Bipolarité et vie professionnelle

Mistercyr, ta colère est tout à fait compréhensible. Moi aussi, je la ressens dans mon cas un peu similaire au tien.

Mais il faut réussir à ne pas se culpabiliser, car tu as fait ce que tu pouvais.

Chaque cas est différent. Le parcours de la femme de Gégé est particulier et je ne le connais pas. C'est bien qu'elle trouve dans son travail de femme de ménage une source d'épanouissement. Tout le monde n'en est peut-être pas capable.

Dans un monde où la réussite et le bonheur qu'on veut nous vendre riment avec performance, argent, consommation, valeurs matérielles, individualisme, etc, il n'est pas évident de trouver sa voie, lorsqu'on n'est pas dans les clous.

La culpabilité est en effet forte... 

Se sentir coupable de ne pas être celui que l'on sent et sait pouvoir être au regard de certains potentialités qui ont su se faire valoir épisodiquement...

Se sentir coupable de ne pas être au summum de la disponibilité pour les proches, famille ou amis...

Se sentir coupable de ne pas savoir concilier et réconcilier ces deux parties de nous même qui s'opposent dans les 2 phases up et down du quotidien...

Se sentir coupable d'être en deuil des phases up où la toute puissance intellectuelle et l'énergie folle font faire des miracles et réussir l'impossible...

Se sentir coupable de s'appitoyer sur soi lorsque la noirceur, la mélancolie et les idées noires renvoient un être faible, ridicule, insignifiant, pathétique et inutile...

Les réussites éphémères me semblent être des fragments de bonheur qui s'égrainent tels des poignées de sables trop fins qui s'effilochent et disparaissent. Ne laissant qu'un arrière goût douloureux tant ce bonheur est impossible à faire durer...

La maladie brise tant:

Les amitiés qui volent sous nos éclats déstabilisants, les rêves professionnels où nos compétences s'effacent devant nos absence et l'incompréhension, l'argent qui s'évanouit sous la compulsivité et le besoin du remplissage émotionnel, la relation à autrui qui brûle jusqu'aux cendres car elle se veut si intense, si passionnelle mais si destructrice, les rêves qui deviennent des cauchemars car ils ne seront jamais atteints ou s'ettioleront au moment de leur concrétisation, les confiances que l'on donne ou reçoit qui volent en éclat car Jeckyl devient Hyde et vice versa...

Difficile d'avancer car notre conscience de la pathologie, de ses limites et de ses heurts nous pollue l'existence si souvent, nous paralyse et nous terrifie.

Difficile de profiter, savourer ou prendre plaisir quand rien n'est bâti et que rien n'est à léguer.

Difficile de se sentir heureux, quand tapie dans l'ombre la maladie aiguise ses crocs, lime ses griffes, pose son regard froid et souffle son haleine fétide, prête à frapper dès la moindre fatigue physique, au moindre relâchement psychique ou à la plus légère variation émotionnelle.

Je vis avec un monstre qui surveille chaque instant de faiblesse, qui transforme chaque élément environnemental en un parcours du combattant, en un séisme, en un tsunami, en un cyclone, en un fléau... Quelle folie... Ma folie... Mon fardeau... Ma vie à défaut d'une autre que je souhaiterai tellement plus sereine et calme! Moins tortueuse, torturée et torturante.

cela est bien dit @mistercyr . c'est tout à fait ce que vit au quotidien mon compagnon..et je sais que c'est très à vivre pour lui . sa culpabilité est très présente tous les jours ....

Bonjour, je suis nouvelle ici et je suis IDE, mais sans emploi actuellement. J'ai été forcée de prendre ma retraite pour invalidité à cause de mes troubles bipolaires et de ma dépression, le tout assaisonné de bonnes grosses crises de migraines qui me laissent bégayante et la tête complètement vide, comme dans un trou noir plein de brouillard. J'en ai des problème d'articulation et on dirait que le français n'est pas ma langue natale parfois ...

Bref, je vais devoir rechercher un nouvel emploi, mais je ne sais même pas comment m'y prendre. Je ne tiendrai jamais un temps plein, et je dois pouvoir gérer ma fille de 9 ans avec l'école et tout ... SOS  MEGA GROSSE ANGOISSE !

Quelqu'un aurait-il des idées, des pistes SVP? Je pense que je n'ai même pas droit au chômage, je vais aller me renseigner au Pôle Emploi ...

Merci

Très beau texte de mistercyr.

Bonjour Malicia,

Il te faudrait prendre éventuellement contact avec une assistante sociale de la MDPH ou à défaut de la CPAM pour à la fois définir les revenus ou les indemnités auxquels tu as le droit mais aussi interroger les possibilités de reclassements professionnels (formations ou postes adaptés) auxquels tu peux prétendre. Les solutions sont multiples et il y a de nombreux lieux où trouver de l'aide.

À Pôle Emploi, certains conseillers sont spécialisés dans la réinsertion des personnes en situation de handicap. C'est par ce biais que j'ai pu obtenir un financement pour une formation dans le cadre de mon reclassement professionnel.

Bonnes recherches. Bon courage.

PS: merci Steph pour ton mot sympa

Bonjour tout le monde,

Pour ma part je ne connais pas encore la vie active, étant tout juste diplômée et n'ayant fait que 2 stages (pendant lesquels j'ai dû lutter pour me lever le matin, ce qui a conduit à quelques jours d'absence déjà....)

Tout ce que vous avez dit me fait très peur....J'ai un Bac+5 et je sais déjà que dans mon cas ça ne m'aidera pas, je vais devoir trouver un job adapté à ma maladie et à moi-même qui ne me sens plus capable de rien. Sur le conseil de mon père je vais postuler pour être reconnue comme travailleur handicapée à la MDPH, une de ses amis travaillant dedans lui a dit que c'était bien justifié...

Mais bon en attendant de trouver mon premier emploi j'ai la possibilité de partir au Canada dans le cadre d'un Permis Vacances Travail. Mais les difficultés que rencontrent les non bipolaires sont à puissance 1000 pour moi: vais-je trouver toute seule un appart,pourrais-je travailler facilement, même un petit boulot? et surtout vais-je enfin faire évoluer ma personnalité comme je le désire en rencontrant de nouvelles personnes? C'est un défi, voire une montagne surtout que je suis en période basse, donc pas motivée...donc j'hésite mais ça serait bête de gâcher un visa....

Sinon bravo mistercyr pour ton texte, c'était très bien écrit et il m'a même fait rire à la fin...j'avoue que des idées noires peuvent me réconforter car en période basse les paroles du type "sois positive", "ca va aller mieux", "tu es qqn de bien" ne me font plus aucun effet..désespérant non? peut-être qu'une séance collective de rumination peut aider, comme une sorte de catharsis :) :)

Bonjour bipote64

C'est un beau projet d'aller au Canada, mais fais-le peut-être quand tu te sentiras mieux. Ce n'est pas à quelque mois près. Il est peut-être inutile de se mettre la pression si tu es en phase basse. Débarquer dans un nouveau pays, s'adapter, trouver du travail, etc demande de l'énergie. Mais se lancer un nouveau défi peut aussi avoir l'effet d'un booster.

Bonne idée d'avoir demandé la RQTH. Tu pourras ensuite solliciter tous les services dédiés aux handicapés.

Bon courage,

bonjour @bipote64 . déjà c'est super d'avoir été diagnostiquer tôt . c'est une très bonne idée d'aller au canada. mais comme dit steph1969 il faut que tu sois dans une période en hausse . effectivement tu peux demander à la mdph de faire un dossier . ton pere est de bon conseil. bon courage à toi . et garde de moral.

@Steph1969  Merci beaucoup pour ton message

Je te comprends quand tu dis que je devrais attendre d'aller mieux, mais dans mon cas aller mieux c'est avoir une sorte de "déclic" qui me redonne une grande excitation/énergie où je dois être très vigilante pour ne pas retomber dans une crise. La dernière fois ça a duré 3 mois et puis d'un coup phase "normale" qui se rapproche d'une phase basse. J'ai mis dans mon message que j'étais en phase basse mais je dois accepter que c'est en fait une phase normale. J'ai la plupart du temps des pensées négatives sans pour autant être isolée. Je pense qu'un petit changement, un évènement, une rencontre nous redonnent du baume au coeur mais malheureusement pour moi cela ne dure pas longtemps. Car le propre de notre maladie est justement de garder des pensées négatives. Il faut accepter notre nouveau moi (il faut que j'aille voir la discussion identité vs maladie). 

Du coup aller mieux signifierait pour moi avoir un bonheur stable, un équilibre, une personnalité épanouie. Le temps que ça m'arrive mon visa canadien aura déjà expiré...Alors je vais peut être oser partir avec des pensées négatives plein la tête et me forcer à découvrir autre chose (tout en sachant que mon excitation initiale laissera place à un down inévitable).

PS: j'ai hésité à effacer ce message....Je suis très négative et j'ai peur que certaines personnes perdent espoir en me lisant...Je sais de plus qu'il y a des personnes de tout âge, et qu'avoir été diagnostiquée jeune aide plus comme dit très bien @ayla55 . Merci pour ton message, en effet mon père est de bon conseil et j'ai beaucoup de chance de l'avoir comme le reste de ma famille, mes quelques amies. Je remercie déjà cette chance que j'ai d'être bien entourée. Alors, même si on a notre fierté et qu'on espérait pouvoir tout faire par nous-mêmes, ne lâchons pas ceux qui restent présents, même s'ils nous énervent (en ce moment tout le monde me fait c****) ou même s'ils nous contactent peu.