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Déserts médicaux en France : pourquoi sont-ils apparus ? Quelles sont les solutions possibles ?

Publié le 26 août 2022 • Par Berthe Nkok

Alors que le nombre de médecins diminue fortement, assurer l'accès aux soins à tous, où qu'ils se trouvent sur le territoire, est plus que jamais une préoccupation pour les français. De nombreux praticiens arrivent maintenant à l'âge de la retraite, et la nouvelle génération n'est pas en nombre suffisant pour compenser ces départs, entrainant ainsi un phénomène de désert médical.

Alors, que sont les déserts médicaux ? Pourquoi sont-ils apparus ? Quelles solutions sont possibles ? La télésanté est-elle une option ?

On vous dit tout dans notre article !

Déserts médicaux en France : pourquoi sont-ils apparus ? Quelles sont les solutions possibles ?

Les inégalités régionales d'accès aux soins continuent de se creuser, un segment croissant de la population a du mal à planifier son parcours de soins de santé. Beaucoup de personnes font face à de longs délais d'attente, n'ont pas de médecin traitant ou y renoncent.

Que sont les déserts médicaux ?

Un désert médical est une zone définie par certains paramètres, qui représente une densité insuffisante de professionnels de la santé, en particulier de médecins, par rapport aux besoins des résidents en matière d'accès aux soins de santé.

Les déserts médicaux sont donc les zones où l’offre médicale n’est pas suffisante pour répondre aux besoins des patients. Ce phénomène s'explique par la mauvaise répartition des médecins dans le pays. Cela affecte à la fois l’accès aux médecins, aux services d'urgence et aux médicaments.

Une zone est considérée comme un désert médical si sa densité de médecins généralistes est de 30 % inférieure à la moyenne nationale. Les caractéristiques de la désertification médicale urbaine sont :

  • Le manque de médecine de proximité : les patients doivent parcourir plusieurs kilomètres pour voir un médecin,
  • Le temps d'attente pour les rendez-vous : en raison du nombre insuffisant de médecins, les patients doivent attendre des jours, voire des mois, pour obtenir des rendez-vous,
  • La pénurie de pharmacies : les patients parcourent des dizaines de kilomètres pour trouver des médicaments,
  • L’éloignement des hôpitaux : le seul centre de soins qui fournit des soins immédiats et adéquats en cas d'urgence se trouve à environ 30 minutes en voiture. 

Selon les statistiques du ministère de l'Intérieur, il y avait déjà une grave pénurie de médecins entre 1860 et 1880. A cette époque, environ 30 000 villes françaises n'avaient pas de médecin. Si nous en sommes toujours là après toutes ces années, c'est en grande partie à cause des ravages causés par le numerus clausus, la limitation du nombre de médecins. 

Le numerus clausus est un mot latin jusqu’ici connu de tous les étudiants en médecine en France. Depuis la loi de 1971, seul un nombre limité "fermé" d'étudiants de première et de deuxième année de médecine pouvait accéder à la deuxième ou troisième année de médecine, d’odontologie, de pharmacie, de kinésithérapie ou de maïeutique (sage-femme). C'était donc une sorte de quota, qui a été supprimé en 2021.

Quelle est la cause des déserts médicaux ?

La pénurie de médecins, généralistes et spécialistes est la première cause de désertification médicale. La demande est difficile à satisfaire à mesure que la population vieillit et qu'un suivi accru est nécessaire. De plus, les jeunes médecins cherchent d'autres projets, ce qui rend difficile le fait de combler les départs en retraite des médecins. 

Malheureusement, en raison du numerus clausus destiné à limiter le nombre d'étudiants en médecine, la relève n’est pas assurée. Les jeunes médecins qui devraient faire face au vieillissement du personnel médical ne sont pas nombreux. Ils ne suffisent pas à combler et couvrir la demande croissante. Cela conduit inévitablement à des soins médicaux limités. 

Tous les français n'ont pas un accès égal aux soins de santé, la répartition des praticiens sur le territoire est inégale. La démographie médicale est vieillissante et varie selon la région. En effet, dans la plupart des secteurs touchés, plus la population est élevée et plus la superficie couverte est grande, plus la densité médicale est faible

À la pénurie de spécialistes et de médecins généralistes s'ajoute l’indisponibilité des professionnels de santé exerçant. Les cliniques ouvertes du lundi au vendredi sont rares, tout comme les cliniques ouvertes le week-end.  

La surchauffe médicale se fait sentir même dans les grandes villes. En effet, trouver un médecin traitant peut être compliqué. Débordés par les tâches de la ville, les médecins de la ville sont incapables de prendre de nouveaux patients et se limitent à leur patientèle habituelle.

Quelles solutions sont possibles pour remédier aux déserts médicaux ? 

Une réforme globale des soins de proximité a été prévue pour remédier aux déserts médicaux.  

Le ministère de la Santé a publié des solutions potentielles à la désertification sur son site internet. Pour inciter les médecins à s'installer dans les déserts médicaux, les mesures mises en place sont : 

  • Le développement des stages de médecine générale pour promouvoir cette spécialité,
  • Le versement de bourses étudiantes en contrepartie de l’installation,
  • Une aide financière pour l’installation ou l’exercice,
  • La promotion des centres et maisons de santé, qui offrent un meilleur confort d’exercice.

La télésanté est-elle une option ?

La télésanté est utilisée pour rendre les soins médicaux et paramédicaux accessibles à tous. C'est une forme de pratique médicale à distance utilisant les technologies de l'information et de la communication. Elle permet de mettre en contact un ou plusieurs professionnels de santé entre eux ou avec le patient

Les 5 types d’actes médicaux sont : 

  • La téléconsultation,
  • La télé-expertise,
  • La télésurveillance médicale,
  • La téléassistance médicale,
  • La réponse médicale apportée à distance dans le cadre de la régulation médicale (SAMU). 

La télésanté couvre un domaine vaste et est en constante évolution, de la télémédecine aux applications sur les smartphones et les montres connectées. Par conséquent, elle pourrait être un outil utile pour répondre aux difficultés d'accès aux soins de santé, en particulier pour les personnes vivant dans des zones où les professionnels de la santé sont peu nombreux.


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8 commentaires


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Utilisateur désinscrit
le 26/08/2022

Article intéressant, Berthe !

Il n'y a pas eu de pénurie médicale entre 1880 et les années 1990, semble-t-il, donc on retrouverait de nouveau (et pas toujours) la pénurie des années 1860-1880.

Depuis sa mise en place, le numerus clausus a eu deux buts. L’un avouable, sélectionner des étudiants issus de l’enseignement secondaire scientifique pour mieux suivre l’évolution de la médecine « moderne » qui ne voulait plus être vue comme une simple technique du soin, mais comme une véritable science, pour laquelle il fallait de « vrais » scientifiques ; exit, donc, les littéraires, les humanistes, le monde moderne des années soixante-dix avait besoin d’efficacité. L’autre but, moins avouable, bien qu’évident et traditionnel, était de rationaliser un peu plus le maintien du statut d'élite sociale des médecins, si cher à l'Ordre des médecins, par l’établissement d’un concours extrêmement sélectif.

Par la suite, on a pu penser que la limitation du nombre de médecins en exercice (notamment des spécialités onéreuses : ophtalmologie, radiologie, cardiologie… ) était un moyen qui concourrait à limiter l’envolée du déficit de la Sécurité sociale. Une crispation sur la lutte du déficit social a conduit à ne pas faire progresser le numerus clausus en fonction de l’évolution démographique, c’est-à-dire une diminution du nombre d’étudiants s’orientant vers les sciences et le vieillissement de la population. Cette pénurie était prévisible depuis longtemps, mais l'Etat l’a visiblement négligée.

Alors pourquoi cette pénurie, si vous voulez mon avis ?

Des parcours scientifiques et médicaux trop longs, trop sélectifs et finalement décourageants pour beaucoup de candidats.

Le changement de destination des étudiants en médecine : jamais il n’y a eu autant d’étudiants en médecine n’ayant pas l’intention d’exercer la médecine. De plus en plus font médecine, comme on fait Polytechnique ou Centrale, c’est-à-dire pour obtenir un visa d’entrée prestigieux vers d’autre carrières professionnelles plus ou moins, voire très, éloignées de la médecine : le marketing, le journalisme, les « affaires », etc. Quant à ceux qui persistent dans l’exercice de la médecine, ils optent trop souvent pour l’exercice hospitalier, la recherche, mais pas l’exercice libéral, celui pour lequel le manque de bras et de têtes se fait cruellement sentir. Bref, ils veulent des horaires de travail contrôlables, des salaires élevés et « garantis », sans les inconvénients de la fréquentation excessive des patients.

Le résultat ? Une forte perte de rendement productif de la formation de médecins d’exercice libéral, généraliste ou spécialistes.

Solutions ?

La suppression du numerus clausus produira ses effets dans dix ans, comme vous l’indiquez.

La télémédecine me semble être une demi-solution ; une solution technique, pragmatique, mais « déshumanisante » : je suis prêt à parier que l’on ne parle pas, que l’on ne discute pas avec un médecin via un écran comme on le fait en tête-à-tête, mais je crains que l’on ne soit obligé d’y avoir recours d’une façon de plus en étendue dans les années à venir.

La motivation des (jeunes) médecins est la clef de tout (ou presque). Les solutions proposées par le Ministère pour lutter contre la désertification médicale me semble bonnes, car elles sont incitatives, mais là est aussi la limite de leur efficacité. Il faudrait mettre une touche de contrainte sur les médecins nouvellement diplômés. Quitte à dépenser des milliards, pourquoi ne pas financer réellement la totalité des études de médecine (on le fait déjà pour les élèves de Normale Sup, par exemple) en donnant un salaire à chaque étudiant avec, en contrepartie, une obligation d’exercice public de la médecine à la campagne ou en ville, là où le besoin est, mais en dehors des hôpitaux, pendant 5 ans, par exemple. C’est une solution exigeant une volonté politique pour lutter contre les syndicats médicaux et l’Ordre de médecins, qui sont allergiques à toute idée de contrainte, par respect de l’idée même de l’exercice libéral, qui voudrait qu’un médecin reste le seul à décider où et comment il exercera son activité. Mais quand la situation l’exige, il faut savoir restreindre un peu cette liberté-là, ne serait-ce que pour les cinq premières années d'exercice.

Cordialement,

Philippe


BABARD
le 29/08/2022

Les progrès médicaux, annoncés depuis qq années et aux USA verront des transformations totales des méthodes médicales ( lits médicaux, fiabilité des bilans et expertises des médecins (trop d'erreurs!) Alors espérons qu'il en sera enfin une évolution positive dans les années à venir !


olympepower
le 08/09/2022

La téléconsultation , télédiagnostic….me paressent être des médecines low-cost, qui feront perdre encore des chances aux patients avec des pathologies neurologiques impossible à diagnostiquer, (ou même simplement des angines à streptocoques qui nécessitent un test pour recevoir un traitement adapté ) sans oublier une nouvelle discrimination pour les personnes handicapés. Il faut légiférer l installation ( un peu sur le modèle canadien), obliger les médecins généralistes à visiter à domicile leurs patients lorsque ceux-ci ne peuvent se déplacer et établir des vraies gardes pour désengorger les services d urgences en tension avec des soins non urgents facilement gerables par la médecine de ville . Les dépassements d honoraires de plus en plus fréquents soit disant devant être avec « tact et mesure » que pratiquent de plus en plus de praticiens doivent être interdits ou sans possibilité de conventionnement avec la sécurité sociale ( donc sans possibilité de percevoir des indemnités ou aide de la sécurité sociale )Le serment d hypocrite actuel doit redevenir le serment d Hippocrate !!!!





Elisabeth92210
le 10/09/2022

Merci pour cet excellent article

Une fois de plus ce sont les contribuables qui paient très cher (pour certains et certaines de leur vie) la lâcheté des gouvernants qui ont cédé au lobby des toubibs qui ne voulaient pas partager le gâteau.

Politique à la petite semaine sans vue d'ensemble malheureusement pratiquée dans de nombreux domaines et dont on voit le résultat aujourd'hui




aquarella
le 10/09/2022

Je n'ai pas de solution aux déserts médicaux, j'en suis juste victime et j'ai finalement trouvé ma solution la psucho généalogie qui m'a permis d'arrêter les 10 médicaments que je prenais par jour et la conséquence de ces 10 médocs ça été mon poids donc d'autres maladies liées à l'obésité guérie avec avec le régime du docteur Seignalet, le reiki m'aide pour le reste... Je fais sans eux le plus possible ma seule contrainte c'est le médoc pour mon problème d'hypothyroïdie, je souhaite au plus grand nombre de trouver leur solution et de ne plus rien attendre de cette société de surconsommation en tout, médicament et alimentation chimique des supermarchés

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