Les édulcorants et les substituts du sucre pour le diabète : faut-il les consommer ?

Le diabète et les alternatives au sucre (édulcorants)

Le diabète de type 2 est une maladie métabolique chronique qui touche plus de 400 millions de personnes dans le monde. Il se caractérise par une glycémie élevée à jeun, qui peut être due à une production insuffisante d'insuline ou à une résistance à l'insuline produite par le pancréas. Sur une longue période, le diabète peut endommager les vaisseaux sanguins, les yeux et le cœur. Le traitement du diabète repose souvent sur une combinaison d'activité physique, de conseils diététiques et de médicaments si nécessaire.  

Comme ils sont directement liés à la glycémie, les glucides ont souvent été ciblés dans les interventions diététiques pour le traitement du diabète. Les sucres sont des hydrates de carbone naturels que l'on trouve dans les jus ou purées de fruits, le sucre de canne, le miel, les sirops, la mélasse, etc. Ces sucres libres peuvent également être ajoutés aux aliments et aux boissons, tels que les biscuits, les bonbons, les plats préparés et les boissons gazeuses. Il est recommandé à la plupart des adultes de limiter leur consommation de sucres libres à 30 g par jour (soit environ 7 morceaux de sucre) afin de maintenir un poids de forme et de prévenir les maladies cardiométaboliques, entre autres avantages. Cette recommandation est particulièrement importante pour les patients atteints de diabète de type 2, qui doivent souvent perdre du poids de façon durable pour contrôler leur maladie et qui doivent surveiller leur glycémie quotidiennement. 

Que sont les édulcorants et les substituts du sucre ? 

Les substituts du sucre peuvent être utiles, car ils peuvent reproduire le goût sucré du sucre avec peu ou pas d'impact sur l'apport calorique ou les niveaux de glucose dans le sang. Il existe de nombreux types d'édulcorants parmi lesquels on peut choisir : 

• Les polyols, qui sont des alcools de sucre contenant des hydrates de carbone. Ils apportent moins de calories et ont un effet plus faible sur la glycémie que les sucres ordinaires. Ils sont reconnaissables sur les étiquettes des produits alimentaires grâce à leur terminaison en "-ol" : érythritol, maltitol, mannitol, sorbitol, xylitol, etc.  
• Les édulcorants artificiels, qui n'apportent aucune calorie et n'ont aucun effet sur la glycémie. Ils comprennent l'aspartame, la saccharine, le sucralose, l'acésulfame-K, le cyclamate, etc.  
• Les édulcorants issus de la plante stévia, qui sont également dépourvus de calories et ont un grand pouvoir sucrant (environ 200 à 300 fois plus sucré que le sucre ordinaire).  

La plupart d'entre eux sont plus sucrés que le sucre ordinaire et il suffit de les utiliser en petites quantités pour obtenir l'effet désiré. Cependant, seuls quelques-uns sont stables à la chaleur et peuvent donc être utilisés pour la cuisine et la pâtisserie : le sucralose, l'acésulfame-K et les édulcorants issus de la plante stévia. L'aspartame peut être utilisé dans les boissons chaudes, mais peut perdre une partie de son pouvoir sucrant lorsqu'il est chauffé à haute température.  

Les édulcorants pour la gestion du diabète

Le principal avantage des édulcorants est le plus évident : pouvoir déguster des aliments et des boissons sucrés sans se soucier de la glycémie ou de la prise de poids. Pour les patients diabétiques, le substitut de sucre peut donc devenir un véritable stimulant de l'humeur qui les aidera à maintenir les habitudes alimentaires prescrites à long terme.  

C'est pourquoi la plupart des diététiciens s'accordent à dire qu'une consommation modérée de substitut de sucre peut être bénéfique pour les patients diabétiques. Néanmoins, ils ne doivent pas remplacer tous les sucres de l'alimentation - maintenir un régime sans sucre est presque impossible à long terme, même pour les patients diabétiques ! Les sucres naturels, comme ceux que l'on trouve dans les fruits et les légumes, peuvent facilement s'intégrer dans un régime alimentaire adapté au diabète, tout en apportant des nutriments essentiels au maintien d'un corps et d'un esprit sains : fibres, vitamines, minéraux, etc. Il est essentiel de parler avec un professionnel de la nutrition agréé pour créer un régime personnalisé et équilibré, avec ou sans l'aide de substituts de sucre. 

Effets secondaires potentiels des substituts du sucre  

La plupart des personnes peuvent consommer des édulcorants sans problème.  

Cependant, il peut être préférable d'éviter ou de limiter les substituts du sucre dans certaines circonstances : 

• Certains patients diabétiques peuvent souffrir d'hypoglycémie, c'est-à-dire que leur taux de sucre dans le sang devient trop bas. Dans ce cas, il est important de consommer du vrai sucre, sous une forme à absorption rapide comme une boisson sucrée, car la plupart des substituts du sucre n'auront aucun effet sur le taux de sucre dans le sang.  
• Certains édulcorants peuvent avoir un effet laxatif s'ils sont consommés en grandes quantités. Il s'agit notamment des polyols, que l'on trouve souvent dans les gommes sans sucre, les bonbons et les sirops. Les personnes souffrant de troubles gastro-intestinaux préexistants, comme le syndrome de l'intestin irritable, sont particulièrement exposées aux ballonnements et à la diarrhée dus à la consommation de polyols, mais les personnes dont l'intestin est par ailleurs sain peuvent également ressentir ces symptômes désagréables. 
• Les polyols ont également un léger effet sur la glycémie, bien qu'il soit difficile de le quantifier et d'en prévoir l'ampleur, car toutes les molécules de l'édulcorant ne sont pas absorbées par l'organisme au cours du processus de digestion. Par conséquent, les patients diabétiques doivent consulter leur prestataire de soins de santé ou un diététicien agréé pour s'assurer que ces édulcorants peuvent être intégrés dans leur régime alimentaire. 
• Les personnes souffrant de phénylcétonurie (PCU), une maladie métabolique héréditaire rare, doivent éviter de consommer de l'aspartame. En effet, après avoir été absorbé par l'organisme, l'aspartame est converti en un acide aminé, la phénylalanine, que les patients atteints de PCU ne peuvent pas métaboliser, ce qui peut entraîner des lésions cérébrales si l'aspartame est absorbé par l'organisme.

Les édulcorants peuvent-ils être consommés sans danger ?  

Avant d'arriver dans les rayons des supermarchés, les édulcorants doivent être évalués et approuvés pour la Commission Européenne. Dans le cadre de ce processus, la Commission définit une dose journalière admissible (DJA), c'est-à-dire la quantité d'édulcorant qu'une personne peut consommer chaque jour (par kg de poids corporel) pendant toute sa vie, sans risque. La sécurité des édulcorants fait également l'objet d'un suivi dans le temps, avec des réévaluations régulières pour s'assurer que toutes les preuves scientifiques les plus récentes sont prises en compte.  

Néanmoins, la sécurité des édulcorants est régulièrement débattue dans les médias grand public. En effet, des recherches observationnelles récentes ont suggéré des liens potentiels entre une consommation élevée d'édulcorants et le risque de maladies cardiovasculaires, de cancer et même de diabète de type 2 dans une grande cohorte d'adultes français. En outre, certaines recherches précliniques ont suggéré que les édulcorants artificiels pourraient être liés à des perturbations du microbiote intestinal, bien que ces résultats ne soient pas cohérents d'une étude à l'autre.  

En 2019, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a entamé un processus de réévaluation des édulcorants artificiels afin d'évaluer les risques et les bénéfices à long terme de leur consommation à la lumière des preuves scientifiques les plus récentes - les conclusions n'ont toujours pas été rendues à ce jour. 

A retenir !

• Les édulcorants peuvent aider les patients atteints de diabète, et d'autres, à atteindre et à maintenir une perte de poids et à contrôler leur taux de glycémie au quotidien.  
• Bien que tous les édulcorants disponibles sur le marché aient fait l'objet d'un processus d'évaluation rigoureux, les nouvelles recherches scientifiques doivent encore être prises en compte dans la réévaluation de leur sécurité et de leurs avantages à long terme.  
• Parler avec un diététicien ou un professionnel de la santé, et lire attentivement les étiquettes des produits alimentaires, est le meilleur moyen pour les patients diabétiques de choisir en toute connaissance de cause s'ils veulent consommer des substituts de sucre pour les aider à gérer leur maladie.