DÉPRESSION : Définition, symptômes, traitements
Qu’est-ce-que la dépression ?
Définition
La dépression ou épisode dépressif caractérisé (EDC) est une maladie psychique qui se caractérise par un dérèglement de l’humeur.
Elle se manifeste par un certain nombre de symptômes, dont l’humeur dépressive, la perte d’intérêt et d’énergie, une difficulté de concentration, présents depuis au moins 2 semaines.
Ce trouble touche tous les âges de la vie, avec une prédominance à l’âge adulte.
La dépression a des répercussions importantes sur la vie sociale et professionnelle et est associée à un risque élevé de suicide (10 à 20%).
Elle est à bien distinguer du simple coup de déprime ou de la tristesse passagère.
La dépression est-elle fréquente ?
La dépression est une des maladies les plus fréquentes en France. En effet, en 2017 d’après le Baromètre santé (enquête périodique visant à mieux connaître les attitudes, connaissances, croyances et comportements des Français en matière de santé), près d’une personne sur 10 (âgées de 18 à 75 ans) avait vécu un EDC au cours des 12 derniers mois. Cependant, d’après les études, 40% des personnes souffrant de dépression ne recourent pas aux soins adaptés.
Entre 2010 et 2017, la prévalence de la dépression a augmenté, en particulier chez les femmes, les personnes âgées de 35 à 44 ans, les chômeurs et les personnes déclarant de faibles revenus.
On estime que 1 personne sur 5 est touchée par la dépression au cours de sa vie.
Sur le plan mondial, l’OMS estime que la dépression constitue la première cause de morbidité (caractère maladif) et d’incapacité. Selon ses dernières estimations, plus de 300 millions de personnes vivent avec ces troubles dans le monde.
La santé mentale est un enjeu majeur de santé publique de par son impact économique, sanitaire et social. En effet, la forte prévalence des troubles psychiques ainsi que les coûts qu’ils occasionnent font de la santé mentale l’un des premiers postes de dépenses pour l’Assurance Maladie.
Facteurs de risque de la dépression
Il existe différents facteurs pouvant favoriser la survenue d’un épisode dépressif caractérisé. En effet, il n’y a pas une cause unique responsable de la dépression mais bien plusieurs facteurs qui peuvent être biologiques, psychologiques, sociologiques...
Parmis ces facteurs de risque, on retrouve :
- Une histoire personnelle compliquée, incluant des traumatismes affectifs ou sexuels durant l’enfance, une relation parentale compliquée, des expériences difficiles, etc ;
- Le décès d’un proche. Le deuil n’est pas considéré comme un épisode dépressif caractérisé. En effet, il s’agit d’une réaction psychologique suite à la perte d’un proche qui n’est pas un état pathologique. Cependant, le deuil peut parfois se compliquer d’un EDC ;
- Une séparation, la perte d’un emploi, des conflits familiaux ou professionnels ;
- Une maladie, un handicap ;
- Les addictions au tabac, à l’alcool ou à d’autres substances ;
- Des facteurs neurobiologiques tels qu’une insuffisance de neurotransmetteurs (sérotonine, noradrénaline, dopamine…) ;
- Une vulnérabilité génétique : une personne dont l’un des parents a fait une dépression a deux à quatre fois plus de risque de faire lui aussi une dépression au cours de sa vie. En effet, certaines variations génétiques ont été identifiées, cependant, la dépression étant une maladie plurifactorielle, cette vulnérabilité s’exprime en général en présence de facteurs environnementaux défavorables. On parle dans ce cas d’interactions entre gènes et environnement.
Diagnostic de la dépression
Le diagnostic d’un épisode dépressif caractérisé se fait par le biais d’un examen clinique au cours duquel le médecin interroge puis examine le patient. Ce diagnostic repose sur plusieurs critères.
Les critères diagnostiques
D’après la HAS (1), pour diagnostiquer un épisode dépressif caractérisé, les symptômes doivent :
- être présents durant une période minimum de 2 semaines, et chacun d’entre eux à un degré de sévérité certain, presque tous les jours ;
- avoir représenté un changement par rapport au fonctionnement antérieur (professionnel, social, familial) ;
- induire une détresse significative.
De plus, le patient doit présenter :
Au moins 2 symptômes principaux :
- Humeur dépressive ;
- Perte d’intérêt, abattement ;
- Perte d’énergie, augmentation de la fatigabilité.
Et au moins 2 des autres symptômes :
- Concentration et attention réduite ;
- Diminution de l’estime de soi et de la confiance en soi ;
- Sentiment de culpabilité et d’inutilité ;
- Perspectives négatives et pessimistes pour le futur ;
- Idées et comportement suicidaires ;
- Troubles du sommeil ;
- Perte d’appétit.
D’autres symptômes, tels que des douleurs et des troubles de la sexualité peuvent également être observés.
Au cours de l’entretien clinique, le médecin effectue un bilan initial de l’épisode dépressif caractérisé et recherche chez le patient un éventuel trouble psychiatrique associé, une diminution des fonctions sensorielles, physiques ou cognitives, une auto ou hétéro-agressivité... Et évalue le risque suicidaire. Il évalue également les antécédents personnels et familiaux de troubles psychiatriques.
Evaluation de la sévérité
Enfin, pour évaluer la sévérité de l’épisode dépressif caractérisé, deux classifications peuvent être utilisées : la CIM-10 de l’OMS et le DSM-5.
3 niveaux d’intensité peuvent être utilisés pour évaluer la sévérité du trouble :
Source : HAS
L’EDC peut également comporter des idées suicidaires, des symptômes psychotiques ainsi qu’une incapacité à maintenir les activités quotidiennes.
L’évaluation du risque suicidaire est très importante et doit être faite régulièrement.
Enfin, dans certains cas, une hospitalisation peut être envisagée.
Traitement de la dépression
Avant la mise en place du traitement, il est nécessaire d’établir une relation d’aide, de confiance et de soutien avec le patient.
Le projet thérapeutique est établi avec le patient qui sera avant tout informé sur la nature de sa maladie, sur les effets bénéfiques et les effets indésirables éventuels du traitement ainsi que sur le suivi à mettre en place. Si besoin et avec l’accord du patient, l’entourage peut également être informé.
Une réévaluation régulière du projet thérapeutique est essentielle et un réajustement pourra être effectué si besoin.
Le traitement prend en compte les préférences du patient et la sévérité de son épisode dépressif caractérisé.
Psychothérapie
Quelque soit l’intensité de l’épisode dépressif caractérisé (léger, modéré ou sévère), la psychothérapie est recommandée pour sa prise en charge.
Elle peut être le seul traitement dans les formes d’intensité légère et peut être associée à un traitement antidépresseur dans les formes modérées et sévères.
Différentes approches existent : psychothérapie de soutien, thérapies cognitivo-comportementales, thérapies systémiques... Et le choix se fait en fonction des symptômes et des demandes du patient.
Traitement antidépresseur
Les médicaments antidépresseurs sont prescrits en association à la psychothérapie, dans certains cas de formes modérées d’épisodes dépressifs caractérisés (selon le choix du patient ou du médecin généraliste) et d’emblée dans les formes sévères.
Par ailleurs, d’après la HAS : il est recommandé de ne pas prescrire un antidépresseur pour traiter :
- les symptômes dépressifs subsyndromiques : symptômes en nombre insuffisant pour remplir les critères d’un épisode dépressif caractérisé ou symptômes d’intensité sévère mais d’une durée inférieure à 2 semaines (selon la CIM-10 ou le DSM-5) ;
- les épisodes dépressifs caractérisés d’intensité légère (selon la CIM-10 ou le DSM-5).
Il existe de nombreux médicaments antidépresseurs et le choix est adapté à chaque patient en fonction des caractéristiques de sa maladie et des recommandations d’utilisation.
Il est important de savoir que les éventuels effets indésirables de ces traitements apparaissent en général avant les effets bénéfiques.
Suivi médical
Lorsqu’un épisode dépressif caractérisé a été diagnostiqué, un suivi médical sur le long terme doit être mis en place.
Celui-ci permettra d’évaluer l’efficacité du traitement, de prendre en charge d’éventuels effets indésirables liés aux traitements médicamenteux et de prévenir les complications de la dépression, à savoir le risque suicidaire, le risque de chronicité et les récidives.
Ce suivi se fera par le biais de consultations régulières chez le médecin traitant ou chez le psychiatre.
Après 4 à 8 semaines de traitement, une évaluation de l’efficacité de la prise en charge doit être effectuée. Le médecin déterminera si le patient est en rémission complète, partielle ou si au contraire la dépression persiste ou s’aggrave.
Dans les cas où la rémission ne serait que partielle ou dans les situations de persistance ou d’aggravation de la pathologie, un réajustement de la prise en charge peut être effectué.
L’arrêt du traitement médicamenteux ne doit pas se faire sans accompagnement médical. Celui-ci se fera progressivement pour prévenir le risque de rechute.
En plus du suivi médical, il est possible d’agir sur le quotidien par le biais de conseils sur le mode de vie :
- Respecter le rythme nycthéméral (jour-nuit) ;
- Maintenir une bonne hygiène de vie ;
- Pratiquer une activité physique régulière ;
- Prendre son repas à heures régulières et adopter un régime alimentaire équilibré ;
- Eviter la consommation d’alcool ou d’autres substances addictives ;
- Avoir une activité sociale régulière en maintenant un lien avec famille, amis… ;
- Poursuivre les activités plaisantes ou intéressantes.
Pour conclure, la dépression est une maladie psychique très fréquente en France et dans le monde. Elle est un enjeu majeur de santé publique de par son impact économique, sanitaire et social. Des critères diagnostiques précis permettent de diagnostiquer un épisode dépressif caractérisé chez un patient et de déterminer sa sévérité. Le traitement de la dépression repose principalement sur la psychothérapie, associée à des traitements antidépresseurs pour les formes plus sévères. Le suivi médical est très important pour évaluer l’efficacité du traitement, prévenir les complications de la dépression et prendre en charge les éventuels effets indésirables des traitements médicamenteux.
Sources :
Épisode dépressif caractérisé (EDC) de l’adulte, Ameli
Dépression : Mieux la comprendre pour la guérir durablement, INSERM
Épisode dépressif caractérisé de l’adulte :prise en charge en soins de premier recours, HAS
Comprendre la dépression, Ameli
La dépression en chiffres et statistiques, la-dépression
La dépression en France chez les 18-75 ans : résultats du Baromètre santé 2017, BEH
Épisode dépressif caractérisé de l’adulte :prise en charge en soins de premier recours, HAS
Publié le 10 juil. 2018 • Mis à jour le 27 juil. 2021
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