NAFLD/NASH et fatigue : un symptôme fréquent mais souvent négligé
Publié le 21 avr. 2025 • Par Somya Pokharna
La fatigue est parfois difficile à décrire, mais pour de nombreuses personnes vivant avec une NAFLD ou une NASH, elle représente l’un des symptômes les plus persistants et les plus frustrants. Bien qu’elle soit moins souvent évoquée que d'autres symptômes, la fatigue constitue une part importante et significative de l’expérience des patients. Des recherches récentes montrent d’ailleurs que cette fatigue n’est pas qu’un simple désagrément : elle pourrait également être un signe d’alerte indiquant une progression de la maladie.
Alors, pourquoi la fatigue est-elle si fréquente chez les personnes atteintes de maladie du foie gras ? Que révèle-t-elle réellement sur leur santé ?
On vous dit tout dans notre article !

Qu’est-ce que la maladie du foie gras et qui est à risque ?
La stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD) survient lorsque de la graisse s’accumule en excès dans le foie de personnes qui consomment peu ou pas d’alcool. C’est l’une des affections hépatiques les plus courantes dans le monde, touchant environ un adulte sur quatre. Une forme plus grave de cette maladie, appelée stéatohépatite non alcoolique (NASH), s’accompagne d’inflammation et de lésions des cellules hépatiques, pouvant évoluer vers une fibrose, une cirrhose, voire une insuffisance hépatique.
La NAFLD et la NASH touchent principalement les personnes souffrant d’obésité, de diabète de type 2, d’un taux de cholestérol élevé ou d’un syndrome métabolique. Bien que ces affections se développent souvent de manière silencieuse, de nombreux patients ressentent une fatigue intense et persistante bien avant que les analyses sanguines ne révèlent des lésions hépatiques visibles.
Cette fatigue a un impact profond sur la vie quotidienne. Elle peut réduire la capacité d’une personne à travailler, faire de l’exercice ou participer à des activités sociales. Les patients atteints de NAFLD ou de NASH rapportent souvent que cette fatigue nuit à leur motivation pour adopter les changements de mode de vie recommandés, comme l’activité physique ou l’amélioration de l’alimentation.
La fatigue est également fréquemment liée à des troubles de l’humeur, comme la dépression et l’anxiété, ce qui aggrave le fardeau émotionnel de vivre avec une maladie chronique.
Pourquoi la fatigue est-elle si fréquente chez les personnes atteintes de stéatose hépatique ? Que signifie-t-elle ?
La fatigue est l’un des symptômes les plus fréquemment rapportés chez les personnes atteintes de NAFLD et de NASH. Des études suggèrent que jusqu’à 50 % des patients souffrent d’une fatigue cliniquement significative, quel que soit le stade de leur maladie hépatique tel que montré par les tests.
Cette fatigue présente souvent deux composantes :
- La fatigue centrale vient du cerveau et du système nerveux. Elle est associée à des difficultés de concentration, une faible motivation et une sensation d’épuisement mental et émotionnel. Chez les personnes atteintes de NASH, l’inflammation chronique, les altérations des neurotransmetteurs (en particulier la dopamine) et les interactions entre le foie et le cerveau jouent un rôle.
- La fatigue périphérique affecte les muscles et le corps. Elle se manifeste par un manque d’énergie physique, une endurance réduite ou une faiblesse musculaire. Des recherches suggèrent qu’un métabolisme musculaire altéré, surtout aux stades avancés de la maladie hépatique, contribue à ce type de fatigue.
Fait important, la fatigue liée à la stéatose hépatique ne correspond pas toujours à la gravité des lésions hépatiques visibles à l’imagerie ou dans les analyses sanguines. En réalité, des études récentes indiquent que la fatigue pourrait être un indicateur plus sensible de la progression de la maladie que certains marqueurs cliniques traditionnels. Des résultats récents montrent que des scores de fatigue plus faibles (donc une fatigue plus sévère) sont indépendamment associés à un risque accru de complications hépatiques, notamment la cirrhose et la décompensation hépatique.
Cela suggère que la fatigue n’est pas seulement un symptôme, mais aussi un signal d’alerte indiquant une dégradation de la fonction hépatique nécessitant une surveillance accrue.
Peut-on traiter la fatigue liée à la stéatose hépatique ?
Il n’existe actuellement aucun médicament spécifique approuvé pour traiter la fatigue liée à la NAFLD ou à la NASH. Toutefois, certaines stratégies peuvent aider à mieux la gérer :
- Traiter la maladie hépatique sous-jacente : des modifications du mode de vie, notamment une perte de poids via l’alimentation et l’activité physique, restent les interventions les plus efficaces pour ralentir la progression de la maladie. Même une perte de 5 à 10 % du poids corporel peut améliorer l’inflammation hépatique et la fibrose.
- Prendre soin de sa santé mentale : la dépression et l’anxiété sont souvent associées à la fatigue. Le fait de traiter ces troubles – par la thérapie, les médicaments ou des groupes de soutien – peut améliorer le niveau d’énergie.
- Optimiser le sommeil et l’activité physique : les troubles du sommeil sont fréquents chez les personnes atteintes de stéatose hépatique. Améliorer l’hygiène de sommeil et intégrer une activité physique douce peut aider à atténuer la fatigue, tant centrale que périphérique.
- Surveiller et traiter les autres maladies : le diabète, les troubles de la thyroïde et l’anémie peuvent tous aggraver la fatigue. Il est essentiel de bien les prendre en charge chez les patients atteints de NASH.
Des essais cliniques sont en cours pour évaluer si les nouveaux traitements contre la NASH peuvent aussi améliorer la fatigue, offrant un espoir de thérapies plus ciblées à l’avenir.
Points clés à retenir
La fatigue est un symptôme fréquent mais souvent négligé chez les personnes atteintes de stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD) et de sa forme avancée, la stéatohépatite non alcoolique (NASH). Elle peut être liée à des mécanismes centraux (comme l’inflammation ou la communication entre le foie et le cerveau) et périphériques (comme la fatigue musculaire ou le métabolisme énergétique réduit).
Fait important : la fatigue ne correspond pas toujours à la gravité des lésions visibles, mais elle peut prédire la progression de la maladie, y compris l’apparition de la cirrhose et d’autres complications hépatiques. Sa présence peut fortement impacter le fonctionnement quotidien, le bien-être émotionnel et la qualité de vie.
Même s’il n’existe pas de traitement unique contre la fatigue dans la NAFLD/NASH, les changements de mode de vie, le soutien psychologique et les thérapies émergentes peuvent aider à mieux gérer ce symptôme et améliorer les perspectives à long terme.
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Sources:
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