Comment la pollution de l’air affecte le fonctionnement du cerveau ?
Publié le 31 mai 2022 • Par Berthe Nkok
Les polluants atmosphériques ne causent pas seulement des maladies cardiovasculaires et pulmonaires. Ils affectent également notre capacité cognitive, et peuvent être à l’origine de démences.
Mais alors, comment la pollution de l’air affecte-t-elle le fonctionnement du cerveau ?
On vous dit tout dans notre article !
Comment la pollution de l’air touche-t-elle le cerveau ?
Les effets nocifs de la pollution de l’air, notamment sur le cœur et les poumons, sont bien connus. Cependant, elle affecte également notre intellect et accélère le vieillissement du cerveau.
Plus précisément, elle "accélère le déclin cognitif, l'un des signes avant-coureurs des maladies neurodégénératives telles que la maladie d'Alzheimer et d'autres démences". C’est le résultat d'une étude menée par des chercheurs de l'Inserm, de l'université de Rennes 1 et de l'Ecole des hautes études en santé publique, sur un échantillon de 61 462 personnes. Les chercheurs ont utilisé les concentrations moyennes annuelles aux adresses résidentielles, dérivées de modèles de régression de l'utilisation des terres, pour attribuer l'exposition aux particules au dioxyde d'azote (NO2) et le noir de carbone. Des modèles de régression linéaire multiple ont également été utilisés pour tester l'association entre chaque polluant et les résultats cognitifs. Cette étude a été publié dans la revue “The Lancet, Planetary Health”.
Les chercheurs sont partis d'observations : 40% des cas de démence pourraient être évités ou retardés en agissant sur des facteurs corrigibles, dont la pollution de l'air. Ils ont ensuite voulu aller plus loin et identifier l'impact des trois polluants liés au trafic sur les performances cognitives.
Ainsi, selon le communiqué de l'Inserm, "l'exposition à de fortes concentrations de contaminants est significativement associée à de mauvaises performances dans les trois domaines cognitifs étudiés, à savoir la mémoire, la fluidité orale et la fonction exécutive (ou capacité de prise de décision)". Pour les participants les plus exposés, les chercheurs ont trouvé une différence dans les scores de performances cognitives de près de 1% à 5% par rapport aux participants moins exposés.
Ce n'est pas surprenant car, compte tenu de la taille et de la structure de ces particules, elles peuvent traverser le tissu nasal lors de la respiration et se déplacer à travers le canal sinusal jusqu'au cerveau. Enfin, ces contaminants peuvent endommager les tissus et affecter les cellules du cerveau.
Pour certains chercheurs, la pollution de l'air, en particulier les particules fines, pourrait même être le facteur de causalité le plus décisif dans la prévalence des pathologies cognitives.
Ces conclusions semblent d'autant plus valables lorsque l'exposition survient pendant des périodes sensibles au développement du cerveau, comme l'enfance, l'adolescence et même pendant la grossesse.
Quelles sont les conséquences sur son fonctionnement ?
L’étude démontre également que les compétences les plus touchées sont la fluidité de l’expression orale et la fonction exécutive ou capacité à prendre des décisions.
L'exposition à une variété de polluants peut altérer la structure du cerveau et les connexions nerveuses. Par conséquent, ces polluants atmosphériques peuvent endommager le lobe frontal (la zone qui contrôle nos impulsions, nos fonctions exécutives et notre maîtrise de soi). Cela peut également entraîner une grave détérioration de la santé mentale.
La prochaine étape consiste à surveiller l'évolution de la fonction cognitive chez ces adultes au fil du temps pour voir si l'exposition à la contamination est également associée à un déclin cognitif au fil du temps; déclin qui peut refléter les premiers signes de démence, à la fois de la maladie d'Alzheimer et d'autres formes de démence chez les personnes âgées.
Comment se protéger au mieux de la pollution environnementale ?
Ne sachant pas encore comment contrecarrer les effets de la pollution, notre protection passe essentiellement par une réduction maximale de l'exposition.
La réduction de la conduite automobile en faveur de la marche et du vélo peut avoir un impact positif sur la pollution. Si vous devez utiliser une voiture, vous pouvez réduire les émissions en conduisant lentement, sans accélération ou freinage brusque, et en évitant les mouvements aux heures de pointe. Recycler l'air à l'intérieur de la voiture, en gardant les vitres fermées, permet également de réduire l'exposition à la pollution lors des embouteillages.
Il peut être utile de planter certains types d'arbres, efficaces pour capter les particules, le long de la route ou à proximité des écoles.
La pollution de l'air intérieur cause également des problèmes de santé et nécessite une ventilation pendant la cuisson. Par conséquent, l'utilisation de bois sec de saison et de poêles respectant l'éco-conception sont indispensables, pour ne pas polluer l'atmosphère de la maison.
Enfin, stimuler votre activité cérébrale, choisir une bonne alimentation riche en antioxydants, et vous maintenir en activité pourrait améliorer la résilience de votre corps.
Sources :
La pollution de l’air accélère le vieillissement de nos cerveaux, Reporterre
Être exposé à la pollution atmosphérique augmenterait le risque d’avoir de moins bonnes performances cognitives, Inserm
Un air pollué altère aussi le cerveau, Les Echos
Comment protéger son cerveau attaqué par les particules fines ?, Slate FR
Et si la pollution de l’air nous rendait progressivement fous ?, You Matter
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