Bipolarité et vie professionnelle

Bon voyage au canada reste connecter a site tu nous raconter

@bipote64 , ce projet de voyage au Canada peut soit être propice au stress et aux angoisse ou au contraire, une expérience fraîche est suffisamment motivante pour prendre un plaisir sain qui te ressourcera.

C'est souvent dans la nouveauté que je reprends goût à la vie - tant que cette nouveauté n'est pas motivée par une pulsion liée à mon humeur. Dans ton cas, ce projet qui vise le territoire canadien semble réfléchi et tes appréhensions légitimes quand on se confronte à l'inconnu démontrent que tu bâtis ce voyage avec prudence.

J'aurai plutôt tendance à te dire de foncer!

Obtenir un statut de travailleur handicapé est plus que souhaitable. Cela pourrait te permet - via cette reconnaissance - d'obtenir un poste adapté au regard de ton diplôme ou de ton niveau d'études.

Horaires plus souples, poste plus ergonomique, pauses régulières, soutien thérapeutique sur ton lieu de travail... Dès qu'un employeur croit en tes compétences et potentialités et à la valeur ajoutée que tu représentes dans l'entreprise ou le service où tu bosses, ta hiérarchie peut se donner les moyens de te soutenir et donc de garder un professionnel de qualité.

J'ai vécu cela. C'est rassurant car on est valorisé dans la reconnaissance de nos potentialités professionnelles et sécurisé par le cadre compréhensif posé par l'entreprise. 

On ne se sent plus défaillant. Et ça c'est un vrai bonheur quand on sait combien la maladie entache notre estime personnelle.

Le bonheur, la stabilité... Tout le monde les cherche. Notre maladie ne fait pas de nous les seules personnes privées de ces deux objectifs qu'il est si difficile de définir et quantifier.

Lorsque je ne suis pas ancré dans les ténèbres de mes phases basses, j'arrive à me rendre compte que ce bonheur je le touche et le vis de mille façons. Et chaque petit et grand bonheur que je perçois me fait oublier la maladie et me réinscrit dans une "normalité" jouissive.

Bon... Les phases basses font voler ce sentiments en éclats, mais au retour des phases de stabilité, je savoure de nouveau et me lance dans de nouveaux projets.

D'ailleurs, j'essaie dans les phases basses d'intellectualiser au maximum. Tenter d'avoir une approche objective - autant que cela est possible... Pas simple ! - pour visualiser si mon mal-être est propre à la maladie ou lié à des événements environnementaux. Et quand il s'agit d'un souci avéré, j'ai le sentiment de ne pas aller bien pour une raison juste et rien que cela me rassure. 

Je ne trouve en rien ton message négatif. Il s'inscrit au contraire dans une analyse sensée où il y a beaucoup de recul. Tu es pertinente dans tes ressentis, tes attentes, tes peurs et tes espoirs. Tu te sais entourée, parfois étouffée. Tu connais le rythme de tes phases et tu adaptes à n'en pas douter ton quotidien au regard de cela. 

En te lisant, j'ai plutot l'impression que ton voyage semble tomber au moment où la remontée de ton humeur est possible et toute proche. Tu seras sûrement pleinement réceptive à ce séjour dans un pays fascinant où la diversité culturelle est incroyable. 

J'ai séjourné un court temps à Vancouver, certes dans un cadre purement de vacances et de loisirs, et j'ai été émerveillé par la "zen attitude" des canadiens qu'ils soient de l'est du pays où de l'Ouest. Et puis les paysages, l'histoire du pays... Y'a de quoi te faire plaisir.

Saisis cette opportunité et régale toi!

@mistercyr, Merci d'avoir pris le temps de m'écrire. Merci beaucoup de trouver les mots justes pour me redonner confiance tout en partageant ta réflexion sur la maladie avec des clefs pour la gérer. Tout cela dans un bel écrit. Cela m'a fait du bien et je pense que je garderai ton texte sous le coude :)

Tu m'as convaincue et rassurée sur les avantages qu'offre le statut de travailleur handicapé. Cela m'a donné une vision plus claire de mon avenir professionnel qui reste très flou. Et cela donne envie de le conseiller à tous les bipolaires...

Je te comprends quand tu dis vouloir séparer le mal être venant de la maladie et celui déclenché par des facteurs environnementaux. Est-ce que je réagirais pareil si je n'étais pas malade? Est-ce que ce que je pense est légitime ou n'est-ce que le fruit d'une mauvaise combinaison chimique du cerveau? C'est pour cela que je parlais du lien entre identité et trouble bipolaire. Pour moi, en tout cas j'en ai l'impression, notre identité ou personnalité est fortement altérée par notre maladie qui fait limite partie de notre identité. Voilà pourquoi je réussirais mal en intellectualisant comme tu le fais et voir avec objectivité mon mal être. En fait je crois que je réfléchis en permanence, je me prends trop la tête. Je cherche du repos (cérébral). J'ai davantage besoin de me sentir vivante dans mes sensations et sentiments. Bon je m'éloigne là et finalement j'ai peut-être mal compris ce que tu voulais dire.

Merci aussi de me rassurer sur la pertinence de mes propos^^. Et pour le Canada, j'y réfléchis toujours mais ce que tu m'as dit m'a fait plaisir!

@bipote64 , il y a suffisamment de ressources à l'extérieur (humaines, juridiques, institutionnelles, administratives ou materielles) pour que tu puisses tôt ou tard exercer un métier en rapport avec ton ou tes diplômes voire le métier qui te plait.

Selon les situations, ta maladie pourra être un frein mais à d'autres moments, ta sensibilité, ton empathie et ta réflexion te porteront plus loin que d'autres.

On sent bien dans ta façon d'écrire et de t'exprimer qu'il y a plus qu'une simple intelligence en toi. Il y a une certaine vivacité d'esprit et une soif de richesses qui attendent de pouvoir s'épanouir dès que le climat psychique, affectif et environnemental seront favorables. Quelques soient tes phases ou tes ambivalences cette soif est là. Il te faudra l'abreuver.

Notre identité est bâtie sur la fluctuation de nos phases. Etats maniaques et états dépressifs se succèdent et nous font percevoir les choses de façons certes differentes mais ils n'altèrent en rien nos valeurs et nos aspirations. On alterne deux manières d'être qui ne se rencontrent jamais. Les faces d'une même pièce qui ne se verront jamais. Alors que pour les personnes non-bipolaires pile et face s'imbriquent, leur offrant plus de souplesse dans les réactions et affects.

Pour moi, l'intellectualidation est un moyen qui me permet de tracer une ellipse, un pont acrobatique entre le pile et le face, et de tenter de trouver des éléments de vie qui peuvent correspondre à mes deux façons d'être. Là où je te rejoins c'est sur le fait que c'est bel et bien épuisant cette gymnastique et que parfois je n'en ai plus la force.

Mais pouvoir maintenir ce pont, c'est approcher au plus de ce semblant de stabilité dont on rêve tous. C'est aussi gagner en liberté grâce à l'intention d'un panel de pseudo-émotions qui résultent de cette intellectualisation.

Ce que tu dis de toi, je peux aussi me l'approprier: je me prends beaucoup trop la tête. Mais cela fait partie de moi et en phase UP c'est assez monstrueux. Lol

Mais pour en revenir à notre identité (le terme personnalité serait plus appropriée car l'identité est plus une somme de facteurs physiques, sociaux et géographique), je reste convaincu que c'est notre vécu et la somme de nos expériences et rencontres qui la définissent. La maladie est seulement un biais qui nous fait exprimer notre identité/personnalité de manière différente en fonction de nos états.

Et comme tu le dis, la difficulté qu'est celle de faire le tri entre le "vrai" et le "plus-ou-moins-presque-vrai-chimique" n'arrange pas les choses dans l'expression et la compréhension de qui nous sommes. On est des chercheurs d'or qui agitons en permance le tamis en quête de paillettes même dans nos heures sombres où le lit de la rivière est asséché ! MDR

et pour rajouter à mistercyr . reste positive et ne pense pas trop tu va y arriver petit à petit

@mistercyr Merci :). Tes messages reflètent une grande gentillesse et une belle intelligence. Je suis certaine que ces qualités sont inébranlables, et que les crises ne peuvent pas les remettre en cause. Je suis étonnée à chaque fois quand tu t'adresses à moi avec une telle compréhension et rapidité, tout en me complimentant!

J'aime beaucoup les métaphores que tu emploies. Le côté pile ou face pour représenter nos phases up&down, l'ellipse pour les rejoindre, cela évite de tomber dans l'incompréhension totale de ce qui nous arrive. Et l'intellectualisation empêche de sombrer dans la "folie" lorsque tout est noir. Dans mon cas, les phases up ne durent pas longtemps. Je ne retiens que l'apparition de sentiments et sensations agréables suivis quelques jours après par la crise. Mais si je veux tracer comme toi une courbe entre les deux phases, j'arrive à voir des points communs oui.

Haha les chercheurs d'or! Très belle image qui rassure. Je confirme que tu fais des écrits dignes d'un poète! Et ton texte est très dense, tous les mots sont bien choisis.

Tu as raison, nos valeurs et aspirations demeurent. Mais j'avoue que c'est très difficile de ne pas tout remettre en cause. Comme pour les qualités, on se pose des questions. J'avais dit à ma soeur après ma dernière crise que cela ne m'empêcherait plus d'avoir confiance en moi, que cela n'allait pas tout remettre en cause. En effet, j'avais réussi à être ce que j'aspirais à être (enfin j'en avais l'impression). J'identifiais ma crise encore comme une "punition" sur ce que j'avais reconstruit. Elle me forçait à tout recommencer. 

En te lisant toi et les autres, j'ai conscience que je continuerai à avoir des hauts et des bas, et que cela n'a rien avoir avec ce que j'aurai construit. Il n'y a pas de raison à la crise. Je me le suis toujours dit mais je ne le pensais pas réellement. Je te remercie de me dire que nos qualités, nos valeurs et aspirations seront les mêmes! Enfin il me reste à définir les miennes parce c'est pas toujours facile!

Oui, tes crises, ça a dû être quelque chose. Une étincelle qui a dû faire bouillir un joyeux cocktail mélangeant angoisses, rêves, fantasy, jeux, familles, amis, ...tout cela reliés par une intelligence et grande sensibilité....(suis-je assez poète ^^?)

Bonjour @bipote64 , bonjour à tous et toutes,

J'vais essayer de faire moins dense et moins poétique... Lol

Vivre les phases basses comme une punition, c'est presque biblique du genre "je suis puni(e) pour mes mauvaises actions dans une autre vie" ou "ce doit être cela l'enfer"... On doit tous, les uns et les autres, avoir eu en tête ou avoir verbalisé au moins une fois ce genre de propos...

Ce sentiment très fort d'injustice qui nous prend alors que notre vie se déroule - enfin sereinement, riche d'espoirs et de réussites - et que tout à coup la maladie arrive et balaye tout... Une horreur!

Mais il n'y a là ni punition ni injustice...

C'est la vie... Notre vie, sous le joug de la bipolarité.

Pourtant tout n'est pas que fatalité. Plus on avance dans la maladie et plus l'effort d'acception est/peut devenir grand. Plus il devient alors " facile" de déchiffrer les phases et il devient aisé de dissocier la maladie de l'environnement. Être attentif à cela permet de relativiser et de se rassurer.

Ces derniers temps, la phase basse est là pour moi: idées noires, manque de goût, mélancolie, nostalgie, tristesse, fuite et j'en passe... Mais je sais que ce qui me pèse le plus est le surajout des éléments environnementaux qui me font souffrir et qui perturbent grandement ma quête de mieux être. C'est souvent cette combinaison de l'interne et de l'externe qui est difficile. Dans le chaos de notre maladie, nous avons tendance à nous convaincre que tout est de notre faute.

Pourtant comme tu l'argumentais dans un autre post: c'est un désordre chimique qui est la source de souffrance. Elle nous incapacite dans notre relation aux autres et au monde en voilant nos perceptions et dénaturant nos ressentis et donc nos sentiments (persécution, paranoia, injustice, mésestime...). On considère de ce fait les éléments extérieurs comme des résultats de notre mal-être alors qu'en réalité, ils en sont la cause.

Savoir garder cela à l'esprit c'est s'assurer d'avoir un gilet de sauvetage toujours sur le dos dans la marée tumultueuse de nos perceptions. On peut fouiller dans le ressac ! 

Dans cette houle on retrouvera toujours ce qui créé notre personnalité même si cette dernière est noyée dans la houle de nos perceptions erronées.

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On vit souvent nos phases UP comme un moment de bien être... Dans mon cas, c'est de la toute puissance intellectuelle. Tout devient facile, limpide... Je peux faire mille et une chose en simultané, je ne connais pas l'échec ! Génial ! ... Non... Pas génial ! Durant cette phase, je brûle mes réserves, je suis effrayant pour mon entourage. Je deviens élitiste, je m'agace de beaucoup de choses et suis très intolérant. Mais comme dans mes phases DOWN, j'en ai conscience. Du coup, je redouble d'efforts pour me tempérer. Je suis vigilant pour ne pas être trop tentaculaire, spectaculaire, démonstratif et agaçant. Au final, je dois là aussi faire attention à mes proches et à mon environnement et donc je me fatigue d'autant plus dans cette autre gymnastique.

Phases hautes ou basses... Tout est affaire de vigilance et de conscience. Une perpétuelle gymnastique acrobatique pour coller à l'environnement dans un effort surhumain pour s'extraire des horreurs de la maladie tout en mesurant l'entourage et en le préservant (et en s'en préservant).

De temps à autre, si on tournait le regard jusque derrière nos épaules, on pourrait voir le drappé ondulant de notre cape de super-héroïne ou de super-héros qui vole dans le vent tourbillonnant de nos phases! Franchement... Il faut être des individus extraordinaires pour ainsi se relever à chaque fois de nos phases basses et exploser toutes conventions et normes dans nos phases hautes! Hi hi hi

Si ça, ce n'est pas de la force et de la volonté... Qu'est ce que c'est?

Notre vie est dure, complexe, indescriptible, unique... Ainsi pour positiver avec humour, elle est tout sauf chiante et banale! 

bonjour ah je retrouve mistercyr sur cette discussion...decidement personnage interessant intelligent et qui plus est drole!ce qui ne gache rien!!!lol nonne journee et bon courage a tous

Bonjour,

@sandrinereims , tu vas me faire rougir!

Je trouve sur les forums le moyen de poursuivre mon introspection et de découvrir pas mal de personnes qui partagent leurs expériences - parfois de façon assez intime. Cela m'aide vraiment et je peux ici livrer mes impressions et réflexions sur la maladie sans étouffer mon entourage. Ça me fait un bien fou!

grrrrrrrrr je suis connectee et j ai rate mistercyr!!!c est bien ce que j avais compris mistercyr...si tu es d accord demande moi en amie stp que l on puisse communiquer plus facilement merci bonne journee bon courage et surtout fais attention a toi