8 idées reçues sur la schizophrénie !
Publié le 27 déc. 2021 • Par Candice Salomé
La schizophrénie est un trouble mental sévère et chronique qui affecte plus de 23 millions de personnes dans le monde. Cette pathologie se caractérise par des distorsions de la pensée, des perceptions, des émotions, du sentiment de soi et du comportement. Néanmoins, la schizophrénie se traite. L’objectif étant de réduire les symptômes de la maladie et de favoriser l’insertion sociale et professionnelle du malade.
Malheureusement, mal connue et stigmatisée, cette maladie psychiatrique souffre de nombreux préjugés.
Nous allons démêler le vrai du faux concernant la schizophrénie dans notre article !
De Docteur Jekyll et Mister Hyde, en passant par Psychose et Split, le cinéma et la littérature ont nourri de nombreux clichés terrifiants au sujet de la schizophrénie. La société porte, encore aujourd’hui, un regard méfiant sur cette pathologie.
Dans l’imaginaire collectif, les patients schizophrènes sont souvent des personnes violentes, incontrôlable et socialement en retrait.
Le terme “schizophrène”, employé à tort dans le langage courant, est toujours prononcé dans un contexte négatif.
Dans cet article, nous allons combattre les nombreuses idées reçues sur la schizophrénie.
Les patients schizophrènes ont une double personnalité
FAUX. Dans la schizophrénie, il n’y a pas d’alternances de personnalités. La maladie se caractérise par des délires, des hallucinations, un retrait social, une désorganisation du comportement et de la pensée ou encore un manque de motivation.
Les patients tiennent parfois un discours abracadabrant car leurs émotions ne sont pas toujours en accord avec l’affect qu’ils devraient exprimer. Ainsi, ils peuvent rire dans un contexte triste et, à l’inverse, pleurer dans un moment joyeux. Néanmoins, ils n’adoptent pas d’autres personnalités que la leur.
Les patients schizophrènes sont dangereux
FAUX. La maladie mentale est souvent évoquée lors de fait-divers. Néanmoins, 1% des meurtriers environ sont diagnostiqués schizophrènes. Cette idée reçue est donc très stigmatisante pour eux.
En outre, les patients schizophrènes sont des êtres vulnérables : ils sont 7 fois plus victimes d’agressions que la population générale.
De plus, leur souffrance intérieure est telle que leur agressivité est tournée contre eux-mêmes. Près de 40% des patients schizophrènes commettent une tentative de suicide au cours de leur vie et 10 à 15% d’entre eux mettent réellement fin à leurs jours.
La schizophrénie est une maladie rare
FAUX. D’après le dernier grand baromètre de la schizophrénie réalisé par Opinionway, une grande majorité des français pense que cette pathologie touche 1 personne sur 10 000. Or, c’est 1 personne sur 100 qui est diagnostiquée.
Néanmoins, dans l’imaginaire collectif, nous avons l’impression qu’il s’agit d’une maladie rare parce que les patients schizophrènes sont exclus de la société, nous en rencontrons peu. De plus, lorsqu’un proche est atteint, nous avons tendance à le cacher à son entourage.
C’est pourtant une question de santé publique. Il est important de pouvoir prendre en charge et accueillir ces patients dans la société avec leur handicap psychique.
Les patients schizophrènes ne peuvent pas travailler
VRAI et FAUX. De nombreux patients touchés par la schizophrénie, grâce à leur prise en charge, sont capables de travailler, que ce soit en milieu ordinaire ou en milieu protégé.
Certains, de par la lourdeur de leurs symptômes, ne peuvent pas évoluer dans un métier mais, pour d’autres, un métier adapté leur permet un ancrage important dans la réalité et peut, même, devenir un facteur thérapeutique déterminant.
Néanmoins, il ne faut pas faire du travail une injonction. Les patients connaitront des phases de repli sur soi parfois même, des crises délirantes, les empêchant de travailler pour un moment.
Les patients schizophrènes sont mentalement retardés
FAUX. La schizophrénie n’altère en rien les capacités intellectuelles des patients mais plutôt la mise en œuvre de ces capacités. Les troubles liés à la schizophrénie peuvent venir perturber certaines fonctions comme l’attention, la mémoire, l’apprentissage ou encore la compréhension.
En outre, le niveau intellectuel des personnes touchées par la schizophrénie varie comme pour le reste de la population. Par exemple, le mathématicien John Forbes Nash, Prix Nobel d’économie en 1994, était schizophrène.
Les patients schizophrènes souffrent essentiellement d’hallucinations
FAUX. Les hallucinations sont, effectivement, les symptômes les plus “visibles” mais ne sont pas les seuls. Ces hallucinations sont associées à des idées délirantes, un déficit de motivation et une désorganisation de la pensée.
Ces hallucinations, perçues par le malade comme réelles, peuvent revêtir plusieurs formes : visuelles, olfactives et plus particulièrement auditives. Les patients entendent des voix insultantes et dévalorisantes envers eux-mêmes.
Néanmoins, il existe des formes de schizophrénie avec peu voire pas du tout d’hallucinations. La maladie se traduit de façon différente d’un patient à l’autre, avec des degrés de gravité plus ou moins importants.
Le retrait social et les difficultés cognitives sont les manifestations les plus handicapantes de la maladie. L’OMS a, par ailleurs, classé la schizophrénie parmi les 10 maladies les plus invalidantes au monde.
La schizophrénie est une maladie incurable
FAUX. Lorsque le patient a une prise en charge adaptée, avec un traitement de type neuroleptique au long cours, une psychothérapie et un accompagnement psychosocial, les symptômes de la schizophrénie régressent.
Lorsqu’elle est prise en charge à temps, la schizophrénie se soigne de mieux en mieux. Mais, dû à une forte stigmatisation de la maladie, au tabou que celle-ci engendre et à la méconnaissance de cette dernière, la prise en charge est généralement retardée de 18 mois en moyenne.
En effet, l’entourage du patient confondent souvent les premières manifestations de la maladie avec une crise d’adolescence. Or, il est important de prêter une attention particulière au moindre signe alarmant : repli sur soi, perte d’intérêt, décrochage scolaire, troubles de l’attention ou encore insomnie… Plus la prise en charge se fait tôt, plus les chances de stabilisation et de rémission augmentent.
La schizophrénie est provoquée par la consommation de drogue
VRAI et FAUX. Il existe un débat autour de cette affirmation. En effet, les personnes atteintes de schizophrénie ont tendance à consommer de l’alcool voire d’autres substances psychoactives. Mais, selon les scientifiques, faire de cette consommation un déclencheur serait un raccourci hasardeux. Si la consommation de drogue provoquait la schizophrénie, bien plus d’1% de la population en serait atteinte.
Néanmoins, certaines études épidémiologiques semblent démontrer qu’une consommation de cannabis en grande quantité par un sujet présentant un terrain à risque pourrait favoriser l’émergence de la maladie.
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