Anxiété chronique : “Je vais mieux mais j’ai peur de me réinsérer dans la société.”
Publié le 13 juil. 2022 • Par Candice Salomé
V’là L’angoissée a fait sa première crise d’angoisse en 2013 lorsqu’elle avait 15 ans. Ensuite, tout s’est accéléré, les crises d’angoisse étant devenues son quotidien. Aujourd'hui, elle va mieux mais a très peur de se réinsérer dans la société. Elle parle de son anxiété sur les réseaux sociaux afin d’informer et de soutenir les personnes qui en sont également atteintes. Elle se livre dans son témoignage pour Carenity !
Découvrez vite son histoire !
Bonjour V’là L’angoissée, vous avec accepter de témoigner pour Carenity et nous vous en remercions.
Tout d’abord, pourriez-vous nous en dire plus sur vous ?
Je suis une jeune femme de 24 ans. En 2018, après avoir été diplômée, j'ai mis ma vie sur pause à cause de mon anxiété et de ma dépression. Je vis actuellement chez mes parents, à la campagne. Je me suis éloignée de toute vie sociale. C'était une nécessité pour moi. J'occupe donc mon temps en dessinant, en faisant de la photo etc. Je ne suis pas extrêmement douée mais au moins ça me fait du bien et ça me permet de me détacher de ce qui me fait mal au fond de moi.
Vous êtes atteinte d’anxiété chronique. Pourriez-vous nous dire comment cela se manifeste dans votre quotidien ? A quel âge votre anxiété est-elle apparue et comment ?
J'ai toujours été une personne anxieuse. Mais ça s'est vraiment accentué en 2013 lorsque j'ai fait ma première crise d'angoisse.
Ensuite, tout s'est accéléré : mes crises d'angoisse sont devenues de plus en plus fréquentes. Mon anxiété permanente me limitait de plus en plus.
Début 2016, il y'a eu une sorte de rupture dans ma tête. Je ne passais plus une journée sans faire de crises d'angoisse, je ne dormais quasiment plus et je m'enfonçais dans la dépression.
J'ai décidé de tout quitter et de rentrer chez mes parents. J'ai développé, entre autres, de l'agoraphobie. A cette époque, j'ai vu un psychiatre qui m'a seulement proposé un traitement médicamenteux. Ça a fini par anesthésier mon mal-être et mon anxiété.
Après l'arrêt de mon traitement, en 2018, j'ai rechuté. Je me suis de nouveau isolée de la société et je me suis enfermée dans une bulle. Je faisais toujours des crises d'angoisse et j'étais constamment anxieuse mais, au moins, j'étais en sécurité chez moi.
Quels sont les symptômes de l’anxiété chronique, aussi appelée anxiété généralisée ?
Inquiétudes, appréhensions excessives, peurs irrationnelles se manifestant au quotidien. Diverses sensations physiques : cœur qui bat vite, nausées, bouffées de chaleur, vertiges, douleurs au ventre, douleurs musculaires, sensation d'oppression au niveau de la cage thoracique, difficultés à respirer… Il y'en a tellement…
Quel est l’impact de votre anxiété sur votre vie privée et professionnelle ? Quels sont ses retentissements ?
Mon anxiété m'a poussée à abandonner les études qui me passionnaient, j'ai dû me rabattre sur d'autres études à distance qui ne m'intéressaient guère.
À la suite de mon diplôme, en 2018, j'ai rechuté dans ma dépression et mon anxiété, j'étais donc incapable de chercher du travail.
Aujourd'hui, je vais mieux mais j'ai beaucoup de mal et j'ai très peur de me réinsérer dans la société. J'ai cessé de voir mes amies car ça m'angoissait et me terrifiait. J'ai cessé toutes sorties, vacances, week-end avec mon copain, on se voyait uniquement chez moi.
J'ai fini par m'habituer à cette vie "recluse". Comme si je m'étais résignée au fond de moi.
Depuis quelques temps, je réussis à faire de nouveau des sorties, des week-end de temps en temps mais cela se produit peu fréquemment.
Quelle est votre prise en charge ? Êtes-vous sous traitement ? Globalement, en êtes-vous satisfaite ?
Entre 2016 et 2018, j'étais suivie par un psychiatre que je voyais une fois par mois environ. Il s'occupait uniquement de me fournir un traitement médicamenteux (alors qu'il était également psychothérapeute).
Au début, c'était compliqué de trouver le bon traitement, ça a même empiré mon état, puis il a trouvé. Quand il a vu que ça "allait mieux" il a procédé au sevrage. Il baissait le traitement trop vite et de manière trop forte à chaque fois. Ça me "déglinguait".
Pour pallier ce sevrage qui me faisait beaucoup de mal, il ajoutait d'autres médicaments. J'ai la sensation que ça a été fait n'importe comment. J'ai pris beaucoup de poids pendant cette période et, un jour, il a tenu des propos vraiment immondes sur ça, j'ai donc cessé d'aller le voir immédiatement.
J'ai demandé à mon médecin traitant de reprendre le flambeau. À ce moment-là, j'étais aux doses minimales de mes médicaments. Quelques mois après, j'oubliais constamment de le prendre donc j'ai fini par arrêter. Deux mois après, j'ai rechuté. Donc je suis allée voir mon médecin qui m'a à nouveau prescrit ce même traitement aux doses très basses et m'a orientée vers une psychologue dans un CMP. Cela a mis beaucoup plus de temps que la première fois pour aller mieux au niveau de mon anxiété mais je sens que cette fois-ci ce ne sont pas les médicaments qui anesthésient ce que je ressens mais plutôt que je suis en train de guérir véritablement.
Connaissez-vous la cause de votre anxiété ?
Les raisons sont floues. Je dirais que c'est l'accumulation de blessures, de perceptions erronées de la réalité, de petits traumatismes sur beaucoup d'années : mon cerveau a craqué.
Vous êtes active sur Instagram sous le nom V’là L’angoissée et vous dépeignez l’anxiété au travers de vos illustrations. Pourquoi avoir décidé de parler de la maladie sur Instagram ? Quel(s) message(s) désirez-vous faire passer à vos abonnés ? Et qu’est-ce que cela vous apporte à titre personnel ?
C'était un moyen pour moi d'exprimer simplement ce que je vivais. Je ne pensais absolument pas que des personnes allaient s'abonner à mon compte. Et finalement, j'ai échangé avec beaucoup d'entre elles qui vivaient la même chose que moi, ça m'a aidée à me sentir comprise et moins seule avec ces troubles.
Que pensez-vous que les réseaux sociaux et autres forums santé apportent aux patients dans la gestion de leur(s) maladie(s) ? Est-ce important, selon vous, d’être informé sur ses pathologies ? Si oui, pourquoi ?
Les réseaux peuvent aider les personnes souffrantes à se rendre compte qu'elles ne sont pas seules, à mettre des mots sur leurs maux, à ce qu'elles n'aient plus honte de demander de l'aide et plus honte d'être elles-mêmes.
C'est très important d'être informé sur tous ces troubles pour, dans un premier temps, accepter ce qu'il nous arrive et trouver des solutions pour guérir. Beaucoup subissent leurs maux sans réellement savoir ce qu'ils ont et/ou quoi faire pour aller mieux.
Les réseaux ne permettent pas de poser un diagnostic mais peuvent aider à mieux se comprendre soi-même et à se rapprocher de professionnels qui poseront un diagnostic et avec qui on peut trouver des solutions.
Connaissiez-vous Carenity auparavant (ou d’autres forums de santé) ? Qu’en pensez-vous ?
Je ne connaissais absolument pas Carenity, je n'en avais jamais entendu parler, ce qui est assez dommage car échanger et s'informer est une aide précieuse lorsqu'on souffre de pathologies qu'elles soient physiques ou mentales. Le soutien est essentiel pour traverser tout ça. Je connais le forum Doctissimo sur lequel j'allais il y a quelques années et je me rappelle à quel point ça pouvait me faire du bien d'échanger avec des personnes qui souffraient des mêmes troubles que moi. On me soutenait et je soutenais, j'ai trouvé ça génial.
Qu’aimeriez-vous conseiller aux membres Carenity également touchés par l’anxiété ?
C'est très compliqué lorsque nos troubles sont mal reconnus par certains professionnels de santé mais aussi dans la société en général. Mais il faut s'accrocher, les choses avancent, certaines fois doucement, mais elles avancent. Nous devons continuer d'en parler, d'informer, pour nous mais aussi pour les générations futures. Pour que chacun puisse être aidé, compris et pris en charge convenablement.
Un dernier mot ?
Un grand merci de m'avoir donné la parole et m'avoir permis de m'exprimer en dehors de ma page Instagram.
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