Transplantation, immunodépression, Covid-19 et don du sang : on vous dit tout !
Publié le 6 juin 2021 • Par Aurélien De Biagi
La transplantation d’organes a fait de grands progrès tant au niveau médical que chirurgical. A l’heure actuelle, le risque de rejet à court terme du greffon est quasiment nul. La recherche se concentre aujourd’hui sur le développement d’une meilleure immunosuppression et de l’immunotolérance.
Dans cet article, nous nous proposons, après une courte introduction sur la transplantation, de répondre aux questions les plus fréquemment posées sur cette prouesse médicale.
Bonne lecture !
Qu’est-ce que la transplantation d’organes ?
La transplantation, dernier recours en cas de défaillance d’organes, est pratiquée depuis les années 1950 (date de la première transplantation rénale réussie). Depuis, cette technique a connu une forte croissance. En effet, l’opération est mieux maîtrisée et ses indications sont de plus en plus larges. En 2019, 5 901 greffes ont été réalisées en France. Malgré tout, plus de 26 000 personnes étaient sur liste d’attente cette même année.
Les organes les plus souvent transplantés sont le rein (peut provenir d’un donneur vivant), le cœur, le foie, les poumons et le pancréas. Le rein reste cependant le grand gagnant avec 3 643 greffes en 2019, c’est-à-dire environ 2,6 fois plus que le foie (1 356 en 2019) et environ 9 fois plus que les poumons (384 en 2019). En moyenne, un donneur décédé donnera trois organes. La respiration et la circulation sanguine sont maintenues par méthode de réanimation jusqu’au prélèvement.
De plus, la grande majorité des organes sont prélevés chez des patients en état de mort cérébrale. Cependant, des prélèvements peuvent également avoir lieu chez des patients en arrêt cardiaque. En effet, depuis 2006, ce type de prélèvement a repris à condition de respecter les critères posés lors de la conférence de Maastricht de 1995 et la pose rapide d’une circulation artificielle.
Il est également important de noter que seule la moitié des donneurs potentiels sont prélevés. En effet, dans un tiers des refus, la famille en est l'instigatrice, sinon des antécédents pathologiques (tumeurs, maladie infectieuse…) ou des obstacles médicaux empêchent la greffe.
La gestion des greffes et des greffons est attribuée à l’Agence nationale de biomédecine. C’est elle qui détient les listes d’attente, attribue les greffons et reçoit les offres de prélèvement.
Que dit la loi sur la transplantation ?
La loi Caillavet de 1976, puis celle de bioéthique de 1994, réactualisée en 2004 et 2011, ont instauré, au nom de la solidarité nationale, le consentement présumé comme étant la règle. Sauf si le refus a été exprimé préalablement, toute personne majeure est considérée comme donneur potentiel après sa mort. De plus, depuis la loi du 26 janvier 2016 qui réaffirme ce principe, le corps médical n'a plus l'obligation de demander le consentement à la famille. C’est par ailleurs l’agence de biomédecine qui possède et gère le registre national des refus.
Dans les faits, le consentement est généralement demandé à la famille du défunt et cela au pire moment : juste après le décès. En effet, il est primordial que le prélèvement se fasse le plus rapidement possible.
Est-ce que les patients transplantés sont immunodéprimés ?
L'origine des rejets lors de transplantation est la réaction du système immunitaire contre le greffon qui est vu comme un corps étranger. Cette réaction est donc la cible des thérapeuthiques via des immunosuppresseurs notamment (médicaments visant à diminuer la réponse immunitaire). Parmi ces traitements, on retrouve généralement des corticoïdes à forte dose en association avec d’autres molécules comme par exemple : la ciclosporine, le tacrolimus, etc.
Malheureusement, ces molécules sont très toxiques, elles ont donc des effets secondaires importants comme des risques d’obésité, de diabète, d’atteintes osseuses ou d’hypertension artérielle. De plus, elles ne sont pas sélectives, toute la réponse immunitaire se voit touchée laissant le patient vulnérable aux pathogènes infectieux.
Le risque de rejet à court terme est, aujourd’hui, maîtrisé (90% de survie des greffons à un an). La découverte du complexe majeur d’histocompatibilité (CMH ou système HLA) a permis de grandement réduire les risques de rejet hyperaigu et à court terme. Ce complexe, découvert en 1958 par le professeur Jean Dausset, désigne l'ensemble des molécules à la surface des cellules, responsable de la détection du “soi” par le système immunitaire. Le CMH de deux personnes différentes sera toujours différent (sauf éventuellement entre vrais jumeaux). L’objectif est donc, à la manière des groupes sanguins pour la transfusion, de trouver des patients ayant des CMH les plus proches possibles, limitant ainsi au maximum les risques de rejets. Malgré cela, un traitement immunosuppresseur à vie sera tout de même nécessaire.
De plus, à long terme, le risque de rejet est important. Après plusieurs années, le greffon subit des lésions et des pertes de fonctionnalités. La recherche se tourne naturellement vers ce problème notamment via une immunosuppression “à la carte” et le développement de l’immunotolérance (“enseigner” au système immunitaire du receveur que le greffon fait partie du soi).
Les transplantés ont-ils plus de risques de contracter la Covid-19 ?
Étant sous immunosuppresseur, les patients transplantés sont considérés comme immunodéprimés, ce qui les rend plus sensibles aux agents infectieux du fait de la baisse de la réponse immunitaire.
Or la Covid-19 est une maladie causée par un virus le SARS-CoV-2, il s’agit donc d’une maladie infectieuse. Le risque pour ces patients est donc accru. Par ailleurs, le conseil d’orientation de la stratégie vaccinale a émis une précision sur la vaccination anti-Covid pour les patients immunodéprimés et leurs proches. Dans cette précision, la recommandation de l’injection d’une troisième dose de vaccin pour les personnes sévèrement immunodéprimées a été annoncée. Cela inclut les patients ayant reçu une transplantation d’organe ou de cellules souches hématopoïétiques, sous chimiothérapie lymphopéniante, ou sous immunosuppresseurs.
Les transplantés peuvent-ils donner leur sang ?
Le don du sang est un acte volontaire, il est, toutefois, régi par des règles strictes. Ces dernières visent à protéger le receveur tout comme le donneur. Par exemple, le donneur ne doit pas avoir pris ou prendre d’antibiotiques dans les deux semaines précédentes, ne pas se droguer, ne pas être atteint de maladie infectieuse transmissible par voie sanguine comme le VIH etc...
Vous pouvez, par ailleurs, retrouver tous les prérequis et contre-indications au don du sang sur le site de l’établissement français du sang (EFS). Parmi celles-ci, on retrouve la greffe, afin de prévenir tout risque d’exposition à un agent émergent (agent récemment apparu).
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Sources :
Transplantation d’organes / Greffe, Inserm
Tout savoir sur le don du sang, Agence de la biomédecine
Combien y a-t-il de donneurs en France ?, Agence de la biomédecine
Définition des maladies émergentes, CAMIP info
Quelles sont les contre-indications au don de sang ?, Santé publique France
Tout savoir sur les contre-indications, EFS
Les modalités du don d’organes ou de tissus, Ministère des solidarités et de la santé
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