La maladie cœliaque et le régime sans gluten
Publié le 5 nov. 2020 • Par Doriany Samair
La maladie cœliaque se décline sous divers symptômes qui ne sont pas uniquement digestifs et peut avoir de graves conséquences si elle n’est pas diagnostiquée à temps.
Qu’est-ce que la maladie cœliaque ? Comment se manifeste t-elle ? Comment est-elle diagnostiquée ?
Aujourd’hui, il n’existe pas de solution thérapeutique à la maladie cœliaque autre que l’éviction totale et définitive du gluten : le régime sans gluten ! Que penser de cette tendance “sans gluten” ?
On vous dit tout dans notre article !
La maladie cœliaque : principale indication du régime sans gluten
La maladie cœliaque toucherait jusqu’à 2% de la population (Europe, Inde, Moyen-Orient, Afrique du Nord et Etats-Unis). Elle est plus rare en Asie et en Afrique Sub-Saharienne, probablement à cause d’un régime alimentaire différent. Cette affection (majoritairement féminine) est probablement sous-estimée, en raison de la diversité des symptômes et des nombreuses formes asymptomatiques. Principale indication du régime sans gluten (avec l’allergie au gluten/blé), la maladie cœliaque menant à une véritable atrophie villositaire entraîne des phénomènes de carence et de malabsorption qui ne peuvent être ignorés.
Est-ce une maladie génétique ?
Des prédispositions génétiques ont été identifiées dans la plupart des cas de maladie cœliaque (95%) : notamment, les malades sont porteurs de gènes spécifiques (HLA-DQ2 et/ou HLA-DQ8). Par exemple, faire partie de la famille rapprochée (père, mère, frères et sœurs et enfants), expose un individu à 10% de risques d’emblée de développer la maladie. Mais attention, être “porteur” ne signifie pas que l’on sera forcément intolérant au gluten : 20% des porteurs de ces gènes n’ont pas de symptômes de la maladie cœliaque. Les causes et origines de cette maladie restent difficiles à identifier car l’implication de facteurs extérieurs non génétiques est non négligeable dans l’évolution de la maladie.
Comment est posé le diagnostic de la maladie cœliaque ?
Le diagnostic de la maladie cœliaque (faisant souvent suite à des constatations cliniques évocatrices), repose sur le dosage des anticorps (anticorps anti-transglutaminase) et se confirme par biopsie intestinale. Cependant, il arrive que les dosages d’anticorps soient négatifs, malgré des symptômes cliniques “évidents”. Dans ce cas, il est possible de faire une recherche génétique (portage des gènes HLA-DQ2 et/ou HLA-DQ8) et de confirmer le diagnostic par la biopsie intestinale. Par ailleurs, une biopsie intestinale ne peut pas être concluante si le patient a déjà entamé un régime “sans-gluten”. Les lésions caractéristiques de la muqueuse intestinale s’estompent en l’absence de contact avec le gluten ce qui rend le diagnostic histologique difficile.
En effet, au bout d’un an de régime sans gluten, des dosages d’anticorps négatifs et une disparition complète des symptômes viendront attester le diagnostic.
Comment se manifeste la maladie cœliaque ?
La maladie cœliaque se manifeste donc par ce tableau de malabsorption (amaigrissement important) avec des diarrhées chroniques et des douleurs abdominales et des ballonnements. La forme classique débute chez le nourrisson dès 6 mois, date de disparition des Ig maternelles et de l’introduction des aliments contenant du gluten dans l’alimentation. Le nourrisson est souvent fatigué, apathique, triste. Une cassure de la courbe staturo-pondérale (taille et poids) du nourrisson se révèle significative au vu du tableau clinique évocateur.
Cependant, la plupart des sujets atteints déclarent peu de symptômes ou présentent des symptômes extra digestifs atypiques (des crampes musculaires, une stomatite aphteuse, des irrégularités menstruelles, ou même des fausses couches à répétition). Le nombre et l’intensité des symptômes varient d’une personne à une autre. Ainsi, la majorité de ces cas atypiques ou silencieux n’est pas diagnostiquée, ce qui explique que la prévalence (nombres de cas) de la maladie cœliaque est assez variable dans le monde (0,7 à 2 % de la population en Europe, Etats-Unis, Inde, Moyen-Orient et Afrique du Nord). On peut noter que la maladie cœliaque touche trois femmes pour un homme.
Comment soigne-t-on la maladie cœliaque ?
A l’heure actuelle, il n’existe aucun traitement mis à part le régime sans gluten strict et à vie. En effet, seule l’éviction totale de cette substance est indiquée de manière impérative en cas de diagnostic d’une maladie cœliaque. Ce régime est à respecter à vie pour que les anticorps restent négatifs et pour prévenir la survenue de complications (ostéoporose, anémie, malnutrition). Pour les formes silencieuses (en cas de dépistage fortuit), l’instauration de ce régime sans gluten strict est discutable : sans indice ou signe clinique minime renvoyant à la maladie, une surveillance clinique et biologique régulière peut être envisagée.
Le régime sans gluten : solution thérapeutique ou régime tendance ?
Pourquoi le gluten a-t-il si mauvaise réputation ?
Aujourd’hui il est souvent identifié comme un ennemi pour des raisons purement médicales et parfois nutritionnelles.
Face à l’émergence et à la diffusion mondiale des produits contenant du gluten, de nombreux cas présentant des symptômes digestifs se sont déclarés. Il faut savoir que les affections liées au gluten ont toujours existé, mais c’est depuis l’inondation du marché agroalimentaire par ces produits que ces maladies se sont généralisées.
En effet, entre le 19ème et le 20ème siècles, de nombreux médecins (notamment le Dr Willem Karel Dicke) ont constaté que des troubles digestifs similaires chez leurs patients pouvaient s’estomper par l’éviction du blé. Cette théorie est alimentée et prouvée par des publications scientifiques qui classifient ces troubles en trois types d’affections : la maladie cœliaque, l’allergie au gluten et la sensibilité “non cœliaque” au gluten. En guise de traitement, c’est l’éviction du gluten qui a été le seul à faire ses preuves en termes d’efficacité.
Pour qui le régime sans gluten est-il recommandé ?
Les principaux sujets chez qui le régime sans gluten est officiellement recommandé sont les patients atteints de maladie cœliaque ou allergiques au gluten. De manière plus controversée, les sujets atteints de sensibilité “non cœliaque” au gluten sont aussi concernés. Mais il faut savoir que malgré les nombreuses études en faveur d’une extension des recommandations d’un régime sans gluten à ces patients ou à certaines pathologies psychiatriques ou endocrinologiques, en l’état actuel des connaissances, il est impossible de corréler les bienfaits d’un régime sans gluten à une diminution des symptômes.
Le régime sans gluten est, depuis quelques années, énormément relayé par les médias et repris par les industriels de l’agroalimentaire mais fait débat au sein de la population. C’est “LE” régime le plus entrepris aux Etats-Unis, devant celui sans graisse et celui sans sucre.
Le livre “Wheat Belly” (“Pourquoi le blé nuit à vitre santé”) du Docteur William Davis, par exemple, a hautement participé à propager cette tendance nutritionnelle. Le cardiologue retrace son investigation pour identifier le poison responsable des troubles qu’il constate chez beaucoup de ses patients et lui-même. Il dénonce les méfaits du blé (pas que du gluten) sur l’organisme, notamment en prônant un régime “sans céréales” qui permettrait à ses patients atteints d’obésité ou de diabète de perdre des dizaines de kilos. Face à l’explosion des cas d’obésités et de surpoids, notamment aux Etats-Unis, l’efficacité de ce régime s’est popularisée.
C’est pourquoi, malgré cela, il faut rester vigilant car ce régime ne fait pas l’objet de recommandations chez tout le monde et le gluten s’est avéré toxique en majorité chez des personnes génétiquement prédisposées. C’est un régime contraignant qui bouleverse de manière définitive le mode de vie des malades.
Pour aider les patients atteints de maladie cœliaque, l’Association Française des Intolérants au Gluten (AFIG) dans sa rubrique “Au quotidien”, donne des conseils, astuces, recettes pour pallier à l’impact social et psychologique que peut avoir ce type de régime. Par exemple, il peut être intéressant de savoir repérer le logo “épi barré” qui garantit l’absence totale de gluten dans les produits ou de pouvoir identifier les produits dits “interdits” (fiche d’aide pour une alimentation sans gluten).
Avant d’être une tendance, le régime sans gluten est une réelle solution thérapeutique qui améliore considérablement la qualité de vie des patients.
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