Je réagis à votre synthèse des commentaires portant sur les doléances des diabétiques que nous aimerions communiquer aux pouvoirs publics et au grand publique en général.
Point par point.
Le diabète est effectivement invisible, mais n’est-ce pas mieux ainsi ? A nous d’en parler et d’expliquer les difficultés que la maladie peut causer si nous le souhaitons.
@damien45 regrette que nous soyons obligés d’aller consulter un médecin pour avoir un renouvellement d’ordonnance. C’est oublier que la consultation doit être avant tout l’occasion d’un examen médical systématique et d’un échange entre médecin et patient sur les problèmes rencontrés depuis la dernière consultation et d’une adaptation du traitement, du régime, etc. Cela montre bien que pour certains patients, voire certains médecins, la consultation est surtout affaire de renouvellement d’ordonnance. Pour le diabète, et probablement pour toutes les maladies chroniques, la lutte contre la routine dans la pratique médicale et les échanges patients-médecins tient une place prépondérante.
Concernant les discriminations injustes dont nous serions victimes comme diabétiques pour l’obtention et la validité du permis de conduire, les dispositions légales ne visent nullement les diabétiques nommément, mais tout conducteur qui se doit d’être en état d’assurer la maîtrise de son véhicule à tout instant. Cela concerne tout le monde, le fêtard éméché du samedi soir, le cardiaque, le myope, l’épileptique… et le diabétique sentant mal la pédale sous son pied insensible ou à la vue troublée par l’hypoglycémie. Contrairement à ce que dit le président de la Fédération des diabétiques, il ne s’agit pas seulement de ressentir et de traiter correctement ses hypoglycémies pour être apte à conduire. Il faut évaluer la dangerosité engendrée par l’altération de la sensibilité, des réflexes, et des sens en général, pour la conduite automobile. Cessons donc de nous croire persécutés.
Dans le même registre, rappelons que, pour le permis de conduire, il ne s’agit pas de déclarer son diabète aux autorités, mais à un médecin assermenté, garant du secret médical ; les autorités administratives ignorent la raison d’une éventuelle restriction de validité du permis, à moins que vous ne décidiez de vous-même de trahir le secret médical vous concernant : de grâce, n’évoquons l’étoile Jaune !
Enfin, il me semble raisonnable et sensé de continuer d’écarter les diabétiques des métiers dits de sécurité, tels que policier, pompier, chauffeur de bus, pilote d’avion, plongeur professionnel, etc. Il est des situations où la survenue d’une hypoglycémie n’est pas compatible avec le bon exercice de ces professions.
Une amélioration des relations patient-médecin, que j’ai exprimée moi-même avec d’autres membres, est souhaitable. Cette dégradation me semble liée à la recherche d’une efficacité très ciblée sur la productivité des consultations et hospitalisations, attendue depuis la mise en place de la tarification à l’acte dans les hôpitaux publics.
Je ne pense pas que l’Etat ou les laboratoires freinent la mise en place des nouveaux traitements issus des avancées de la recherche. La vérification de leur innocuité et de leur efficacité prend du temps à cause des contraintes liées aux essais cliniques ; ces délais ne peuvent pas être beaucoup réduits, malgré notre impatience. Les choix de développement de nouveaux traitements ou appareils faits par les laboratoires sont, évidemment, dictés par des considérations de rentabilité financière, de compétition industrielle et commerciale. Mais est-ce si surprenant, quand on a choisi de laisser une bonne part de la recherche et la totalité du développement technique et commercial des médicaments à des entreprises privées ?
Pour finir, je suis tout à fait d’accord avec @herminatine83 : notre santé est avant tout notre propre affaire, prenons-nous en mains !
Bien à vous,
Philippe