Vaccins : quelle prise en charge pour les patients atteints de Purpura Thrombotique Thrombocytopénique (PTT) ?
Publié le 27 nov. 2022 • Par Nada Doukkali
Le PTT (Purpura Thrombotique Thrombocytopénique) est une maladie hématologique rares caractérisée, entre autres, par un nombre réduit de plaquettes dans la circulation du sang.
Vivre avec un PTT implique un suivi de santé rigoureux et des précautions, notamment, concernant la prise de certains médicaments. Mais qu’en est-il des vaccins ?
Lisez notre article pour en savoir plus !
Comment fonctionne la vaccination ?
Les vaccins permettent de préparer les défenses du système immunitaire face aux menaces de l’extérieur, que l’on appelle des pathogènes. Ils permettent à celui-ci de s’entraîner à reconnaitre ces dits pathogènes en lui en présentant une petite partie, une version inactivée ou très affaiblie, sans danger pour l’organisme.
Le corps va alors fabriquer des cellules dites « mémoire », qui seront capables de reconnaître et d’agir plus rapidement si une infection se présente.
Il existe deux types de vaccin :
- Les plus courants sont les vaccins préventifs, qui permettent à l’organisme de mieux combattre les maladies infectieuses, dues à des pathogènes extérieurs, en reprenant les mécanismes décrits ci-dessus.
- Il existe également des vaccins thérapeutiques, qui aident à « déverrouiller » le système immunitaire, entravé par certaines maladies, comme les cancers par exemple. Ces derniers sont principalement en développement.
La vaccination permet donc de lutter contre les maladies infectieuses, mais aussi contre la transmission de celles-ci. On estime qu’elle a permis, par exemple, une baisse de 99% des cas de poliomyélites depuis 1988, et de 73% des cas de rougeole entre 2000 et 2018.
Quelle prise en charge pour les patients atteints de PTT (Purpura Thrombotique Thrombocytopénique) ?
Le Purpura Thrombotique Thrombocytopénique (PTT) est une maladie du sang. Elle est caractérisée par une anomalie de la coagulation sanguine et est constituée de phases de calme et d’épisodes appelés rechutes ou récidives.
L’administration des vaccins peut, dans certains cas, être une source de récidive dans cette pathologie. Il est donc important de bien encadrer la prise en charge.
La maladie est due au défaut d’une protéine appelée ADAMTS13. Il est donc important de vérifier que son taux dans le sang atteint un « seuil protecteur » d’activité supérieure à 20% chez le patient avant d’envisager une vaccination.
Concernant le PTT congénital, pour lequel le défaut de l’ADAMTS13 est due à une anomalie génétique, ce problème est pallié par l’administration des vaccins immédiatement après une transfusion de plasma, pour éviter une rechute de la maladie.
En revanche, en ce qui concerne le PTT acquis, la maladie est due à des anticorps auto-immuns, c’est-à-dire dirigés contre le corps lui-même. Ces anticorps s’attaquent à la protéine ADAMTS13 produite par l’organisme, ce qui entraîne la baisse de son taux sanguin. Le traitement souvent requis est alors l’usage d’immunosuppresseurs (tels que les corticoïdes) qui sont des traitements qui diminuent l’activité du système immunitaire. Il est donc préférable que ces patients soient bien couverts en cas d’infection par des pathogènes. Cependant, pour que la réponse d’un vaccin soit optimale, il faut qu’il soit administré à distance de la prise de ces médicaments, pour ne pas que l’action d’immunosuppression de ces derniers n’empiète sur l’action protectrice du vaccin. On considère généralement que les vaccins inactivés ou tués sont plus sûrs que les vaccins vivants chez les personnes recevant un traitement immunosuppresseur.
Enfin, l’un des traitements de la pathologie consiste en l’ablation de la rate, qui est l’un des organes responsables de la production des anticorps du système immunitaire. Les patients auxquels on retire la rate sont donc à fort risque d’être immunodéprimés, c’est-à-dire d’avoir un système immunitaire moins combatif que la moyenne. Dans ce sens, la vaccination annuelle antigrippale leur est recommandée.
De plus, de par leur immunosuppression, ces patients sont également très sensibles face à un type de bactéries particulier, appelées pneumocoques. Il est donc important pour eux d’être à jour sur le vaccin antipneumococcique. Certaines recommandations considèrent même, dans certains cas, une revaccination pouvant aller jusqu’à une fois tous les 3 ans.
Dans tous les cas, la prise en charge de n’importe quel projet de vaccination doit être sécurisée par le médecin traitant et/ou le médecin spécialiste en charge du patient.
La maladie peut-elle être déclenchée par les vaccins ?
Certains vaccins peuvent induire un PTT acquis suite à la production d’anticorps auto-immuns qui vont induire un taux bas de plaquettes. A ce titre, de rares cas de PTTa déclenchés par la vaccination anti-COVID ont été documentés.
Cependant, cette présentation du PTTa induit par la vaccination est à dissocier d’un autre syndrome de thrombopénie associée à la prise du vaccin anti-COVID, également recensés. Ce syndrome, appelé VITT (Vaccine-Induced Immune Thrombotic Thrombocytopenia), est dû à la formation d’anticorps dirigés directement contre les plaquettes.
Qu’en est-il du vaccin anti-COVID ?
Le PTT n’est pas une maladie considérée comme à risque de développer une forme grave de COVID-19, selon les institutions en vigueur. Mais la vaccination anti-COVID reste recommandée, surtout pour les personnes possédant des comorbidités les exposant à un risque accru.
Les précautions énoncées dans le paragraphe précédent sont cependant de rigueur. De plus, il serait préférable de favoriser, si cela est possible, les vaccins à ARN messager (Pfizer-NTech, Moderna...) chez les patients ayant des antécédents de thrombose.
Sources :
Recommandations du CNR-MAT : vaccination contre la COVID-19 des patients atteints de PTT et SHU Atypique, MaRIH
Protocole national de diagnostic et de soins - Purpura Thrombotique Thrombocytopénique, HAS
COVID 19 and Rare Diseases, Orphanews
Les maladies et leurs vaccins, Vaccination Info Service
Vaccins et vaccination, INSERM
COVID and TTP - Updates, TTPNetwork
Vaccination anti-COVID19, CNR-MAT
COVID19 et effet VITT : Vaccination et risque de thrombocytopénie, Santé log
Thrombopénie Thrombosante induite par la vaccination contre la COVID19, ce n'est pas toujours une VITT ! - Revue Francophone d'Hémostase et Thrombose
Vaccin anti COVID et thrombopénie associée (VITT), recommandations de diagnostic et de prise en charge - Réseau Français des Centres Régionaux de Pharmacovigilance
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