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KesimptaⓇ est le nouveau traitement des formes rémittentes-récurrentes de la sclérose en plaques (SEP).

Publié le 6 mai 2021 • Par Aurélien De Biagi

L’EMA (The European Medicines Agency ou Agence européenne du médicament en français) a autorisé la commercialisation du KesimptaⓇ. Depuis le 26 mars 2021, Novartis peut vendre son nouveau traitement sur tout le territoire européen. Cet anticorps monoclonal est utilisé dans le traitement des formes récurrentes-rémittentes de la sclérose en plaques (SEP).

Vous voulez en savoir plus sur ce traitement ? Comment fonctionne-t-il ? Qu’est-ce qu’un anticorps monoclonal ? On vous dit tout dans cet article !


KesimptaⓇ est le nouveau traitement des formes rémittentes-récurrentes de la sclérose en plaques (SEP).

Les anticorps monoclonaux

L’ofatumumab est le principe actif du KesimptaⓇ. C’est également un anticorps monoclonal

Les anticorps sont des protéines produites par les cellules de notre système immunitaire (spécifiquement les plasmocytes, un type de lymphocyte B). 

Ces protéines vont pouvoir se lier spécifiquement (un anticorps sera spécifique d’une bactérie par exemple) à des bactéries, des virus ou un vaccin. Une fois sur sa cible l’anticorps va pouvoir agir. Il pourra la signaler aux autres cellules immunitaires qui pourront alors l’éliminer, l’empêcher de se reproduire voire détruire lui-même la cellule cible. 

De plus, lors d’une greffe d’organe, le système immunitaire considérera le greffon comme un élément étranger et produira des anticorps à son encontre. D’où l’utilisation d’immunosuppresseurs afin de limiter cette réaction immunitaire.

Cependant, ces protéines ne se lient pas uniquement aux cellules du non-soi (les cellules exogènes). En effet, lors de phénomènes auto-immuns (psoriasis, SEP...), le système immunitaire va, par erreur, s’attaquer aux cellules du soi, créant ainsi une inflammation. Cette attaque passe, entre autres, par l’utilisation d’anticorps dirigés contre des cellules endogènes.

Les anticorps dits “monoclonaux” (AcM) sont produits spécifiquement pour lutter contre une maladie. 

Ce sont des biothérapies, c’est-à-dire qu'ils ne sont pas produits par une réaction chimique mais par des cellules vivantes. En effet, de par leur taille, les protéines sont des molécules extrêmement complexes à produire de manière artificielle. C’est pourquoi il faut faire intervenir des cellules vivantes. 

Sans trop rentrer dans les détails d’un système complexe, la production d’AcM passe par la sélection d’une cellule (bactérie, levure, cellule humaine…) capable de produire l'anticorps voulu. Elle sera ensuite exposée à notre protéine cible contre laquelle elle va sécréter notre anticorps. Ces cellules sont ensuite mises en culture et permettent ainsi la production de notre AcM.

De par leur nature protéique, les AcM ne peuvent pas être pris par voie orale (détruits par les sucs digestifs). Ils sont donc injectés par voie sous cutanée ou intraveineuse selon les traitements.

Le KesimptaⓇ (ofatumumab)

Pour rappel, dans la sclérose en plaques, le système immunitaire va s’attaquer à la gaine de myéline, perturbant ainsi la correcte transmission de l’information. KesimptaⓇ a obtenu une autorisation de commercialisation pour le traitement de la forme récurrente-rémittente.

Si vous voulez en savoir plus sur la SEP, lisez notre fiche maladie sur le sujet. 

L’antigène (Ag) CD20 (une protéine de surface) est la cible des anticorps ofatumumab. Cet antigène présent à la surface de la majorité des lymphocytes B (cellules immunitaires) est un marqueur de ceux-ci. En effet, depuis le stade pré-lymphocyte B jusqu’au stade mature du lymphocyte, cet Ag est exprimé. Ce dernier est également présent sur les cellules cancéreuses B (ofatumumab était commercialisé, jusqu’au 25 février 2019, sous le nom Arzerra pour le traitement des leucémies lymphoïdes aiguës).

Via sa liaison sur sa cible, l’AcM va pouvoir lyser (détruire) les lymphocytes. Cette destruction se fait principalement grâce au système du complément. Ce dernier est une partie de l’immunité innée (première ligne de défense) et fait le lien entre cette dernière et l’immunité adaptative (deuxième ligne). 

Via son activation, le complément va recouvrir les pathogènes ou cellules cibles. Ce recouvrement de la cible par le complément aboutit à la phagocytose (absorption puis destruction) de la cible par d’autres cellules immunitaires, comme les macrophages. De plus, on notera une attraction des cellules de l’immunité innée.

Nous allons maintenant voir pourquoi ce traitement a reçu une autorisation de commercialisation par l’EMA via une courte analyse des essais de Phase III réalisés.

Les études ASCLEPIOS

L’efficacité de ce traitement a été évaluée dans deux études de Phase III (ASCLEPIOS I et II) randomisées, en double aveugle contrôlées versus un comparatif (teriflunomide). En effet, parmi les différentes phases des essais cliniques (dont vous pouvez retrouver les types ici), les études de phase III se déroulent généralement sur de larges populations de malades et visent à mesurer l’efficacité du traitement face au traitement de référence ou un placebo.

Dans le cas d’une étude en double-aveugle, ni le patient ni l’administrateur ne connaissent le traitement administré (aucun des deux ne sait si le traitement de référence, un placebo ou le nouveau traitement est administré). Le double-aveugle permet de limiter les biais (préjugés sur l’efficacité ou les effets secondaires). 

La randomisation fait référence à l’attribution des groupes de façon aléatoire. Il y aura un “tirage au sort” pour déterminer qui reçoit le placebo ou le traitement de référence et qui reçoit le nouveau traitement.

Ces deux études ont permis de mettre en évidence l’efficacité de KesimptaⓇ. En effet, il en est ressorti que sur les 1 882 patients des études, les patients traités par ofatumumab avait, sur un an, moitié moins de poussées que ceux traités avec le traitement de référence. De plus, seulement 8% des patients présentaient des aggravations de symptômes perdurant plus de 6 mois contre 12% avec le traitement de référence. 

En outre, les effets indésirables enregistrés étaient conformes et jugés gérables par rapport aux effets induits par les traitements déjà commercialisés. L’agence européenne du médicament a donc jugé la balance bénéfice risque en faveur des bénéfices. KesimptaⓇ a donc reçu une autorisation de commercialisation valide sur le territoire européen depuis le 26 mars 2021.

Posologie et voie d’administration

Cette biothérapie est disponible en stylos ou seringues pré-remplis. Le traitement débute par une administration sous cutanée une fois par semaine pendant trois semaines, s’ensuit une semaine sans administration. La prise suivante se fera la semaine d’après puis une fois par mois.

En outre, cette forme en stylos ou seringues pré-remplis permet une auto-administration du traitement par le patient à son domicile. Ceci représente une nouveauté, faisant de ce traitement le seul et unique anticorps monoclonal ciblant les lymphocytes B auto-injectable.

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9 commentaires


sandrago67
le 19/01/2022

Bonjour à tous

J'ai une SEP depuis 26 ans, et je ne supporte aucun traitements (trop d'effets indésirables) la neurologue m'a proposé Kesimpta, estceque la marche peut revenir ? quelqu'un peut-il m'aider dans mon choix ?


Izabelle
le 30/12/2022

@wait78

Bonjour, à part une petite fatigue après l injection à 2 h à peu près. Aucune réaction pour ma part.


Izabelle
le 30/12/2022

Bonsoir à tous . Cela fait 2 ans que je suis sous kesimpta et je n ai aucun effet secondaire pour le moment juste 1 petite fatigue 2 h après l injection . Ma formule sanguine est toujours correct alors que j ai du arrêter tous les autres traitement à cause de ça. Très bonne tolérance donc du kesimpta.


Bon courage à tous et bonnes fêtes de fin d année.



Skofydu33
le 03/10/2023

Bonjour, je suis sepiennne depuis 2010, ma neuro m'a proposé plusieurs traitements : rebif44, tecfidera, vumeryti mais j'ai des effets secondaires pas cool donc pour l'instant, je n'en prends plus. Je viens de voir ce traitement à base d'anticorps si j'ai bien compris mais ayant contracté le covid il y a quelques semaines, mon doc m'a dit qu'il était inquiet car après une prise de sang incluant le covid, j'ai un nombre >4000 mul d'anticorps qui pourraient me faire plus de mal que de bien car je viens de passer une irm cérébrale de contrôle qui indique une grande perte de substance blanche. Ma neuro m'a dit que j'avais tous les symptômes d'une poussée mais sans en avoir fait. Est ce à cause du grand nombre d'anticorps ? Est ce que ce kesimpta serait adapté dans mon cas ? Merci d'avance pour votre réponse. Cordialement. Skofydu33.

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