Comment faire confiance à une personne dépendante à l'alcool ?

Bonjour Babeth,

A la lecture de votre message, je m'interroge sur votre question initiale : peur

de ne pas arriver à lui faire confiance. Pensez-vous qu'il s'agisse de la bonne

question ? Par ailleurs, pensez-vous trouver sur ce site la réponse à vos

questions ?

L'addiction à l'alcool, je connais pour avoir été addict à ce produit pendant de trop nombreuses

années. Vous vous posez des questions et c'est bien naturel. Toutefois, avant

de vous poser toutes ces questions, je pense (et ça n’engage que moi…) qu’il

faut d’abord connaitre cette maladie (car c’en est une… pas reluisante avec une

très mauvaise presse sociale mais c’en est une quand même).

Il faut savoir qu’il s’agit d’une maladie potentiellement mortelle, que la guérison peut mettre des mois voire des années (c’est mon cas) et que souvent, sous cette maladie, se cache une autre maladie comme la dépression ou un traumatisme (ce ne sont que des exemples). Je vous invite d’ailleurs à lire sur ce site un article très intéressant sur l’addiction et la dépression.

Je note dans votre récit que votre petit ami a accepté de se faire soigner. C’est un point très positif qui n’est jamais facile à faire pour un addict (cette maladie n’arrive forcément qu’aux autres…) et demande une bonne dose de courage. Ça démontre aussi, si besoin en était, sa volonté de se soigner.  Après, il faut, aussi, savoir qu’un sevrage ne veut pas dire guérison. Les cas de rechute sont nombreux et fréquents (j’en ai fait beaucoup) même si, pour certains, un seul sevrage peut s’avérer suffisant. Il faut, également, savoir qu’il est très difficile pour un addict de parler de sa maladie auprès de ses proches (l’image qu’il a de lui-même est trop dégradante, c’est un aveu de faiblesse, etc… la liste n’est pas exhaustive…).

La maladie est sournoise, pernicieuse, incontrôlable (quand il y a craving) mais on en guéri (je suis devenu patient ressource).  Quand votre ami ne vous dit pas la vérité, il ne s’agit jamais de trahison ou de mensonge mais plutôt de difficultés à guérir ou « d’arrangements » par peur des conséquences (celle de vous perdre par exemple)

Il y a donc votre petit ami et sa maladie. Mais, il y a aussi vous…

Pensez vous pouvoir vous protéger de sa maladie ? Pensez vous l’aimer suffisamment pour pouvoir supporter les périodes où il est, sera malade, sans jugements, et sans que cela ne vous rende malade à votre tour (sous une autre forme) ?

Je vais aller voir un fim jeudi. Ce film/documentaire intitulé : tout pour être heureux de Jérôme Adam traite des addictions et donne la parole aux proches des malades. Je pense qu’après l’avoir vu, je vous conseillerai d’aller le voir également. Peut-être vous apportera-t-il certaines réponses…

Dans le même contexte, je vous conseillerais de consulter votre centre d’addictologie le plus proche. Bien entendu, ces centres soignent les patients mais viennent, également, en aide aux proches qui bien souvent ont besoin d’un soutien psychologique qu’ils ne peuvent trouver ailleurs en raison de la méconnaissance générale de cette pathologie et des raccourcis « prêts à l’emplois » des éventuels interlocuteurs de toujours bon conseil…

Bref et comme vous l’avez déjà compris, je n apporterai aucune réponse à vos questions car je suis convaincu que ces réponses, c’est vous qui les détenez et personne d’autre… mais ce n’est que mon avis…

En tout état de cause, je reviendrai vers vous concernant le film évoqué et serai ravi de prolonger ces échanges si vous souhaitiez continuer à  le faire voire à poser de nouvelles questions  sans savoir, évidemment, si  je pourrais répondre… mais je ne suis pas le seul sur ce site à pouvoir vous en apporter…

Au plaisir

Bonjour @Babeth66,
Comment allez-vous aujourd'hui ?

Je vous remercie de l'ouverture de ce sujet.

J'invite des membres à participer :

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Vivez-vous ce type de situation? Avez-vous des conseils ?

Merci de votre contribution et belle journée.
Claudia de l'équipe Carenity

Bonjour babeth,

je peux comprendre vos doutes, mais comme dit yann51, l’alcoolisme est avant tout une maladie. C’est une maladie aussi dur pour le malade que pour les proches. Mais votre conjoint a admis qu’il avait un problème et c’est déjà un grand pas en avant.

Pour moi, la première question que vous devez vous posez est : « est ce que je l’aime suffisamment pour le soutenir dans sa maladie ? ». En effet, vivre avec un alcoolique, même en rémission n’est pas toujours facile. Mon mari a été alcoolique pendant plusieurs années, il a décidé d’arrêter du jour au lendemain. Aujourd’hui il a arrêter complètement l’alcool (après une grosse crise ou je l’ai obligé à choisir entre l’alcool et moi). Mais avant ça il y a eu des phases où il le disait : « j’arrête la bière c’est promis » et 2 soirs après il recommençait à boire.
Si l’arrêt de l’alcool ne vient pas du malade, ça ne fonctionnera pas. Je pense que c’est beaucoup de volonté pour arrêter de boire.

Mais j’ai toujours essayé de le soutenir et l’ai aider comme j’ai pu. Je l’ai convaincu d’aller voir un psy pour parler de sa maladie car il est quelques fois plus facile de parler de ses problème à une personne extérieure qu’à ses proches.

enfin, tout ça pour vous dire que l’alcoolisme n’est pas facile à vivre et que pour vous en sortir, il faudra du temps et beaucoup de patience. Il ne faut pas oublier que l’alcoolisme est une maladie et que les personnes atteintes ont souvent honte et caches leur mal-être à leur proches. Il y a souvent des déclencheurs à l’alcoolisme comme la dépression.

vous pouvez essayer de discuter avec votre conjoint, de le convaincre de se faire aider par des professionnels (psy ou centre d’addictologie).
Ne pas oublier que dans un couple la communication est importante, il faut que vous lui parliez de vos doutes, vos questions. Il faut que vous discutiez ensemble de la marche à suivre puisqu’il est plus facile de vaincre l’alcoolisme à 2 que seul.

j’espère que cela vous aidera.
Ayant vécu avec un mari alcoolique j’essaierai de répondre au mieux à vos questions

bonne soirée à vous,

Bonjour Babeth,

Comme promis, je reviens vers vous ( désolé d'avoir été un peu tardif...😕 ) pour vous parler du film " tout pour être heureux" de Jérome Adam que j'ai vu jeudi dernier. Comme je le préssentais, je vous invite vivement à regarder ce film. Je le trouve très instructif et je pense qu'il reflète parfaitement le ressenti des proches des malades comme : leurs questionnements, leur impuissance, leurs doutes, leurs incompréhensions, leurs "démissions" (parfois) face à cette maladie. Il vous aidera, peut être, à trouver des réponses à vos questions... J'ai un autre ressenti concernant ce film/documentaire mais je souhaiterais vous en faire part une fois que vous l'aurez vu et que vous m'aurez fait part du votre ( enfin si vous voulez bien...😉 ). Ca me permettra de comparer non ressentis et d'en faire part à Jérome ADAM avec qui j'échange depuis la projection ( le film était suivi d'un débat avec les spectateurs et lui entouré de professionnels en addictologie ).

J'aimerais aussi apporter deux commentaires à ceux de Clochette. Contrairement à ce que Clochette pense, la volonté est insuffisante pour se soigner. Certes, il faut être volontaire pour accepter d'être soigné mais arrêter de consommer avec sa seule volonté relève, pour moi, du très très difficile ( surtout lorsqu'il y a craving )... En revanche et je la rejoins complètement sur la communication. Elle est primordiale et surtout sans jamais condamner ( les faux pas sont fréquents malgré toute la bonne volonté du malade )

Je serai ravi de lire votre retour quant au film évoqué et aux différents commentaires en espérant que votre ami et vous alliez bien

Amicalement

Yann