrement les bronches. Les conséquences de cette pathologie sont des difficultés respiratoires avec une obstruction et un rétrécissement des voies respiratoires. Une destruction du parenchyme pulmonaire appelé emphysème est souvent associée à la BPCO. La prise en charge de la BPCO à l’aide d’oxygène se fait seulement pour les stades les plus graves.
D’autres pathologies sont également traitées par oxygénothérapie comme la mucoviscidose et les pneumopathies interstitielles, par exemple. Plus récemment, certains patients atteints par la Covid-19 ont pu avoir recours à l’oxygénothérapie.
Les différents types d’appareillages pour l'oxygénothérapie
Il existe différentes sources d’oxygène, après une évaluation des besoins du patient, le médecin décidera de prescrire une des sources suivantes:
- Une source fixe : elle peut être sous forme de concentrateur, d’oxygène liquide ou de bouteille d’oxygène comprimé.
- Une source portative (pour permettre les déplacements hors du domicile notamment) : concentrateurs portables, portables d’oxygène liquide ou bouteilles d’oxygène gazeux.
Le patient devra également être équipé d’un système respiratoire sous forme de canules nasales ou lunettes nasales (dispositif avec deux embouts qui permet la distribution de l’oxygène directement dans les narines) ou de masque facial.
Dans le cadre d’une prise en charge de la BPCO, le concentrateur d’oxygène est le moyen le plus utilisé pour une oxygénothérapie à domicile.
L’oxygénothérapie en pratique
L’oxygénothérapie va devoir être adaptée selon le rythme de vie du patient. Il y a 3 débits en fonction des différentes situations : le débit au repos, le débit à l’exercice et le débit pendant le sommeil.
De plus, pour obtenir un effet optimal grâce à cette méthode, la formation reste un élément clé:
- Comprendre les modalités de traitement : débit, durée d’utilisation journalière, utilisation et entretien du matériel,
- Réévaluation de la prescription avec un spécialiste. Dans le cas de maladies stabilisées comme la BPCO, l’oxygénothérapie doit être poursuivie à vie.
L’arrêt du tabac est une obligation lors du commencement d’une oxygénothérapie. En effet, le tabac pourrait annuler les effets de l’oxygène ainsi qu'entraîner des risques d’incendie ou de brûlures liés à l’oxygène également.
De nombreuses contraintes peuvent être liées à l’oxygénothérapie, il faut discuter longuement de ce choix avec un professionnel de santé spécialisé.
La réhabilitation respiratoire
La réhabilitation respiratoire correspond à l’ensemble des techniques et des soins pour améliorer les capacités respiratoires. Elle est personnalisée en fonction des besoins du patient et est menée par plusieurs professionnels de santé. Ce programme peut être réalisé en milieu hospitalier, dans des structures de proximité (centre de kinésithérapie ou cabinet médical) ou au domicile du patient.
Vous trouverez ici les différents centres de réhabilitation respiratoire en France
Cette réhabilitation ou réadaptation respiratoire peut être mise en place lorsque les patients voient leur qualité de vie diminuer avec, par exemple, une dyspnée, une baisse des activités quotidiennes ou une intolérance à l’exercice malgré un traitement optimal. Elle peut être réalisée en parallèle d’une oxygénothérapie.
Tout d’abord, il faudra évaluer les capacités du patient au repos (ex : spirométrie) et à l’effort (ex : ECG d’effort). Il faudra également faire une évaluation clinique (évaluer la dyspnée, la qualité de vie, psychosociale…) ainsi que des comorbidités. Pour permettre la meilleure prise en charge possible pour le patient, il faudra chercher le centre de réhabilitation respiratoire le plus proche, s’assurer de la bonne coordination entre les différents professionnels de santé impliqués.
La durée de ce stage est de 12 séances minimum avec, en moyenne, 20 séances qui vont se dérouler sur une période de 6 à 12 semaines. Pour permettre d’obtenir une meilleure récupération sur le long terme, il est important de poursuivre les efforts pendant une durée de 6 mois à 1 ans avec la pratique d’une activité physique régulière et personnalisée ainsi qu’un programme d’éducation thérapeutique. De plus, si nécessaire, un programme d’accompagnement diététique, psycho-social ou de kinésithérapie respiratoire peut être recommandé.
Quelques techniques de respiration pour faire face au stress
La vie de tous les jours peut parfois être compliquée à appréhender avec des situations qui peuvent perturber la thérapie. Le stress est souvent la cause d’un essoufflement et peut aggraver ce dernier. Il est important de gérer son stress dans la vie au quotidien pour éviter les crises d'essoufflement. Une activité physique quotidienne adaptée peut vous aider à mieux gérer votre stress et votre souffle. Des exercices de respiration peuvent également être réalisés.
Voici quelques techniques de respiration lorsque vous vous sentez essoufflé. Lorsque vous êtes dans une des positions suivantes, respirez doucement pour essayer de calmer votre respiration. Pour savoir quels exercices sont les plus adaptés, n’hésitez pas à en discuter avec vos professionnels de santé.
Source : Les positions du corps pour réduire l’essoufflement - BPCO.org
En position assise : les deux pieds au sol, les coudes sur les genoux et la tête appuyée sur les mains (image de gauche) OU les deux pieds au sol, les coudes et la tête posés sur un support (image de droite).
Source : Les positions du corps pour réduire l’essoufflement - BPCO.org
En position debout, légèrement en avant avec les mains sur les cuisses (image de gauche) OU position en avant, les coudes appuyés sur un support et avec un relâchement au niveau de la nuque (image du centre) OU légèrement penché avec un appui au niveau des mains (image de droite).
Conclusion
L’oxygénothérapie est une prise en charge lourde pour les patients qui doivent y avoir recours. Il est important de bien comprendre le fonctionnement de cette thérapie et d’être accompagné par des professionnels de santé de manière régulière.
Découvrez les témoignages de Maria sur son parcours et sa vie sous oxygénothérapie :
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Sources :
Observatoire des données de l’Antadir - décembre 2015
Oxygénothérapie hyperbare et normobare, quelles différences - Orkyn
Les échanges gazeux - Alloprof
L’insuffisance respiratoire - La revue médicale suisse
Oxygénothérapie - Rapport d’évaluation de 2012 - HAS
Les positions du corps pour réduire l'essoufflement - BPCO.org
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