Fracture : la vitamine D et le calcium sont inefficaces en prévention chez les seniors
Publié le 24 avr. 2018
Un groupe d’experts américains estime qu’il n’existe pas assez de preuves pour démontrer l'efficacité de la vitamine D et du calcium pour prévenir les fractures chez les seniors. Ils préconisent de prévenir les chutes grâce au maintien de l’exercice physique.
Chaque année en France, près d’un senior de 65 ans et plus sur trois chute, soit près de 3,6 millions de personnes. Un accident de la vie courante qui peut avoir de lourdes conséquences : près de 70.000 personnes âgées sont hospitalisées pour une fracture de la hanche, et 9.000 décèdent suite à une chute. Des milliers de seniors souffrent également de traumatismes crâniens, d’hématomes et de blessures au visage.
Pour prévenir les fractures liées à ces chutes, de nombreuses personnes sont tentées de prendre une ampoule de vitamine D et des compléments alimentaires à base de calcium. Une supplémentation qui n’aurait aucun bénéfice, à en croire les nouveaux travaux du groupe d’experts américains dédié à la prévention baptisé US Preventive Services Task Force (USPSTF) dont un compte-rendu est paru dans le JAMA.
"Il est vrai que ces molécules sont très importantes pour notre ossature. La majorité du calcium se trouve dans nos os, et la vitamine D est nécessaire pour le métaboliser et renforcer nos os", décrypte le Dr Alex Krist, vice-président de l’USPSTF. Néanmoins, la littérature scientifique disponible ne permet pas de démontrer l’efficacité d’une supplémentation en vitamine D et/ou en calcium en matière de prévention des fractures.
Privilégier l'exercice physique
Chez les femmes préménopausées, tout comme chez les hommes, les experts américains n’ont pas trouvé de faits probants pour confirmer les bienfaits supposés de ces molécules. Ils ajoutent que la prise de 400 Unités Internationales (UI) ou moins de vitamine D par jour combiné à 1000 UI ou moins de calcium ne protège pas les femmes ménopausées contre les fractures. Et augmenter les doses n’aurait aucun effet sur l’incidence des fractures. Toutefois, "ces recommandations ne s’appliquent pas aux personnes âgées ayant des antécédents de chutes ou de fractures, atteints d’ostéoporose ou présentant une carence en vitamine D", soulignent les chercheurs. De fait, chez ces populations plus fragiles, la vitamine D et le calcium permettent de réduire le risque de fractures. Les autorités sanitaires françaises recommandent une supplémentation vitaminique avec au moins 800 UI par jour ou 100 000 UI tous les 4 mois.
Mais mieux vaut initier cette supplémentation avec son médecin car ces produits ne sont pas anodins. "Un léger surrisque de calculs rénaux est établi", indique le Dr Krist. Des effets sur le système cardiovasculaire sont également supposés en cas de prise de calcium. Certaines études ont, en effet, mis en évidence un risque accru d’infarctus du myocarde et d’accident vasculaire cérébrale (AVC).
Pour les membres de l’USPSTF, la stratégie la plus efficace contre les fractures est d’éviter les chutes. Et pour cela, rien de mieux que l’exercice physique, écrivent-ils. "Un médecin peut par exemple prescrire des séances de kinésithérapie pour regagner de la force musculaire, de la coordination dans les mouvements et une plus grande confiance en soi", décrit le Dr Alex Krist qui rappelle que de nombreux seniors limitent leurs sorties par peur de tomber. La gymnastique douce comme le tai-chi, des exercices d’équilibre ou tout simplement marcher pour aller faire ses courses permet aussi de réduire le risque de dégringolades.
Les experts recommandent également les programmes de prévention adaptés en fonction des facteurs de risques de chaque patient. En France, certaines caisses d’assurance maladie ou mutuelle proposent par exemple des ateliers de prévention couplant de l’activité physique à des conseils sur l’alimentation et la gestion des médicaments. La malnutrition, l’automédication ou la prise de certaines molécules comme les benzodiazépines sont connues pour augmenter le risque de chute.
Le Figaro Santé
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