Difficultés de compréhension et de communication avec ma thérapeute

Bonjour,

J'ai longtemps hésité à écrire en ligne pour faire part de ma situation... Je suis encore en processus d'acceptation de mes difficultés, et de prendre la parole (ou la plume) est toujours pour moi une expérience difficile. Je prends mon petit courage aujourd'hui dans l'espoir que d'autres personnes, prises dans des situations semblables, s'y rejoignent et peut-être, qui sait, trouvent des pistes pour les aider également.

Bref, pour essayer de faire court: Je suis thérapie depuis un peu plus de deux ans, à raison d'une fois/semaine environ, puisque mes problèmes de santé mentale m'empêchent de vivre une vie qui ait du sens pour moi. J'ai un historique d'anorexie (un diagnostic qui, avec le recul, a sans doute été posé trop rapidement et qui malheureusement a vite pris toute la place aux yeux des intervenants qui ont gravité autour de moi ) , de symptômes anxieux et dépressifs.

Je suis arrivée pour la première fois dans le bureau de ma psychologue actuelle en souhaitant justement aller creuser derrière le TCA, puique je savais que c'était là le coeur de mes problèmes. Elle pratique au privé ; sans compter le manque d'accessibilité aux services publiques, je voulais essayer une approche en psychothérapie qui soit un peu plus éloignée du trouble alimentaire, pour lequel une équipe médicale me suit déjà.

Peu à peu, le lien de confiance se construisait, se solidifiait (bien qu'à pas de tortue, puisqu'il m'est très difficile de prendre la place qui me revient, et ce même, et surtout, en thérapie.) Je sentais que je pouvais m'ouvrir à elle - je « ressens » beaucoup les gens, et elle dégageait quelque chose de bienveillant qui n'avait pas besoin de mots pour se manifester. C'est une thérapeute qui ne s'ouvre pas du tout sur le plan personnel - ce qui est difficile pour moi, étant donné que toutes mes relations sont tournées vers l'autre, et qu'à mes yeux, les liens que l'on crée entre nous puisent leurs essences dans l'échange, en étant dans le «donnant-donnant». Ce lien thérapeutique si particulier est étranger pour moi et j'apprends encore à mieux y naviguer, mais malgré qu'il me soit inconfortable, je me suis concentrée sur ce que ma thérapeute dégageait de bienveillant pour continuer à m'ouvrir alors que c'était tellement difficile pour moi. J'ai accepté ses limites, aillant toujours eu à coeur de la respecter dans cette distance (plus grande qu'avec d'autres psychologues que j'ai pu rencontrer par le passé), parce que je me dis qu'elle a sans doute ses raisons et par souci de ne pas la brusquer. Je sais également qu'une certaine distance est nécessaire dans un tel suivi. J'ai donc accepté et compris assez vite qu'il n'y avait avec elle pas la place à des questions à propos d'elle, ne serait-ce qu'un «comment vas-tu» lui étant adressé. Ça m'était inconfortable, mais j'ai continué.

Après plusieurs mois et un avancement dans la thérapie, j'ai récemment vécu une période très difficile sur le plan des symptômes dépressifs. J'ai été ouverte avec elle sur la façon dont je me sentais. Lorsque mes symptômes se sont aggravés, je l'ai sentie se refermer. Au niveau du lien, ça a eu des répercussions. Je n'étais pas contrariée, mais je n'ai pas tout a fait compris pourquoi elle agissait ainsi.

Mon état s'est stabilisé et voilà que je la sens encore distante. J'ai essayé de lui en parler, mais je n'obtiens jamais de réponses claires jusqu'à maintenant.

J'en viens donc à mon problème principal: depuis qu'elle se distancie, j'ai vraiment l'impression qu'elle me voit sous un angle qui ne colle pas avec ma vision/compréhension des choses. Avec une anorexie qui dure sur plusieurs années, souvent, on en vient plus tard à diagnostiquer un trouble de la personnalité borderline (TPL, comme on l'appelle plus communément ici au Québec). De la façon dont sont orientées ses interventions, j'ai l'impression qu'elle me voit ainsi, mais elle ne veut pas me le dire lorsque je la questionne à ce niveau. Ce qui est dur, c'est que j'ai fait des recherches, et bien que je ne sois pas spécialiste, je ne me retrouve pas dans les symptômes d'un tel trouble...

Je me sens comme dans une impasse. Est-ce possible que ma psychologue, si mes suspicions s'avèrent, m'ait diagnostiqué un trouble qui ne soit peut-être finalement pas ce dont je souffre? Ou est-ce juste moi qui soit dans le déni? Pourtant, je crois avoir une bonne idée de mes difficultés, et je veux les travailler... Je sais que je devrais lui en parler, mais je ne sais pas comment, et j'ai peur qu'elle interprète mes doutes quant à un diagnostique comme une remise en question de ses compétences, ou encore, qu'elle interprète mes interrogations comme une « manipulation » de ma part, ce qui renforcerait l'idée que je suis TPL.

Que je le sois ou non, je crois que le problème, c'est que j'ai l'impression que ma psychologue interprète ma situation d'une façon qui ne fasse pas tout à fait écho de mon côté, et qu'elle base ses interventions sur celle-ci, avant-même de valider avec moi.

Avez-vous des pistes à me suggérer sur la manière de l'aborder avec elle? Quelqu'un a-t-il déjà pu se sortir d'un bris de l'alliance thérapeutique avec son thérapeute, et si oui, comment s'y prendre? Nous avons travaillé fort pou en arriver là, et je trouverais vraiment dommage que cette impasse perdure. Excusez-moi pour la longueur de mon message... Merci à ceux qui peut-être prendront le temps de me lire, qu'ils me répondent ou non.

Prenez soin de vous xx

-D.