Médicaments photosensibilisants : quels sont-ils et comment prévenir leurs effets ?
Publié le 8 juil. 2020 • Mis à jour le 10 juil. 2020 • Par Alexandre Moreau
À l’approche des beaux jours et lorsque l’on prend un traitement chronique, il est fréquent de se demander s’il n’y pas de risques à suivre la prise de son traitement tout en s’exposant au soleil. En effet, diverses réactions cutanées, inattendues et importantes, peuvent se produire suite à la prise d’un médicament dit “photosensibilisant”.
Qu’est-ce que la photosensibilisation ?
La photosensibilisation correspond à une réaction anormale de la peau à la suite d’une exposition aux rayonnements ultraviolets (UV), d’origine naturelle (soleil) ou artificielle (cabines de bronzage), associée à la prise d’un médicament photosensibilisant orale (exposition générale de l’organisme à la molécule) ou locale (limitée à une certaine zone de la peau).
2 types de réactions peuvent se produire :
- la phototoxicité : apparaît rapidement (quelques minutes à quelques heures après l’exposition solaire) sous forme de brûlures douloureuses (comme un coup de soleil très marqué). Il s’agit d’un érythème (rougeur), avec éventuellement des bulles qui apparaissent sur la peau.
Elle se limite aux zones exposées au soleil : si l’application du médicament est locale (crème, pommade, lotion), la réaction se fait uniquement au niveau des zones en contact avec le photosensibilisant. En revanche, si le médicament est administré par voie orale, toutes les zones exposées sont touchées.
Plus la dose de médicament absorbée est importante, plus la réaction sera importante. Elle peut apparaître chez n’importe quel individu, à partir d’une quantité élevée de médicament photosensibilisant. - la photoallergie : c’est une réaction allergique retardée (elle apparaît 24 à 48h après l’exposition au soleil) sous formes de plaques rouges (eczéma) et de démangeaisons (prurit) qui s’étendent au-delà des zones exposées et dont les bords sont irréguliers.
Comme pour les allergies, seul un certain nombre de personnes est concerné. Elle touche les personnes prédisposées, c’est-à-dire qui ont déjà été en contact avec le photosensibilisant, et peut survenir à des doses faibles d’UV ou de substances photosensibilisantes. Ses symptômes prennent plus de temps à s'atténuer.
Quels sont les médicaments photosensibilisants ?
De nombreux médicaments sont concernés par cet effet photosensibilisant :
- Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), en gel ou en pommade : Kétoprofène (Ketum®), Diclofénac (Flector®, Voltarène®)
- Antibiotiques : fluoroquinolones (Ofloxacine-Oflocet®, Ciprofloxacine-Ciflox®, Lévofloxacine-Tavanic®), tétracyclines (Doxycycline), Griséofulvine (Griséfuline®)
- Antiseptiques : Hexamidine (Hexomédine®), Chlorhexidine (Biseptine®, Cyteal®, Diaseptyl®), Triclocarban (Septivon®, Nobacter®, Cutisan®)
- Antiacnéiques : Isotrétinoïne (Roaccutane®, Contracné®, Curacné®), Peroxyde de Benzoyle (Cutacnyl®, Curaspot®)
- Utilisés en cardiologie : antiarythmiques comme l’Amiodarone (Cordarone®), inhibiteurs calciques comme le Diltiazem (Monotildiem®) ou la Nifédipine (Adalate®)
- Diurétiques : Furosémide (Lasilix®), Hydrochlorothiazide (Esidrex®)
- Utilisés en neuropsychiatrie : anxiolytiques (Alprazolam-Xanax®), antidépresseurs (Paroxétine-Deroxat®, Imipramine-Tofranil®), antiépileptiques (Carbamazépine-Tegretol®), neuroleptiques avec les phénothiazines (Chlorpromazine-Largactil®)
- Antitussifs : Oxomémazine (Toplexil®)
- Antihistaminiques : contre les allergies (Méquitazine-Primalan®, Prométhazine-Phénergan®) et le mal des transports (Diphénhydramine-Nautamine®)
- Antiviraux : Aciclovir (Activir®, Zovirax®)
- Antifongiques (traitement des champignons) : Kétoconazole (Ketoderm®), Itraconazol
- Antiparasitaires : comme les antipaludéens (Chloroquine-Nivaquine® et Hydroxychloroquine-Plaquenil®)
- Hypolipémiants : avec les fibrates (Fénofibrates-Lipanthyl®) et les statines (Atorvastatine-Tahor®, Simvastatine-Zocor®)
- Inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) : (Esoméprazole-Inexium®, Lansoprazole-Ogast®)
- Anticancéreux (utilisés en chimiothérapie)
- Contraceptifs : oraux et transdermiques
Cette liste n’est pas exhaustive mais rassemble les principaux médicaments photosensibilisants (vous pouvez consulter la liste complète des médicaments photosensibilisants, réalisée par la Société Française de Dermatologie). Leurs effets diffèrent selon le type de médicaments (plus marqués avec les fluoroquinolones, les antiacnéiques et l’amiodarone), la posologie et la sensibilité de chacun. C’est pourquoi il est important de demander conseil à votre médecin ou votre pharmacien si vous suivez un traitement et prévoyez de vous exposer au soleil.
On peut noter que le pictogramme suivant est présent sur la boîte et/ou la notice de ces médicaments afin d’alerter les patients et de prévenir les effets indésirables de photosensibilisation :
Quelles sont les précautions à prendre afin d’éviter ces réactions ?
Lors d’une réaction de photosensibilisation, la recherche du médicament ou de la substance chimique (huiles essentielles, cosmétiques, parfums…) à l’origine de cet effet doit être réalisée et son utilisation doit être interrompue après avoir consulté son médecin ou son pharmacien. La prise de corticoïdes peut-être envisagée en cas de photoallergie.
Toutefois, des mesures simples de prévention restent la meilleure solution pour éviter des réactions de photosensibilisation. En effet, quelle que soit la nature de la peau, il faut éviter de s’exposer au soleil aux heures les plus chaudes de la journée (entre 12h et 16h). Il faut rechercher de l’ombre et utiliser des vêtements et accessoires de protection tels que un t-shirt à manches longues, un chapeau et des lunettes. Il est nécessaire de renouveler toutes les 2 heures, et notamment après une baignade, l’application de crème solaire anti-UVA/UVB d’indice élevé (indice 50) et bien l’appliquer de manière uniforme sur toutes les parties du corps exposées. Enfin, il faut particulièrement faire attention aux enfants qui ont la peau très fragile et leur apprendre à se protéger.
Par ailleurs, les UV artificiels des cabines de bronzage sont aussi dangereux que les UV naturels. Elles sont donc à éviter si vous prenez un traitement contenant des médicaments photosensibilisants.
Enfin, contrairement aux UVB, les UVA, bien qu’ils soient moins agressifs, sont plus difficiles à arrêter et traversent le verre : ainsi une fenêtre ou le pare-brise d’une voiture ne protègent pas la peau et une réaction de photosensibilisation peut avoir lieu. Attention donc lors de vos longs trajets en voiture, pensez à vous protéger si vous prenez des médicaments susceptibles d’entraîner une réaction de photosensibilisation.
Cet article vous a-t-il été utile ? Et si vous partagiez votre ressenti avec la communauté ?
Bon courage à tous, prenez soin de vous !
Sources :
https://ansm.sante.fr/S-informer/Points-d-information-Points-d-information/Produits-de-sante-cosmetiques-et-tatouages-en-ete-Adoptez-les-bons-reflexes-Point-d-information
https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/coup-soleil/coup-soleil-risque-exposition-solaire
https://www.pharmacovigilance-iledefrance.fr/d%C3%A9tails-dune-br%C3%A8ve/o387
https://www.e-cancer.fr/Comprendre-prevenir-depister/Reduire-les-risques-de-cancer/Exposition-aux-rayonnements-UV
https://document.dermato-info.fr/article/pdf/photosensibilisation.pdf
5 commentaires
Vous aimerez aussi
Voir un psy, oui ! Mais lequel… : identifier les différents spécialistes du psychisme !
16 juil. 2024 • 8 commentaires
La stimulation magnétique transcrânienne répétitive (rTMS) : tout ce qu’il faut savoir !
16 juil. 2024 • 5 commentaires