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Qu’est-ce que l’insulinothérapie fonctionnelle ?

Publié le 12 oct. 2020 • Mis à jour le 16 oct. 2020 • Par Alexandre Moreau

L’insulinothérapie fonctionnelle (ITF) est un programme d’éducation thérapeutique du patient (ETP). Selon la HAS (Haute Autorité de Santé) : “L’ETP vise à aider les patients à gérer au mieux leur vie avec une maladie chronique. Elle est un processus continu, qui fait partie intégrante et de façon permanente de la prise en charge du patient.”

En effet, l’ITF permet aux patients diabétiques de comprendre quels sont leurs besoins en insuline et d’adapter leurs doses d’insuline à leur mode de vie (prise alimentaire, activité physique…). C’est le traitement qui s’adapte au mode de vie du patient, et non l’inverse ! 

À qui s’adresse cette méthode ? Comment cela fonctionne ? Comment est-elle enseignée ? Quels sont les avantages pour le patient diabétique ?

Qu’est-ce que l’insulinothérapie fonctionnelle ?

Qui est concerné par l’insulinothérapie fonctionnelle ?

L’insulinothérapie fonctionnelle s’adresse essentiellement aux patients diabétiques de type 1, ayant besoin d’un apport quotidien en insuline (hormone sécrétée par le pancréas qui régule le taux de sucre dans le sang). Ils suivent une insulinothérapie basale-bolus, administrée par multi-injections (généralement 4 injections : au petit-déjeuner, au déjeuner, au dîner et avant de se coucher) à l’aide de stylos injecteurs ou automatiquement par une pompe à insuline à intervalles réguliers au cours de la journée.

Certains patients atteints de diabète de type 2, dits insulinorequérents peuvent également être concernés par cette méthode. Certains sont traités par des injections d'insuline de différents types (rapide et lente), notamment après échec des traitements antidiabétiques oraux (ADO) seuls, de première intention.

Comment fonctionne l’insulinothérapie fonctionnelle ?

L’objectif de l’insulinothérapie fonctionnelle est de mimer la production naturelle d’insuline d’un pancréas sain. Il s’agit d’atteindre les objectifs glycémiques, fixés par la Haute Autorité de Santé, compris entre 0,7 g/L et 1,1 g/L avant le repas (à jeun) et < 1,6 g/L après le repas (en post-prandial).

Pour cela, on a recourt à 2 types d’insulines :

  • les analogues de l’insuline rapides dites “bolus” : “pour manger” (à injecter au petit-déjeuner, au déjeuner et au dîner), parmi lesquels on trouve l’insuline lispro (Humalog®), asparte (Novorapid® ou Fiasp®) et glulisine (Apidra®). Elles ne nécessitent pas de délai entre l’injection et le repas.
  • les insulines lentes dites “basales”: “pour vivre” comme l’insuline détémir (Levemir®), glargine (Lantus®, Abasaglar® ou Toujeo®) et degludec (Tresiba®), ou intermédiaires avec l’insuline NPH (Umuline® NPH et Insulatard®, à injecter le soir avant de se coucher).

À noter que dans le cas des pompes à insuline, il s’agit de petites doses d’insuline rapide qui sont délivrées en continu, à intervalles réguliers (débit basal) tout au long de la journée.

Comment les doses d’insuline sont-elles déterminées ?

Le but de l’ITF (Insulinothérapie fonctionnelle) est d’être le plus autonome possible afin d’anticiper les doses d’insuline (par exemple, selon les activités que l’on prévoit de faire au cours de la journée) et de traiter les hypoglycémies. Pour cela, il faut savoir déterminer les doses d’insuline basale et rapide.

Détermination de la dose d’insuline basale

La définition de la dose initiale d’insuline basale s’effectue par un test sur 24 heures de jeûne glucidique (tout en conservant une activité physique et des apports en protéines et lipides normaux). L’objectif à atteindre est une glycémie comprise entre 0,7 et 1,1 g/L. Il est possible de faire des corrections avec de l’insuline rapide ou du sucre :

  • 1 UI diminue la glycémie d’environ 0,4 g/L : donc si la glycémie à jeun est égale à 1,5 g/L, il faut injecter 1 unité (1 UI) pour être dans l’objectif (1,1g/L).
  • 15 g de sucre augmentent la glycémie de 0,4 g/L en 15 minutes : si la glycémie est inférieur à 0,5 g/L, il faut resucrer.

C’est donc ce bilan des doses d’insuline rapide administrées et du sucrage au cours du jeûne glucidique permet d’estimer la dose d’insuline basale nécessaire.

Pendant le traitement, la définition de la dose d’insuline basale est effectuée par la mesure de la glycémie à jeun (doit être comprise entre 0,7 et 1,1 g/L): 

  • si < 0,7 g/L : il faut diminuer la dose d’insuline basale du soir de 1 à 2 UI;
  • si > 1,1 g/L : il faut vérifier deux jours de suite et si cette valeur est confirmée, il faut augmenter la dose de basale de 2 UI.

Détermination de la dose d’analogue rapide

Pour définir la dose d’analogue rapide, il faut savoir ce que l’on va manger et quelle(s) activité(s) physique(s) on va pratiquer (adaptation prospective), comment étaient les glycémies à la fin de l’action de cette injection les jours précédents (adaptation rétrospective) et comment est la glycémie du moment (adaptation immédiate). On parle d’apprendre au patient la “triple adaptation des doses”.

Lors de la mise sous traitement, les doses d’insuline bolus sont testées à partir de repas tests avec un petit-déjeuner à 40 g de glucides, un déjeuner à 80 g de glucides et un dîner à 60 g de glucides.

On calcule la dose d’insuline rapide sur la base de :

  • 2 UI pour 10 g le matin (donc ici 8 UI sont nécessaires)
  • 1 UI pour 10 g le midi (8 UI nécessaires)
  • 1,5 UI pour 10 g le soir (9 UI nécessaires).

Si une activité physique intense et brève est prévue :

  • juste après un repas : il faut réduire la dose d’insuline rapide du repas précédent l’activité physique de 30 à 50 % ;
  • longtemps après le repas : diminuer la dose d’insuline rapide du repas suivant de 30 à 50 %.

Si une activité physique importante et prolongée (au delà de 2 heures) est prévue : il faut diminuer la dose d’insuline rapide à midi et le soir, voire la dose d’insuline basale (-50 % en tout) et effectuer un resucrage toutes les heures.

Où et par qui l’insulinothérapie est-elle enseignée ?

Cette méthode de contrôle de la glycémie (taux de sucre dans le sang) est enseignée en ambulatoire (sans hospitalisation) ou en hôpital de semaine dans la majorité des centres hospitaliers. 

La formation se déroule en petits groupes (8 personnes maximum), encadrés par une équipe soignante pluridisciplinaire associant médecins, diététiciennes et infirmières au sein de services hospitaliers de diabétologie. 

Quels sont les avantages de cette méthode ?

L’insulinothérapie fonctionnelle permet au patient diabétique de mieux maîtriser son traitement. Elle permet de diminuer la survenue des hypoglycémies et de corriger les hyperglycémies. Alors que l’insulinothérapie standard “basale-bolus” contraint le patient à se piquer et à manger à horaire fixe des doses millimétrées d’hydrocarbures, l’ITF s’adapte au mode de vie du patient et lui permet même de faire quelques écarts totalement maîtrisés.

La qualité de vie des patients diabétiques est ainsi améliorée, leur permettant de profiter d’une alimentation variée et équilibrée, sans restriction particulière. Il s’agit de rendre le patient autonome et de faire en sorte qu’il puisse faire face à toutes sortes de situations imprévues ou planifiées (repas retardé, dîner au restaurant…). C’est un programme d’éducation thérapeutique qui vise à impliquer davantage le patient dans l’autogestion de son traitement et de sa maladie.

Des applications pour smartphone comme Diabeo, Gluci-Chek ou encore Mon Glucocompteur permettent même d’aller plus loin dans la simplification de la gestion des traitements par les patients. Ces applications sont capables de calculer les quantités de glucides ingérés à chaque repas et en estimant la dose d'insuline nécessaire. De plus en plus de solutions sont créées pour aider les patients à devenir le plus indépendants possible !


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7 commentaires


boussafsafb
le 20/10/2020

Très bel article. Le diabète de type 2 ne se soigne pas. L'insuline a une action passagère. Salut!


hdxlch883
le 17/12/2020

L'insulinothérapie fonctionnelle  est obligatoire pour accéder à l'INLITE :  capteur  de glycémie branché à la pompe medtronic 640 G qui affiche  en permanence sur l'écran de la pompe la glycémie en direct.

Mais la prise en charge par la sécurité sociale est stricte : avoir une HB1Ac en permanence au dessus de 8 ou avoir fait des hypos qui ont nécessité l'assistance d'un tiers.

J'ai fait la formation : 5 jours à Cochin, mais j'ai pas eu droit à la prise en charge, j'ai ,donc réussi avec le matériel fourni par Cochin : capteurs (dont trois acquis à mes frais), transmetteur, appelé,  coquillage, pendant 6 mois à éviter les hypos, car le débit d'insuline est automatiquement bloqué par la pompe qui vous prévient quand on atteint une glycémie annonciatrice d'hypo (vers 0.89).

La version à venir évitera les hypers en envoyant de l'insuline sur le même principe.

Est-il normal que les techniques innovantes ne soit pas accessibles à tous les diabétiques ?

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