Médicaments et libido : les traitements qui peuvent affecter votre désir sexuel ?

Que sont la libido et le désir sexuel ? 

La libido n’est pas seulement liée à la sexualité. La libido représente l'ensemble des énergies créatives et le désir instinctif de plaisir, liée aux pulsions de vie et à l'élan vital, qui peut s'exprimer dans divers aspects de la vie comme la créativité, la socialisation ou la gourmandise, et cela inclut le désir sexuel. 

Celle-ci peut être influencée par différents facteurs : 

• Physiques : fatigue, alimentation, prise de certains médicaments, 
• Psychologiques : stress, anxiété, dépression, 
• Hormonaux : variations liées au cycle menstruel, grossesse, ménopause, 
• Relationnels : qualité de la relation intime, communication, 
• Environnementaux : style de vie, métiers, rythme de vie. 

Le désir sexuel, quant à lui, est une expression spécifique de la libido, centrée sur l'attirance physique et l'envie de partager une intimité sexuelle avec quelqu'un. On parle aussi de troubles de l’intérêt sexuel ou de trouble de l’excitation. 

Comment certains médicaments affectent la libido et le désir sexuel ? 

La libido est un reflet important de notre bien-être émotionnel et physique, mais elle peut être affectée par les médicaments. 

Pour les personnes souffrant de maladies chroniques, certains traitements prescrits peuvent provoquer des effets secondaires qui perturbent directement la libido, ce qui peut rendre la gestion de la vie sexuelle particulièrement complexe. 

Les hommes et les femmes ne sont pas affectés de la même façon : les traitements influençant la libido varient selon le sexe, à l'exception de certains antidépresseurs et psychotropes, qui peuvent toucher les deux. 

Découvrons les médicaments les plus courants qui peuvent affecter la libido et le désir sexuel : 

Les médicaments antidépresseurs 

Les antidépresseurs sont souvent responsables de la baisse de la libido, notamment les ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine) comme les substances actives escitalopram (Seroplex®), citalopram (Seropram®), fluoxétine (Prozac ®), fluvoxamine (Floxyfral®), paroxétine (Deroxat®) ou sertraline (Zoloft®). Il y a aussi les médicaments IRSNA (inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline) comme venlafaxine (Effexor®). 

Ces types de médicaments pour la dépression agissent sur les niveaux de sérotonine dans le cerveau, un neurotransmetteur important pour la régulation de l’humeur et du désir sexuel. Bien que ces traitements soient efficaces contre la dépression, ils sont fréquemment associés à une réduction du désir sexuel, à des difficultés d’orgasme et à une diminution de la satisfaction sexuelle. 

Il faut échanger avec son médecin, qui pourra ajuster le traitement, envisager un antidépresseur différent ou proposer des stratégies pour contrer cet effet secondaire comme l’ajout de bupropion, ou l’utilisation de sildénafil pour améliorer la libido, y compris chez les femmes, et en l'absence de contre-indication. 

Pour la prise en charge des troubles du comportement, certains psychotropes comme les benzodiazépines utilisées pour traiter l'anxiété, peuvent entraîner une baisse de la libido. Ces médicaments ne sont pas des antidépresseurs. 

Les médicaments antipsychotiques

Les antipsychotiques, utilisés pour traiter des troubles tels que la schizophrénie ou les troubles bipolaires, peuvent altérer la libido chez les hommes et les femmes. En inhibant la production de dopamine, ces médicaments comme chlorpromazine (Largactil®), halopéridol (Haldol®) ou aripiprazole (Abilify®) réduisent la libido, la lubrification vaginale et l'orgasme. Ils peuvent également augmenter les niveaux de prolactine, ce qui entraîne des troubles hormonaux affectant la fonction sexuelle. 

Pour réduire ces effets, il est possible de passer à des antipsychotiques de deuxième génération, qui ont moins d'impacts sexuels, ou d'utiliser des crèmes et gels pour la lubrification. La psychothérapie peut également aider à gérer cette problématique. 

Les médicaments de l’hypertension artérielle

Les traitements pour l’hypertension artérielle (HTA), en particulier les bêta-bloquants comme propranolol (Karnodyl®), pindolol (Visken®) et aténolol (Tenormine®) ; et les diurétiques thiazidiques comme (Esidrex®, Tensionorme®), peuvent avoir un effet négatif sur la libido. Ces médicaments affectent la circulation sanguine, réduisant ainsi le flux sanguin vers les organes génitaux, ce qui peut entraîner une baisse du désir sexuel. Cela peut se manifester par des difficultés érectiles chez les hommes ou une sécheresse vaginale chez les femmes. 

D’autres médicaments cardiovasculaires, tels que les molécules Digoxine®, amiodarone (Cordarone®) et les statines (Atorvastatine®, Tahor®, Pravastatine®), peuvent perturber la fonction sexuelle. Cependant, certains antihypertenseurs, comme les inhibiteurs de l'enzyme de conversion (IEC) tels que bénazépril (Cibacene®, Cibadrex®), Fosinopril® ou Captopril®, ont un impact moins marqué sur la libido. 

Les effets secondaires sexuels peuvent être minimisés par les médecins, il est important de ne surtout pas arrêter le traitement antihypertenseur sans l’avis de son médecin. 

Les médicaments antidiabétiques

Les traitements pour le diabète, en particulier les insulines et les médicaments hypoglycémiants comme les sulfonylurées, des antidiabétiques oraux, tels que la substance active glimépiride (Amarel®) et autres, peuvent altérer la libido. 

L’hyperglycémie chronique et les fluctuations de la glycémie peuvent perturber les hormones et affecter la libido. En outre, les médicaments utilisés pour réguler la glycémie peuvent entraîner des effets secondaires qui influencent directement le désir sexuel, tels que la fatigue et une mauvaise circulation. Une gestion stricte de sa glycémie peut améliorer la libido. 

Les médicaments analgésiques

Les opioïdes et certains analgésiques non-opioïdes puissants comme le tramadol®, peuvent perturber la libido. Ces médicaments affectent le système nerveux central et peuvent altérer la réponse sexuelle en modifiant les niveaux d'hormones et en provoquant de la fatigue ou de la dépression. 

Des alternatives aux opioïdes, comme les anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS) ou les thérapies physiques, peuvent avoir un moindre impact sur la libido. 

Les médicaments alpha-bloquants 

Les alpha-bloquants, utilisés pour traiter l’hypertrophie bénigne de la prostate et le cancer de la prostate, peuvent affecter la vie sexuelle des hommes de deux manières. Les alpha-bloquants de première génération comme la térazosine (Dysalfa®, Hytrine®) peuvent causer une dysfonction érectile en réduisant le flux sanguin pénien, similaire aux effets des antihypertenseurs. Ceux de deuxième génération comme Tamsulosine® peuvent provoquer des éjaculations rétrogrades, où le sperme se dirige vers la vessie au lieu du pénis. Bien que ce problème puisse être résolu en ajustant le traitement, cela n'est pas toujours efficace. 

D'autres traitements, tels que les antiépileptiques, peuvent entraîner une diminution ou une perte du désir sexuel, et/ou d'excitabilité, voire une anorgasmie. Aussi, la chimiothérapie (tamoxifène®), les médicaments contre les hépatites, les traitements anti-VIH, les traitements de la thyroïde, ainsi que la pilule contraceptive, peuvent altérer la libido. Toutefois, les psychotropes (ou neuroleptiques) et les médicaments cardiovasculaires restent les plus influents. 

Il n'existe pas de médicament spécifique pour augmenter la libido, et donc le désir sexuel, mais il est possible d'ajuster certains traitements, en concertation avec son médecin. En outre, certains patients optent pour la phytothérapie, à l’aide de plantes comme le gingembre, le maca, le safran et le ginseng, qui peuvent stimuler le désir sexuel. 

À retenir ! 

Les médicaments ayant un impact sur la libido incluent principalement les psychotropes (neuroleptiques, antidépresseurs) et les médicaments cardiovasculaires. Les anciens médicaments de ces classes causent plus d'effets secondaires sur la libido que les nouveaux, qui sont plus sélectifs. 

La baisse de libido est un effet secondaire fréquent des médicaments, mais il ne faut pas le considérer comme une fatalité. Il est important d’en parler à son médecin. Une évaluation de sa situation et un ajustement du traitement peuvent grandement améliorer la qualité de vie.