Le tracking somatique pour la douleur chronique : qu'est-ce que c'est ?

La douleur chronique est difficile à quantifier et à qualifier. Elle persiste ou est récurrente au-delà de ce qui est habituel, elle ne répond pas assez aux traitements et/ou entraîne une détérioration significative et progressive des capacités fonctionnelles et relationnelles des personnes concernées.

On estime que 30% des adultes en souffrent. La douleur chronique serait à l’origine de près de deux tiers des consultations médicales en France.  

Les traitements médicamenteux existent mais peuvent engendrer des effets secondaires. Il y a aussi des solutions alternatives ou complémentaires aux traitements comme la neurostimulation transcutanée, la chirurgie, la physiothérapie, l’acupuncture et la thermothérapie, entre autres. Ces solutions peuvent aider à diminuer efficacement la douleur et à retrouver une bonne qualité de vie. 

L’une de ces solutions est le tracking somatique, peu connue, c’est un outil qui peut aider les médecins et les patients à mieux comprendre et à traiter la douleur chronique. 

Qu’est-ce que le tracking somatique ou Somatic Tracking ?

Le tracking somatique est une méthode qui utilise des données physiologiques et comportementales pour surveiller et analyser les symptômes. C’est l’un des outils de la thérapie de reconditionnement de la douleur. Cette méthode aiderait les médecins à obtenir une meilleure compréhension des causes et des conséquences de la douleur chronique. 

C’est Alan Gordon, un psychothérapeute américain, ayant lui-même souffert de douleurs chroniques, qui aurait développé la Pain Reprocessing Therapy (Thérapie de retraitement de la douleur). Cette thérapie est un ensemble d’outils et de techniques psychologiques pour changer complètement notre regard sur la douleur chronique et sortir des conditionnements et fonctionnements qui l’amplifient. Parmi ces outils, le tracking somatique (ou Somatic Tracking, en anglais).  

Son analyse de l’origine neuronale de la douleur est aujourd’hui reconnue et saluée par la science. 

Comment fonctionne le tracking somatique pour la douleur chronique ? 

Le processus du tracking somatique consiste à passer du temps à se concentrer sur ses symptômes sans y réagir. En les regardant comme un observateur, en les décrivant et en remarquant comment ils changent. C’est un exercice qui nécessite de la pratique et de la patience. 

En d’autres termes, le tracking somatique est un moyen de se connecter aux sensations physiques de son corps à un moment donné et d’évaluer si celles-ci sont agréables ou désagréables. Ensuite, cette connexion est utilisée pour transmettre des messages de sécurité, de force et de compassion à son esprit et à son corps. 

Ainsi, le suivi somatique combine la pleine conscience, une réévaluation du danger perçu et l’induction d'affects positifs qui sont des sentiments agréables tels que l’enthousiasme, l'inspiration et la vivacité. 

En effet, lorsque la douleur est intense ou si elle dure depuis un certain temps, la réaction naturelle de l'esprit est de vouloir la surmonter, et l'inquiétude et la peur sont les premières émotions, liées aux techniques de survie, qui viennent à l'esprit pour surmonter cette douleur. Cela exacerbe le stress ressenti et crée des images inquiétantes dans notre subconscient, en maintenant le système nerveux en état de vigilance. 

L’objectif de cette méthode est d’appréhender la douleur d’une autre façon, avec des sentiments non négatifs, pour que ces derniers deviennent neutres ou positifs. Le tracking somatique s’appuie ainsi, sur la pleine conscience, pour que les schémas de comportement soient modifiés, en passant de l'augmentation de la sensibilité à sa diminution. 

Depuis une vingtaine d’années, la lutte contre la douleur est une priorité de santé publique en France. Son évaluation et sa prise en charge sont un véritable enjeu. Il existe une loi relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé du 4 mars 2002, qui reconnaît également le soulagement de la douleur comme un droit fondamental de toute personne.