La messagerie Apicrypt conquiert les médecins
Publié le 1 sept. 2015
Alors que l'assurance-maladie doit déployer une messagerie sécurisée pour eux, les médecins libéraux s'équipent déjà.
Avec la création du dossier médical partagé (DMP), prévue dans la loi Santé, les services informatiques de la Caisse nationale d'assurance-maladie ont du pain sur la planche. Ils ont déjà en vue un gros chantier avec le tiers payant généralisé. De plus, ils devront bâtir le système d'information du DMP et la messagerie sécurisée permettant aux professionnels de soins d'alimenter ce dossier partagé. D'où la crainte de voir naître une coûteuse et vaine usine à gaz. « Halte à la gabegie », réclame Jean-Paul Hamon, du syndicat FMF, qui milite pour que les pouvoirs publics abandonnent tout grand projet informatique et laissent Apicrypt s'étendre.
600 nouveaux utilisateurs par mois
Apicrypt ? C'est une messagerie sécurisée créée à Dunkerque par des médecins, pour les médecins, il y a presque vingt ans. « En 1995, nous étions une dizaine à vouloir tirer parti de l'arrivée d'Internet, raconte Alain Caron, généraliste à la retraite depuis peu. Nous avons passé commande à des informaticiens de sites Web, et d'une messagerie cryptée, qui a prospéré. »
Aujourd'hui, 57.000 professionnels de soins dans tout le pays utilisent ce canal de communication sécurisé, qui vient nourrir de façon fluide les dossiers patients informatisés des médecins, infirmiers, sages-femmes, pharmaciens - en tout, 133 spécialités - via leurs logiciels métiers. Les utilisateurs paient 72 euros par an. Selon Alain Caron, ils gagnent trois heures par semaine car ils n'ont plus besoin d'envoyer de courriers papiers aux confrères. De plus, ils peuvent envoyer des images ou des vidéos et une messagerie instantanée va voir le jour.
Certains hôpitaux sont également abonnés à la messagerie, comme l'AP-HP à Paris. Le CHU de Reims économiserait plus de 120.000 euros par an de frais d'envoi. Apicrypt continue à croître au rythme de 600 nouveaux utilisateurs par mois. C'est une association, Apicem, qui détient 99,7 % du capital des trois sociétés commerciales qui font tourner la machine, avec 19 salariés et un chiffre d'affaires de 2 millions d'euros par an. Les bénéfices sont réinvestis dans l'outil de production, qui ne coûte pas un centime à l'Etat. L'espoir d'Alain Caron, c'est que l'Assurance-maladie s'adosse sur Apicrypt. « Elle pourrait nous rémunérer au flux, afin de baisser la cotisation des médecins », promet-il.
LesEchos.fr
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