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200 médicaments sont en rupture de stock

Publié le 31 mars 2015

200 médicaments sont en rupture de stock
Syphilis, épilepsie, hypertension, maladie de Parkinson... Actuellement en France, environ deux cents médicaments sont en rupture d’approvisionnement ou risquent de l’être. Un phénomène qui vire à l’épidémie. Une loi va tenter de juguler le problème.

« C’est simple, on a des appels de patients en colère tous les jours ! Il y a de plus en plus en plus de médicaments manquants. » Et pas des moindres : certains traitent la syphilis (Extencilline), l’épilepsie (Di-Hydan), la gale (Ascabiol), l’hypertension artérielle (Revatio)… Tout en indiquant les rayons d’une main, cette pharmacienne du CHR de Lille précise : « On se démène pour trouver des solutions, les gens ne repartent jamais avec rien, il ne faut pas être alarmiste. En France, les traitements essentiels pour les maladies longue durée sont disponibles, il suffit de se rapprocher de son hôpital de proximité. Cela dit, c’est toujours stressant lorsque l’on n’a pas accès immédiatement aux médicaments prescrits par son médecin. »

Après des coups de fil à l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), les pharmaciens remplacent le Di-Hydan par la Diphantoïne, expliquent que l’Extencilline n’est plus fabriquée mais peut être remplacée par un équivalent italien. Toujours une solution… Sauf pour le Mantadix, indiqué pour les malades atteints de Parkinson : « J’ai le labo au téléphone tous les jours, explique une source hospitalière anonyme. C’est la première fois qu’on n’a pas pu suivre. »

Aujourd’hui en France, l’ANSM gère autour de 200 dossiers de rupture d’approvisionnement de médicaments d’intérêt thérapeutique majeur. Un phénomène qui prend de l’ampleur : sur toute l’année 2013 l’agence a reçu 450 signalements de rupture ou risques de rupture d’approvisionnement. Soit dix fois plus qu’il y a six ans.

Le constat a ému jusqu’à l’Académie nationale de pharmacie : « Le phénomène est mondial », tandis que le lobby de l’industrie pharmaceutique (LEEM) s’interroge carrément : « Risque-t-on de connaître des pénuries de médicaments ? »

Difficultés d’approvisionnement

Représentante des associations de patients au sein d’un comité de suivi créé en 2010, Hélène Pollard explique : « Il y a de plus en plus de ruptures de stock qui concernent directement les fabricants. » La faute à la mondialisation : presque toutes les matières premières sont fabriquées en Chine ou en Inde. « Dès qu’il y a un incident là-bas (coupure d’électricité...), l’impact est très fort. » Une analyse confirmée par l’ANSM : « Les ruptures de stock sont principalement liées à l’outil de production (38 %) et à des difficultés d’approvisionnement en matières premières (15 %). » Le flux est tendu, les pays à bas coût ne suivent pas toujours.

À cela s’ajoute l’obligation de service public des grossistes : ils doivent assurer quinze jours de stock pour 90 % des médicaments. Mais ils sont libres de vendre les 10 % restants en dehors du territoire : « Ce sont souvent les médicaments les plus chers qui sont concernés. ».

Afin de juguler le problème, un article de la loi santé est en cours d’élaboration. « Tout bouge très lentement mais nous avançons, continue Hélène Pollard. Les grossistes n’auront plus le droit d’exporter des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM) tant que la demande nationale n’aura pas été satisfaite. » Seul problème : la liste de ces MITM sera établie par les labos eux-mêmes. Cherchez l’erreur.

Ce qu’en disent les associations

Administratrice de Sol en si, Hélène Pollard représente des associations de patients au sein du comité de suivi qui travaille avec la direction générale de la santé sur l’article 36 de la nouvelle loi qui concerne les ruptures d’approvisionnement.

– Comment expliquez-vous l’augmentation de ces ruptures d’approvisionnement ?

« Comme il y a un manque de matières premières, tout ou presque est délocalisé en Inde ou en Chine. Nous sommes donc tributaires de ces pays où la production est concentrée au niveau mondial. Dès qu’il y a un problème chez eux comme une rupture en alimentation, cela se répercute partout. Par ailleurs, il y a de moins en moins de laboratoires, cela n’améliore pas les choses. Il suffit que la firme soit américaine, par exemple, pour que la filiale française ne puisse pas prendre de décisions immédiates. S’il y a des ruptures liées aux matières premières, on appelle cela des ruptures de stock et il y en a de plus en plus, à cause de ces délocalisations. Ensuite, il existe des ruptures de fabrication. Comme les prix sont fixes en France, les médicaments ne sont pas forcément rentables ce qui amène les labos à instaurer des quotas de vente. Enfin, les grossistes sont tenus à des stocks de quinze jours pour 90 % des médicaments. Mais ils peuvent faire ce qu’ils veulent avec les 10 % restant. »

– Quelle est la solution ?

« Nous travaillons sur les ruptures d’approvisionnement avec la direction générale de la Santé depuis 2010. Des premiers jalons ont été posés en 2012 avec la définition des territoires des grossistes, la mise en place de numéros verts… Tout cela avance très lentement. »

Ce qu’en pensent les labos

Que ce soit Sanofi ou GSK (BMS qui fabrique le Mantadix n’a pu nous répondre dans les temps), les laboratoires contactés ont indiqué qu’ils étaient, pour les vaccins pédiatriques, « dépassés par l’explosion de la demande mondiale », entre autres. Quant au reste… les services communication nous ont renvoyés vers l’enquête publiée en mai dernier par le LEEM, qui regroupe les laboratoires installés en France.

En préambule, il est précisé que 95 % des médicaments vendus en pharmacie sont disponibles le jour même en France. Ceci posé, le rapport se penche sur les causes des ruptures de stock (fabricant) et d’approvisionnement (fabrication). Et il ressort que l’analyse du lobby rejoint celle d’Hélène Pollard (voir ci-dessus) puisque l’externalisation massive de production des matières premières en Chine et en Inde est pointée du doigt.

De même, la distribution privilégiée des médicaments vers des destinations dont les prix sont avantageux est aussi notée comme un facteur de rupture. Plus loin, on apprend que le phénomène est mondial avec, notamment, 80 % des médecins américains qui ont dû faire face à des ruptures entre mars et septembre 2012. Plus loin encore, on lit que « les industriels ont pris la mesure de l’importance des ruptures et se donnent les moyens nécessaires ». À savoir : la mise en place d’un centre d’appel d’urgence, une information au quotidien sur l’état de leurs stocks, une organisation des dépannages et le contingentement des stocks encore disponibles. Pas sûr que cela suffise.

Ce que vivent les patients

Marlène Hanquiez est avesnoise et elle cherche un vaccin DT Polio pour sa fille de six ans depuis… décembre : « Mon pharmacien m’a dit que ça pouvait prendre des mois. On fait beaucoup de jardin, j’ai toujours peur que les enfants attrapent quelque chose. »

Autre cas : celui de Lætitia, une maman lilloise qui ne trouve pas d’Infanrix Quinta pour sa fille : « Elle va avoir un an, il lui manque son troisième rappel. Je ne trouve que de l’Hexa qui vaccine aussi contre l’hépatite B. Comme nous avons des antécédents de sclérose en plaques mon médecin me l’a déconseillé mais je n’ai pas le choix. Comme c’est un rappel, cela ne l’immunisera même pas. Nous sommes pris en otages ! »

Une demande qui explose

Même inquiétude chez Axelle Schoefflen, une Béthunoise de 20 ans en rémission de leucémie : « Comme j’ai eu une greffe de moelle osseuse, j’ai dû refaire tous mes vaccins mais j’avais encore des anticorps pour l’hépatite B. Malgré cela, vu qu’il n’y avait plus que de l’Infanrix Hexa, j’ai dû être revaccinée… Mon médecin m’a dit qu’il ne savait même pas s’il y avait des conséquences. »

Dans la région, nous avons reçu aussi beaucoup de témoignages pour le BCG. Bref, certains vaccins pédiatriques manquent à l’appel. Chez Sanofi Pasteur MSD, on note : « Nous avons eu des problèmes de production et le processus de fabrication est très long. »

Plus globalement, le labo reconnaît être « dépassé par une demande mondiale qui explose », ce que confirme GSK, fabricant de l’Infanrix Hexa.

Les médicaments en rupture de stock

- Alkonatrem 150 mg
- Allochrysine 25 mg
- Amétycine 10 mg et 40 mg
- Anapen 0,15 mg/0,3 ml et 0,30 mg/0,3 ml
- Ascabiol
- BCG Médac
- Bicnu
- Cardiorythmine 50 mg/10 ml
- Caryolysine 10 mg
- Cerezyme 400 U
- Cernevit
- Claventin
- Di-Hydan 100 mg
- Diffu K, gélule
- Digidot
- Dodécavit 0,5 mg/ml
- Doxycyline 50 et 100 mg
- Dukoral
- Effortil 5 mg
- Extencilline 600 000 UI, 1,2 M.U.I., 2,4 M.U.I.
- Fabrazyme 35 mg
- Fomepizole AP-HP 5 mg/ml
- Fortum, Fortumset
- Fosfocine 1 g I.V., 4 g I.V., Fosfocine 4 g
- Fusidate de sodium Essential Pharma 500 mg
- Hexastat 100 mg
- Immucyst 81 mg
- Immunoglobulines polyvalentes humaines
- Imogam Rage 150 UI/ml
- Jext 150 et 300 microgrammes
- Karnodyl 5 mg/5 ml
- Lasilix 20 mg/2 ml
- Mantadix 100 mg
- Marsilid 50 mg
- Mucomystendo 1g/5 ml
- Natulan 50 mg
- Orgaran 750 U anti Xa/0,6 ml
- Pédéa 5 mg/ml
- Pentothal 500 mg et 1 g
- Phosphore Alko 750 mg
- Piportil L4 25 mg/ml, Piportil L4 100 mg/4 ml, Piportil 10 mg, Piportil 4 pour cent
- Questran 4 g
- Rimifon 500 mg/ 5ml
- Semap 20 mg
- Stimu-LH 50 microgrammes/1 ml
- Stimu-TSH 125 microgrammes/1 ml
- Sycrest 5 mg, Sycret 10 mg
- Synacthène 0,25 mg/1 ml - Synacthène retard 1 mg/1 ml
- Syncortyl 10 mg/1 ml
- Tazocilline 2 g/0,25 g et 4 g/0,5 g
- Trisenox 1 mg/ml
- Typhérix - vaccin typhoïdique
- Vaccin BCG-SSI
- Vaccins combinés contenant la valence coqueluche
- Vercyte 25 mg
- Xofigo 1000 kBq/ml

Lavoixdunord.fr

7 commentaires


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Utilisateur désinscrit
le 12/04/2015

A mon avis il n'y a pas beaucoup là dedans de spécialités prises par les membres hyper actifs de Carenity car pratiquement personne ne réagit...


laruns
le 17/04/2017

Même les traitements pour sep sont en rupture de stock faut le faire

Pour une fois où le nom du cachet et facile à retenir il s'envole ruptuuuuuuu

Merci cordialement les laboratoires comment faire du fric

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