Voyage à l’étranger : 7 choses à savoir sur la tourista
Publié le 30 juil. 2018
Pire ennemie du voyageur, la tourista est en général sans gravité. Si cela vous arrive, une seule chose à faire : vous hydrater.
Après une bonne journée de visite, vous vous accordez une petite pause sur la terrasse d’un restaurant. Vous commandez un sandwich. Problème, vous n’avez rien pour vous laver les mains. Mais tant pis, la faim vous tenaille le ventre. Quelques heures plus tard, vos intestins expriment leur mécontentement : vous avez attrapé une tourista.
● Quels sont les symptômes de la tourista ?
Si vous êtes victime de diarrhées à répétition (au moins trois par jour), de vomissements, fièvre et douleurs abdominales, c’est probablement une tourista. Cette maladie, également appelée "diarrhée du voyageur", est le plus souvent bénigne. Et contrairement aux idées reçues, elle n’est pas liée à un changement de climat ou d’alimentation. Le coupable est le faible niveau d’hygiène du pays visité, où virus et bactérie peuvent provoquer cette gastro-entérite aiguë. Il s’agit d’ailleurs de la même maladie responsable d’une épidémie chaque hiver en France.
● Quelles sont les populations à risque ?
Cette maladie est fréquente. Selon un dossier publié en 2007 par la Presse Médicale, une revue scientifique, la tourista est "le problème de santé le plus fréquent chez le voyageur", avec environ 40% de touristes atteints. Ceux qui sont le plus à risque de faire des formes sévères de la maladie sont les enfants en bas âge, qui n’ont pas encore de défenses immunitaires efficaces, et les personnes avec un déficit immunitaire (porteuses du VIH par exemple) ou celles avec une maladie chronique (diabète, etc.). L’incubation est brève (entre quelques heures et quelques jours), de même que la maladie qui dure généralement entre un et cinq jours.
● Que se passe-t-il dans le corps du malade ?
"La principale responsable de cette gastro-entérite est la célèbre bactérie Escherichia coli entérotoxinogène, explique le Dr Paul Henri Consigny, directeur du Centre Médical de l’Institut Pasteur. Cette bactérie sécrète des toxines qui provoquent, en réaction, une sécrétion d’eau par les muqueuses. Les selles deviennent donc liquides." D’autres bactéries, virus et parasites peuvent également être responsables de cette gastro-entérite aiguë.
Parmi eux, certains sont capables d’envahir la muqueuse intestinale en détruisant les villosités intestinales. Ce second mécanisme entraîne une diarrhée invasive ou inflammatoire avec des selles contenant du sang et des glaires et des douleurs abdominales. Ces deux mécanismes peuvent être associés chez un même malade.
● Comment savoir qu’il s’agit bien d’une tourista ?
Lorsque l’on s’apprête à voyager dans certains pays, il est nécessaire de prendre des médicaments permettant de prévenir le paludisme. Or ces médicaments peuvent provoquer des troubles digestifs. Il n’est donc pas toujours facile de faire la différence entre ces symptômes et une véritable tourista. "En général, les symptômes d’une tourista sont plus sévères mais durent moins longtemps. Au bout d’une semaine, la plupart des patients sont guéris. En revanche, pour la Malarone (antipaludique, NDLR), les effets indésirables persistent tout au long du traitement", explique le Dr Consigny.
● Comment se prémunir de la maladie ?
"Il faut toujours se laver les mains à l’eau ou au gel hydroalcoolique avant de manger ou de manipuler des aliments, rappelle le Dr Consigny. Il faut également privilégier les aliments cuits ou ceux pelés par soi-même."
Si l’eau du robinet n’est pas potable dans le pays dans lequel vous vous rendez, il faut toujours boire de l’eau désinfectée avec des pastilles, bouillie ou encore provenant de bouteilles scellées. En cas de sensibilité particulière, il est également possible de se laver les dents à l’eau potable. Autre conseil : évitez de boire des boissons contenant des glaçons, souvent fait à partir d’eau du robinet congelée.
Enfin, il faut faire attention à certains produits : fruits de mers, poissons et viandes mal cuits, glaces artisanales, lait, produits laitiers ou encore boissons non encapsulées.
● Une fois la maladie déclarée, que faut-il faire ?
"L’essentiel est de s’hydrater, rappelle le Dr Consigny. On ne meurt pas de diarrhées, mais de déshydratation." Des solutions de réhydratation existent et sont principalement données aux populations à risque (enfants en bas âge et personnes âgées).
Mis à part l’hydratation, il n’est généralement pas nécessaire de prendre un traitement en cas de tourista. Cependant, si les symptômes persistent, le médecin peut prescrire du Racécadotril (Tiorfan, par exemple), un médicament qui diminue les excrétions en eau de l’intestin. Parfois, de la Lopéramide (Imodium, par exemple) peut également permettre de ralentir le transit intestinal.
"Dans des situations très particulières et souvent compliquées, il m’arrive de prescrire des antibiotiques, explique le Dr Consigny. En revanche, les désinfectants intestinaux, comme le Nifuroxazide (Ercéfuryl ou Panfurex), sont très prescrits, mais n’ont aucun intérêt."
● La tourista peut-elle devenir une diarrhée persistante ?
Très rarement, chez certaines personnes, l’infection peut entraîner "des troubles digestifs persistants liés à la modification de la flore intestinale", explique le Dr Consigny. Mais ceux-ci peuvent aussi être la conséquence d’un changement de régime alimentaire pendant le voyage. "Lorsque l’on change d’alimentation, on modifie également un peu sa flore intestinale, ce qui peut engendrer des troubles digestifs au long cours."
Le Figaro Santé
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