Existe-t-il un lien entre notre cerveau et notre intestin ?
Publié le 15 mai 2021 • Par Candice Salomé
Régulièrement nommé “le deuxième cerveau”, l’intestin participe activement à la santé physique mais aussi mentale. L'intestin contient des milliers de neurones et communique en permanence avec le cerveau. Jusqu’à présent, les scientifiques pensaient que cette communication était induite dans un seul sens, du cerveau vers l’intestin. De nombreux chercheurs et médecins tentent désormais de démontrer que cette relation peut s’établir dans les deux sens.
Mais alors, comment fonctionne la relation entre l’intestin et le cerveau ? Qu’est-ce que le microbiote intestinal et quel est son rôle ? Quelles sont les conséquences d’un dysfonctionnement de l’intestin sur notre santé ? Comment prendre soin de notre intestin ?
On vous dit tout dans notre article !
Qu’est-ce que le microbiote intestinal ?
Le microbiote intestinal, anciennement nommé la flore intestinale, abrite un nombre gigantesque de micro-organismes : bactéries, virus, parasites et champignons non pathogènes.
Dans l'organisme, il existe différents microbiotes : au niveau de la peau, de la bouche, du vagin…
Le microbiote intestinal, quant à lui, est le plus important d’entre eux avec 1012 à 1014 micro-organismes : 2 à 10 fois plus que le nombre de cellules qui constituent notre corps, pour un poids de 2 kilos. C’est un réservoir d’activités enzymatiques essentiel pour la digestion et la physiologie humaines. À ce titre, il influe sur la santé.
Source : INSERM
Le microbiote intestinal a un rôle primordial dans la digestion. Il dégrade les aliments complexes que notre organisme ne peut digérer seul comme les fibres végétales contenues dans les fruits, les légumes et les céréales mais aussi la pectine ou certains amidons. Diverses bactéries interviennent à tour de rôle et les transforment en molécules indispensables à l’être humain. Ainsi, si l’alimentation n’est pas assez variée et riche en fibres, le microbiote perd de sa propre richesse.
De plus, le microbiote intestinal protège l’individu contre les pathogènes en “dialoguant” avec le système immunitaire. En effet, chez un nouveau né, dont le système immunitaire est immature, le microbiote, en s’installant progressivement, va permettre à l’organisme de faire la différence entre les micro-organismes que l’on peut qualifier “d’amis” et les pathogènes.
D’autres recherches ont mis en lumière le rôle du microbiote dans d’autres fonctions de l’organisme : la satiété, la sensibilité au stress, la croissance, la lutte contre la douleur…
Quel est le lien entre le microbiote et certaines pathologies ?
On parle de dysbiose quand le microbiote est perturbé dans son fonctionnement ou sa composition. Cela peut être dû à un traitement antibiotique, par exemple, mais le retour à l’équilibre se fait, généralement, assez rapidement.
Quand la dysbiose devient chronique, elle peut alors être liée à une pathologie comme lors de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI). Le microbiote des patients renfermant moins de bactéries pourrait majorer la pathologie. Ce même constat a été établi avec l’obésité. En effet, certains patients présentent un microbiote perturbé avec une perte de diversité, un excès de micro-organismes délétères et/ou une insuffisance en micro-organismes bénéfiques.
Pourquoi dit-on que le microbiote intestinal est notre deuxième cerveau ?
Le rôle du microbiote intestinal ne se limite pas à la digestion. De nombreuses études ont montré qu’il entretenait de nombreux liens avec le cerveau. Une étude belge, parue dans la revue scientifique Nature Microbiology, suggère ainsi que certains types de bactéries intestinales pourraient avoir un impact sur la qualité de vie et même être liées à la dépression.
L’intestin abrite 200 millions de neurones qui sont en communication permanente avec les neurones du cerveau. Les bactéries intestinales pourraient alors influencer nos comportements (stress, anxiété, dépression…) et pourraient également intervenir dans certaines pathologies du système nerveux. Ainsi, un état dépressif pourrait tout à fait être lié à un déséquilibre du microbiote intestinal.
De plus, d’autres études démontrent que la flore intestinale peut jouer un rôle dans le poids et plus particulièrement dans les raisons qui font que les individus prennent ou perdent du poids.
Des expériences sur des souris ont été conduites. Il en est ressorti qu’en introduisant dans l’alimentation des bactéries que l’on trouve fréquemment chez les personnes obèses, les souris prenaient du poids. A l’inverse, en introduisant des bactéries de personnes minces, les souris perdaient du poids.
A l’heure actuelle, les médecins cherchent à déterminer la véritable nature des liens qui existent entre le microbiote intestinal et le cerveau.
Comment prendre soin de son microbiote intestinal ?
Les scientifiques envisagent plusieurs approches thérapeutiques contre les maladies déclenchées ou entretenues par une dysbiose. Elles peuvent être mise en place seules ou combinées et sont les suivantes :
- Une alimentation riche et diversifiée en fibres, favorisant le rééquilibrage du microbiote.
- Un traitement antibiotique ciblant les espèces néfastes impliquées dans la physiopathologie de la maladie. Néanmoins, cela ne peut être envisagé de façon permanente du fait de la pression de sélection qu'elle peut engendrer ; elle pourrait aussi induire de nouvelles pathologies.
- Un apport de probiotiques par voie orale. Les probiotiques sont des micro-organismes vivants, non pathogènes et il a été démontré qu’ils étaient bénéfiques pour le microbiote intestinal.
- Un apport en prébiotiques, également par prise orale. Les prébiotiques sont des composants alimentaires non digestibles qui sont utiles à l’activité ou à la croissance de certaines populations bactériennes intestinales.
- Un apport combiné en prébiotiques et probiotiques pour un effet de synergie bénéfique.
- Un recours à la transplantation fécale. Cette technique consiste à implanter chez une personne malade, par sonde nasogastrique ou par lavement (administration par voie rectale), le microbiote d’une personne saine, préparé à partir d’échantillons de selles. Cette option thérapeutique est d'ores et déjà utilisée dans les infections intestinales sévères à Clostridium difficile.
Selon certains travaux, la composition du microbiote intestinal pourrait influencer l’efficacité de certaines thérapies anti-cancéreuses. En effet, l’absence de certains micro-organismes dans le microbiote de certains patients pourrait expliquer pourquoi ils ne répondent pas aux traitements.
Ces travaux pourraient permettre d’ouvrir de nouvelles perspectives diagnostiques et thérapeutiques en modifiant le microbiote intestinal des patients répondant mal aux traitements.
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