La sclérose en plaques et les troubles cognitifs, quels sont-ils ?

Qu’est-ce que la sclérose en plaques (SEP) ? 

La sclérose en plaques (SEP) est la deuxième cause de handicap acquis chez le jeune adulte, en France, après les traumatismes. Aujourd’hui, elle touche 120 000 personnes en France et 3 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. L’âge moyen d’apparition de la maladie est de 30 ans. 

Il s’agit d’une maladie inflammatoire du système nerveux central : cerveau, moelle épinière et nerfs optiques. Le système immunitaire, normalement impliqué dans la lutte contre les virus et les bactéries, s’attaque à la myéline (gaine protectrice des fibres nerveuses) qui joue un rôle important dans la propagation de l’influx nerveux du cerveau aux différentes parties du corps. 

Les signes observés en début de maladie varient en fonction de l’emplacement des lésions dans le cerveau ou dans la moelle épinière. On retrouve : des troubles moteurs, des fourmillements, des troubles de l’équilibre, des troubles visuels et/ou urinaires et sont souvent transitoires, la sclérose en plaques évoluant par poussées. 

La SEP peut donc entraîner un éventail de symptômes sur les plans moteur, sensoriel, psychologique et cognitif. L’évolution et l’expression de la maladie sont extrêmement imprévisibles. 

Quels sont les troubles cognitifs liés à la sclérose en plaques (SEP) ? 

Au cours de la maladie, des lésions surviennent dans le cerveau. En fonction des zones touchées par ces lésions, des troubles moteurs peuvent apparaître, ils entraînerons, par exemple, des difficultés à la marche. 

De la même manière, ces lésions peuvent provoquer des altérations dans la façon qu’a le cerveau de fonctionner. Cela ne signifie pas que les capacités intellectuelles diminuent, mais une altération de certains mécanismes de fonctionnement des réseaux cognitifs du cerveau peut apparaître. 

Les troubles cognitifs sont fréquents dans la sclérose en plaques. Leur prévalence varie entre 40 et 70% selon les études publiées. La plupart des patients connaissent des perturbations légères ou modérées tandis qu’environ 10% d’entre eux rencontrent des difficultés plus importantes. 

Ainsi, plusieurs domaines cognitifs sont affectés par la sclérose en plaques : 

La vitesse de traitement de l’information 

Les troubles cognitifs de la sclérose en plaques sont dominés par un ralentissement de la vitesse de traitement de l’information. En effet, ce ralentissement est 10 fois plus fréquemment retrouvé chez les patients atteints de SEP que dans la population générale. Il l’est encore plus chez les patients atteints d’une sclérose en plaques secondaire progressive (65 fois plus). D’autres travaux ont démontré que les individus touchés par la SEP sont 40% plus lents que les sujets sains sur des tâches de vitesse de traitement. 

L’apprentissage et la mémoire 

La mémoire est importante dans toutes les tâches effectuées au quotidien et une défaillance se remarque assez aisément. Les personnes touchées par la sclérose en plaques se plaignent fréquemment de problèmes de mémoire. Les problèmes d’apprentissage et de mémoire chez ces patients se trouvent au niveau de la mémoire de travail (forme de mémoire à court terme qui permet de stocker et manipuler des informations pendant une courte durée) et au niveau de la mémoire épisodique (elle nous permet de nous situer dans le temps et l'espace et, ainsi, de se projeter dans le futur).  

L’attention 

L'attention est nécessaire dans quasiment toutes les tâches quotidiennes. Elle permet de se concentrer sur le travail en cours, d'intégrer des données, de comprendre des informations, orales ou écrites, et d'émettre des pensées. 

Les processus attentionnels sont nombreux. Certaines études démontrent que les patients atteints de SEP ont une atteinte attentionnelle globale, d’autres démontrent que ce sont les formes d’attention les plus complexes qui semblent les plus affectées. Cela se traduit surtout lorsqu’il s’agit de diviser son attention sur plusieurs tâches de façon simultanée ou, encore, de soutenir son attention pendant un certain temps. Lors de la réalisation de tâches demandant de soutenir un effort mental constant, les patients montrent une détérioration progressive de leurs performances. On appelle cela la “fatigue cognitive”. 

Quelles sont les conséquences des troubles cognitifs sur la qualité de vie des patients atteints de SEP ? 

Même modérées, les difficultés cognitives liées à la sclérose en plaques ne sont pas à prendre à la légère. 

Les troubles cognitifs peuvent avoir un impact important sur la vie quotidienne lorsque, par exemple, il devient compliqué de faire face à des situations qui nécessitent une réaction rapide. Dans un contexte professionnel, cela peut avoir encore plus de conséquences. En effet, si un individu a besoin de davantage de temps qu’auparavant pour accomplir son travail, il n’est pas rare que cela lui soit reproché. 

C’est pourquoi il est important que les troubles cognitifs soient dépistés au plus vite. 

Un dépistage précoce permet au patient de ne pas se sentir coupable des difficultés qu’il peut rencontrer et une prise en charge spécifique pourra lui être proposée. 

Afin de dépister des éventuels troubles cognitifs, des tests, sous forme d’exercices, seront proposés soit par un neurologue soit par un neuropsychologue. Ces tests permettront de connaître la nature et le degré des troubles cognitifs, s’ils existent. 

Quelle est la prise en charge des troubles cognitifs liés à la sclérose en plaques (SEP) ? 

Aucun traitement médicamenteux n’a, à l’heure actuelle, montré une quelconque efficacité sur les troubles cognitifs. Néanmoins, des approches dites de rééducation cognitive ont été développées ces dernières années. 

Ces approches de rééducation cognitive sont généralement réalisées avec un orthophoniste et sont souvent proposés dans le cadre des réseaux de soins de la SEP. 

La rééducation cognitive a pour but de stimuler le cerveau grâce à des séries d’exercices adaptés en fonction des difficultés identifiées chez le patient. 

Ces exercices peuvent concerner la mémoire, l’attention, le traitement de l’information, etc.

En effet, le cerveau étant très plastique, il est capable de s’adapter en permanence. Grâce à la rééducation cognitive, le cerveau va alors pouvoir utiliser des “réseaux de compensation” et pallier les zones qui fonctionnent moins bien en raison des lésions. 

La fréquence et la répétition des entraînements vont permettre de réels progrès. En général, les programmes de rééducation cognitive prévoient plusieurs séances par semaine (2 à 3 séances le plus souvent) pendant plusieurs mois (4 à 5 mois habituellement). 

Une fois ces 4 à 5 mois terminés, des séances complémentaires, mais plus espacées dans le temps, peuvent être proposées selon les besoins des patients.